Législatives : la “nouvelle primaire” de gauche, Zemmour copie Fillon

Législatives : la “nouvelle primaire” de gauche, Zemmour copie Fillon

21 h 02, dimanche 9 juin. La France bascule dans un inconnu vertigineux, après l’annonce présidentielle de la dissolution de l’Assemblée nationale. Depuis, chaque journée revêt son lot de surprises. Ce mardi 18 juin, la question du conflit au Proche-Orient, très présent pendant la campagne des européennes, est agitée par La France insoumise qui a peu goûté la sortie médiatique de son allié socialiste, Olivier Faure. A l’extrême droite, tandis qu’Eric Zemmour manque d’idées nouvelles, Jordan Bardella peine de plus en plus à masquer les fragilités de son programme.

Le retour du jour : quand Gaza se réinvite dans le débat

Après son omniprésence médiatique pendant les européennes, elle semblait au lendemain de la dissolution entrer dans une période de réserve. Aucune antenne, aucune interview, aucun message sur X – juste des republications – aucune apparition publique. Jusqu’à hier, lundi soir. Sous l’œil des caméras et de centaines de militants LFI, Rima Hassan a fait son retour à Montreuil à l’occasion du meeting du Nouveau Front populaire (NFP).

Et avec elle, le combat pour la Palestine, amené sur scène au détour d’une anaphore. “A gauche, personne ne doit trembler à l’idée de défendre la Palestine et sa libération. A gauche, personne ne doit trembler à l’idée de nommer le racisme systémique et de le dénoncer.” Un tacle adressé aux alliés des insoumis au sein du NFP, qui juge-t-elle, délaissent la question palestinienne.

Elle n’est d’ailleurs pas la seule. Au réveil ce mardi, Jean-Luc Mélenchon s’interroge sur l’agora X : “Pourquoi Macron ne parle-t-il plus de Gaza ? Pourquoi ne fait-il plus rien ?” Et reprend les termes taillés sur mesure par les insoumis pour qualifier le conflit au Proche-Orient, déclenché après les attaques terroristes du 7 octobre : “Le massacre continue. Les Palestiniens sont exterminés.” Sans oublier de dégainer une des mesures phares du NFP pour ces législatives : la reconnaissance “immédiate” de l’Etat de Palestine.

Le flop du jour : l’élection du Premier ministre par les députés

Elire un Premier ministre. Quelle drôle d’idée. Le concept, inventé par Jean-Luc Mélenchon pendant la campagne des législatives de 2022, est toutefois sur le point d’être instauré en Italie… Et peut-être même en France. A cela près qu’il serait élu non pas au suffrage populaire, mais par les députés. C’est en tout cas la proposition agitée ce matin par Olivier Faure sur BFMTV. Le patron du PS a plaidé pour l’organisation d’un vote en cas de victoire du Nouveau Front populaire aux élections anticipées.

Une initiative qui a eu le don d’agacer ses alliés. Au premier rang desquels Manuel Bompard. Invité quelques heures plus tard sur le même plateau, le coordinateur de La France insoumise a balayé l’idée, rappelant que ce serait au “groupe politique détendant le plus grand nombre de députés au sein de notre coalition de faire une proposition […] Pour ma part, j’en reste à cette formule”. Sur X, l’ex-député LFI du Val-d’Oise, Paul Vannier, est allé plus loin, accusant Olivier Faure “d’inventer une nouvelle primaire et de renier (s) a propre parole”.

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Les revirements du jour : quand Bardella rame

Il ne fait pas bon d’être à la place de Jordan Bardella ces temps-ci. Celui qui avait construit son image sur son assurance, sur l’évidence avec laquelle il égrainait des mesures qui sonnaient à l’oreille si performatives, se retrouve désormais à devoir se justifier sur ses renoncements en cascade.

Tout commence avec la réforme des retraites, qui ne sera finalement abrogée qu’à l’automne. Comprenez, en bon père de famille, Jordan Bardella préfère attendre le fameux “audit”, commandé à une commission indépendante qui devra débusquer “les cadavres” laissés après les sept ans de règne de la Macronie. S’en suit le report de la baisse de la TVA sur “les biens de première nécessité”, selon la formule. Promesse de campagne de Marine Le Pen qui ne semble pas viable en l’état. Comprenez, “les finances publiques sont dans un état catastrophique”. Attendons “le mois d’octobre, et le vote du budget de l’année 2025”, élude ainsi Jordan Bardella.

La diminution de la TVA de 20 % à 5,5 % sur les produits essentiels a toutefois le mérite d’avoir une perspective d’application. Reportée sine die, la suppression de l’impôt sur le revenu pour les moins de 30 ans n’a pas bénéficié du même privilège. Comprenez, Jordan Bardella ne va “pas faire en trois mois un projet présidentiel qui était prévu sur cinq ans”. Sauf qu’à force d’abandonner ses mesures phares, ce n’est pas le programme de la Macronie que le RN va détricoter, mais le sien…

Le plagiat du jour : Zemmour, ou faire du neuf avec du vieux

Eric Zemmour recycle pour ces élections législatives anticipées un slogan vieux de huit ans. “Le courage de la vérité”, ou l’ego trip emprunté au candidat à la primaire de la droite d’alors, François Fillon, visiblement inspiré par le célèbre ouvrage de Michel Foucault.

Ainsi, comme François Fillon en 2016, Eric Zemmour a-t-il en 2024 l’outrecuidance à la fois de prétendre détenir “la vérité”, et d’être mué du courage de la dire. Reste qu’en vendant à ses électeurs la “vérité”, le président de Reconquête plagie également la stratégie des marques qui consiste à vendre aux consommateurs la “qualité” de leurs produits. Electeurs ou consommateurs, qu’importe, dans les deux cas, ils n’en attendent pas moins.