Législatives : ces candidats RN qualifiés pour le second tour qui font polémique

Législatives : ces candidats RN qualifiés pour le second tour qui font polémique

Il reste trois jours avant la clôture de la campagne officielle pour le second tour des élections législatives, dimanche 7 juillet. Il y avait plus de 4000 candidats avant le premier tour. Ils seront encore un peu plus de 1100 dimanche. Ils avaient jusqu’à mardi 18h pour déposer leur candidature en préfecture pour tenter de rejoindre les 76 députés élus dès dimanche dernier. Une petite centaine de triangulaires vont se dérouler, contre 311 possibles à la sortie des urnes dimanche dernier, à l’issue du premier tour.

Plusieurs candidats du Rassemblement national qualifiés pour le second tour font parler d’eux pour leurs propos polémiques. Ainsi, au total, Libération recense près de 70 candidats d’extrême droite épinglés par la presse qui ont franchi le seuil du premier tour. Plus de la moitié, soit 37, se sont non seulement qualifiés mais ont donc remporté le scrutin dès le premier tour (8) ou apparaissent favoris pour le second tour (29). Tour d’horizon non exhaustif de ces candidats ayant dérapé.

Ludivine Daoudi et la casquette nazie

La candidate RN Ludivine Daoudi de la 1ère circonscription du Calvados a décidé de retirer sa candidature à la suite de la publication d’une photo d’elle avec une casquette de l’armée nazie, a déclaré mardi Philippe Chapron, délégué départemental RN sur France Bleu.

“La candidature sera retirée dès aujourd’hui […], elle ne nie pas, elle a fait cette photo il y a plusieurs années”, a déclaré Philippe Chapron sur France bleu, qualifiant cette photo de “mauvais goût”. Ludivine Daoudi était arrivée troisième du premier tour avec 19,95 % des voix, derrière l’actuel maire de Caen (“en congé” des Républicains), candidat divers droite, Joël Bruneau (43 %) et la candidate NFP Emma Fourreau (34 %), qui a publié cette photo sur compte X.

“Le retrait de cette candidature est une belle victoire, plusieurs sources qui ont connu Ludivine Daoudi, notamment une ancienne amie, nous ont envoyé cette capture d’écran Facebook, ses réseaux sociaux ont été nettoyés depuis”, a déclaré à l’AFP Emma Fourreau.

L’identité de la personne sur la photo a été authentifiée par Libération comme étant bien Ludivine Daoudi. La candidate RN y porte une casquette de sous-officier de la Luftwaffe (armée de l’air du IIIe Reich) à croix gammée. “On voit que la dédiabolisation du Rassemblement national depuis sa création par un ancien Waffen SS n’a pas eu lieu, il y a une continuité historique, malgré leurs cravates à l’Assemblée, il s’agit toujours d’un parti raciste avec des références à l’Allemagne nazie”, a ajouté Emma Fourreau.

Annie Bell, une candidate condamnée pour “séquestration avec arme”

Annie Bell, septuagénaire qui se présente pour le Rassemblement national (RN) en Mayenne et s’est qualifiée pour le second tour des législatives, a été condamnée à de la prison ferme en 1995 pour une prise d’otage à main armée dans une mairie du département, a révélé mardi la presse locale. Ouest-France, dont une coupure de presse relatant la prise d’otage circulait mardi sur les réseaux sociaux, est allé fouiller dans ses archives pour exhumer cette surprenante affaire, également couverte à l’époque par l’AFP.

Annie Bell et son mari avaient, le 5 janvier 1995, séquestré pendant trois heures et sous la menace d’une carabine le secrétaire général de la mairie d’Ernée (Mayenne). Cette femme, qui portait à l’époque le nom de son époux, Jaccoud, s’était enfermée dans le bureau du secrétaire général “à l’issue d’une bousculade”. Un coup de feu, qui n’avait pas fait de victime, avait même été tiré par cette femme, avaient précisé les gendarmes à l’AFP. Le mari d’Annie Bell, un artisan maroquinier connaissant de “très sérieux problèmes financiers”, était lui aussi présent. Il avait fallu l’intervention du chef des gendarmes de Mayenne pour obtenir la libération de l’otage, après trois heures de discussions.

Selon Ouest-France et le Courrier de la Mayenne, le couple avait été mis en examen pour “séquestration avec arme” et placé en détention provisoire. Annie Bell avait été jugée en juin 1995 et condamnée à dix mois de prison ferme assortis de 26 mois de sursis, indique le journal, qui n’a “pas trouvé de trace d’un éventuel appel” dans ses archives. La candidate RN, âgée de 76 ans, a affirmé à Ouest-France qu’elle ne souhaitait pas s’exprimer sur cette affaire “avant la fin des élections” tandis que le délégué départemental de son parti, Jean-Michel Cadenas, a répondu : “Il n’y a pas de casier judiciaire, donc pas d’affaire.”

@lexpress

🗳️ De nombreuses circonscriptions pourraient connaître une triangulaire lors du second tour des élections législatives anticipées. Tout dépend désormais des stratégies de chaque parti. #législatives #politique #france #podcast #apprendresurtiktok #tiktokacademie #Sinformersurtiktok #newsattiktok

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Marie-Christine Sorin demande à Prisca Thevenot “de retourner sur son île”

Libération a retrouvé des messages de Marie-Christine Sorin sur le réseau social X. La candidate RN de la 1ère circonscription des Hautes-Pyrénées – arrivée en tête du premier tour – expliquait par exemple que “toutes les civilisations ne se valent pas” et que certaines “sont juste restées au-dessous de la bestialité dans la chaîne de l’évolution”.

Elle regrettait aussi de ne pas pouvoir dire à la porte-parole du gouvernement, Prisca Thevenot, “de retourner sur son île [NDLR : elle est née à Strasbourg mais ses parents sont d’origine mauricienne] sans être taxée de racisme”.

Monique Griseti demande au chanteur Gims “de retourner de là où il vient”

Comme l’a repéré Libération, Monique Griseti, arrivée en tête dans la 1ère circonscription des Bouches-du-Rhône (45,54 %), a publié sur Facebook en janvier 2022 un message affirmant à propos du chanteur Gims : “Qu’il retourne de là où il vient, qu’il amène toute sa tribu avec lui. Qu’il aille traire la chèvre, ça nous fera des vacances.”

Pour Maïtey Pouget, “on commence à être envahis”

Vendredi dernier, sur LCI, Maïtey Pouget, candidate RN de la 1ère circonscription de Corrèze qualifiée pour le second tour, a elle aussi fait parler d’elle. Interrogée sur le marché de Brive-la-Gaillarde, la candidate a estimé que “l’on commence à être envahi, dans les villes”. Lorsque le journaliste lui fait remarquer que son constat ne saute pas aux yeux sur le marché de Brive-la-Gaillarde, la candidate d’extrême droite, opposée à François Hollande et à un candidat LR au second tour, répond : “Non, mais ils ne sont pas là. À cette heure, ils dorment. Je les vois en ville, je les croise beaucoup plus dans l’après-midi que le matin de bonne heure. Ils n’ont pas d’activité, la plupart sont sans activité.”

« On commence à être envahis » (en Corrèze)
« Ils sont pas là, parce qu’à cette heure là ils dorment »

Maïtey Pouget, candidate RN face à @fhollande en Corrèze à propos de l’immigration.@TF1Info @LCI pic.twitter.com/MPiE1STk9n

— Lucas Zajdela (@lucas_zajdela) June 28, 2024

Les penchants complotistes de Jocelyn Liban

Une autre prétendante à l’Assemblée nationale du Calvados est épinglée pour des publications racistes et complotistes. Il s’agit de Josseline Liban, qualifiée pour le second tour de l’élection face à Arthur Delaporte, candidat PS investi par le Nouveau Front populaire. Mardi, des publications racistes et complotistes de cette discrète retraitée de 69 ans ont été exhumées sur le réseau social X par Arthur Delaporte.

Sur Facebook, Josseline Liban, qui se prénomme “Jocelyne Liban-Gesrzkourez”, partage en janvier 2016 une courte vidéo montrant des hommes travailler au pied d’un immeuble avant que celui-ci ne s’effondre, accompagné du commentaire : “Mouloud au boulot.” En février 2016, elle reposte un montage opposant un homme noir et un chien. Le premier disait : “Je suis Français”, et le canidé affirmait : “Et moi un chat.”

Sur son compte Facebook, Josseline Liban s’illustre également par son penchant pour les contenus complotistes, comme l’a repéré StreetPress. Elle relaie des vidéos du Youtubeur antivax et gourou du crudivorisme, Thierry Casasnovas. Suivi par 1,6 million d’abonnés, ce dernier est mis en examen depuis 2023 pour “abus de confiance, faux et usage de faux, exercice illégal de la médecine, exercice illégal de la pharmacie, pratiques commerciales trompeuses, abus de biens sociaux, blanchiment et abus de faiblesse”, après de nombreux signalements auprès de la Mission Interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives Sectaires (Miviludes).