Assassinat du chef du Hamas : les premiers détails sur l’opération menée à Téhéran

Assassinat du chef du Hamas : les premiers détails sur l’opération menée à Téhéran

Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, doit être enterré, ce vendredi 2 août. La cérémonie aura lieu au Qatar où il vivait en exil. Deux jours plus tôt, il dirigeait encore le bureau politique du mouvement islamiste et voyageait dans la capitale iranienne pour l’investiture présidentielle. Son assassinat – imputé à Israël – a pris le monde arabe de court. Alors que l’Iran et ses alliés préparent leur riposte, les circonstances de la mort du leader se dessinent.

En Iran, la méthode d’assassinat a fait l’objet de rumeurs et de controverses. L’agence de presse Tasnim, le média des Gardiens de la révolution, a rapporté que des témoins ont indiqué qu’un objet semblable à un missile avait heurté la fenêtre de la chambre d’Ismaïl Haniyeh et avait explosé. De son côté, l’armée israélienne assure que la seule frappe menée cette nuit-là au Moyen-Orient est celle qui a tué Fouad Chokr, le chef militaire du Hezbollah, dans la banlieue sud de Beyrouth.

Sauf que l’hypothèse du missile a été démentie et le quotidien américain, The New York Times apporte d’autres éléments : citant cinq responsables de pays du Moyen-Orient parlant sous couvert d’anonymat, il affirme qu’Ismaïl Haniyeh a été tué par une bombe cachée depuis environ deux mois dans la résidence où il séjournait. Il faut savoir que ce vaste complexe est situé dans un quartier huppé du nord de Téhéran et était protégé par les Gardiens de la révolution. C’est vers deux heures du matin, heure locale, que l’engin a explosé, selon les responsables interrogés par le quotidien américain.

Une attaque préparée

Ce sont des membres du personnel qui ont découvert l’ampleur des dégâts et la mort du chef du Hamas ainsi que de son garde du corps. L’équipe médicale est intervenue immédiatement après l’explosion. “L’explosion a secoué le bâtiment, brisé certaines fenêtres et provoqué l’effondrement partiel d’un mur extérieur, selon les deux responsables iraniens, membres des Gardiens de la révolution informés de l’incident”, souligne le journal américain. Les dégâts pouvaient également se remarquer sur une photographie du bâtiment partagée avec le New York Times. À noter que le leader du Hamas avait séjourné dans la maison d’hôtes à plusieurs reprises lors de ses visites à Téhéran, toujours d’après les responsables du Moyen-Orient.

Par ailleurs, deux responsables iraniens ont assuré que le chef du Djihad islamique palestinien, Ziyad al-Nakhalah, dormait dans la chambre d’à côté, ce qui suggère qu’Ismaïl Haniyeh était bel et bien visé. Si l’hypothèse d’une frappe de missile a été balayée, la brèche se trouverait ailleurs d’après les informations recueillies par nos confrères du New York Times : “Il s’avère que les assassins ont pu exploiter un autre type de faille dans les défenses iraniennes : une faille dans la sécurité d’un complexe soi-disant étroitement gardé qui a permis de poser une bombe et de rester cachée pendant de nombreuses semaines avant qu’elle ne soit finalement déclenchée.”

“Une faille dans la sécurité du complexe”

Par ailleurs, les responsables iraniens ont décrit la précision et la sophistication de l’attaque comme une tactique similaire à celle de l’IA télécommandée – arme robot dont Israël s’est servie pour assassiner le plus grand scientifique nucléaire iranien Mohsen Fakhrizadeh en 2020. Des agents du Mossad, service de renseignement israélien, l’auraient déclenchée à distance mais sur le sol iranien, après avoir eu la confirmation qu’Ismaïl Haniyeh était dans la chambre. Mais comment la bombe a-t-elle été cachée dans la maison d’hôtes ? Les responsables du Moyen-Orient estiment que la planification de l’assassinat a nécessité des mois et une surveillance approfondie du complexe.

Une chose est sûre : un tel incident laissera des traces. Non seulement, il constitue un sérieux échec en matière de renseignement et de sécurité pour l’Iran, mais il suscite aussi un sentiment d’embarras pour les Gardiens de la révolution, qui utilisent le complexe pour des retraites, des réunions secrètes et pour héberger des invités de marque comme Ismaïl Haniyeh.

La crainte d’une escalade

Pour l’instant, Tel-Aviv n’a pas publiquement reconnu sa responsabilité dans ce meurtre, mais les responsables des services de renseignement israéliens ont immédiatement informé les Etats-Unis et d’autres gouvernements occidentaux des détails de l’opération, selon les cinq responsables du Moyen-Orient. Mercredi, le secrétaire d’Etat américain Antony J. Blinken a précisé que les États-Unis n’avaient pas été mis au courant à l’avance du complot d’assassinat.

Pour rappel, Ismaïl Haniyeh a joué un rôle clef dans les négociations en vue d’une éventuelle trêve à Gaza, en liaison avec les médiateurs du Qatar qui ont mis en doute la poursuite de cette médiation après son assassinat. La communauté internationale a appelé au calme et à œuvrer pour un cessez-le-feu à Gaza. Plusieurs analystes estiment que la riposte de l’Iran et de ses alliés devrait rester mesurée, avec la volonté d’éviter une escalade.

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