Corruption : ces soupçons qui pèsent sur Thales

Corruption : ces soupçons qui pèsent sur Thales

C’est un fleuron de l’industrie française qui se retrouve dans les filets de la justice, visé actuellement par plusieurs enquêtes pour des faits de corruption sur des contrats passés à l’étranger. Selon une information BFMTV révélée le 29 juin, plusieurs perquisitions ont eu lieu cette semaine auprès du groupe Thales, le leader mondial des hautes technologies spécialisé dans la défense, l’aérospatial ou encore la cybersécurité.

Elles se sont déroulées les mercredi 26 et vendredi 28 juin, en France, aux Pays-Bas ainsi qu’en Espagne, dans le cadre de “deux enquêtes préliminaires”, selon une source interrogée par l’AFP. Les soupçons de corruption portent sur un contrat de 2008 pour la vente de sous-marins et la construction d’une base navale au Brésil, pour lesquels une première enquête a été ouverte fin 2016, “des chefs de corruption d’agent public étranger, corruption privée, association de malfaiteurs et blanchiment de ces infractions”, selon cette même source judiciaire.

Nombreux soupçons

Il existe également une seconde enquête, ouverte en 2023, des chefs de corruption et trafic d’influence d’agent public étranger, corruption privée, association de malfaiteurs, blanchiment et recel de ces infractions, portant cette fois-ci sur différentes opérations de vente de matériel militaire et civil à l’étranger”, a-t-elle ajouté.

Les opérations “ont été réalisées par 65 enquêteurs de l’OCLCIFF (Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales, NDLR), 12 magistrats du PNF (Parquet national financier), avec la collaboration des autorités judiciaires néerlandaises et espagnoles, et la coordination d’Eurojust”, l’agence judiciaire européenne, d’après cette source judiciaire, selon qui les “enquêtes se poursuivent”. Joint par BFMTV, Thales a confirmé que “des perquisitions ont eu lieu” et dit “coopérer avec les autorités compétentes”.

Un autre procès requis

Ce n’est pas la première fois que la société a à faire avec la justice. Le 20 juin dernier, le parquet national financier (PNF) français a requis un procès contre Thales, une autre entreprise (DNCI), trois anciens dirigeants et un intermédiaire, pour des soupçons de corruption dans la vente de sous-marins à la Malaisie en 2002. La société est également soupçonnée d’avoir versé des pots-de-vin à l’ancien président sud-africain Jacob Zuma. Le parquet financier a aussi ouvert une enquête préliminaire pour vérifier si le groupe d’armement a usé de corruption, ce qu’il conteste, pour obtenir un marché de rénovation d’avions de chasse Mirage-2000 en Inde.

Implanté dans 68 pays dans le monde, le groupe aux 81 000 salariés produit des radars, mais aussi des obus, des munitions, des satellites ou encore des systèmes de défense antiaérienne qu’il livre aux quatre coins du monde. Thales est détenu pour un quart par l’Etat français et pour un autre quart par l’avionneur Dassault Aviation, le reste se divisant en actionnariat flottant. En 2023, le groupe a enregistré des résultats records avec 18,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires, porté par les secteurs de la défense, qui bénéficie de la hausse des budgets militaires partout dans le monde, ainsi que par l’aéronautique civile, en plein rebond post-pandémie.