Législatives : le camp de la responsabilité doit se ressaisir, par Eric Chol

Législatives : le camp de la responsabilité doit se ressaisir, par Eric Chol

Il sera toujours temps, le 8 juillet, d’ouvrir le procès d’Emmanuel Macron. En considérant que ce président monarque a joué le sort de la démocratie française sur un coup de dés. Qu’il a, en accélérant le calendrier, ouvert les portes du pouvoir à l’extrême droite. Ou au contraire, on lui sera reconnaissant, en prononçant la dissolution, d’avoir demandé au peuple de trancher. Et précipité une clarification politique inéluctable et indispensable. Mais ce débat ne devrait pas encombrer nos esprits, à quelques jours d’un vote historique. Car le 30 juin, un mois avant l’ouverture des Jeux olympiques, un mois à peine après la célébration du 80e anniversaire du débarquement en Normandie – qui permit l’anéantissement de cette Allemagne nazie, les Français retournent voter.

Avec trois choix. Celui en faveur d’un mystificateur, Jordan Bardella, porte-parole tiktokien d’une droite illibérale synonyme de régression des libertés et des droits. Celui qui, au nom du barrage à l’extrême droite, conduirait un leader du Nouveau Front populaire à Matignon : Jean-Luc Mélenchon, notre Hugo Chavez national, s’y verrait bien.

Le macronisme a vécu

Et face à ce double populisme, s’offre aux Français une troisième option, dictée par l’esprit de responsabilité : celui d’un vote au centre. Certes, la droite, trahie par Ciotti et ses sbires partis pour un plat de lentilles du côté du RN, est encore debout, mais dans quel état ! Voici la réalité du paysage politique : une alternance par les extrêmes, ou ce fameux centre insaisissable. De ce dernier, le sociologue André Siegfried disait : “Le centre, que les gens raisonnables souhaiteraient un large plateau à la base carrée, n’est malheureusement qu’une arête effilée avec deux pentes, ou plutôt — car ce serait encore trop simple — un enchevêtrement d’arêtes, qui cependant partagent inexorablement les tendances entre les deux versants.”*

D’ici le 30 juin, ce camp de la responsabilité, s’il veut avoir encore une chance d’être présent sur les bulletins de vote lors du deuxième tour le 7 juillet, doit se ressaisir. Non, il n’est plus la propriété d’Emmanuel Macron. Pour une raison simple : le macronisme a vécu, même si le chef de l’Etat a promis dans une lettre aux Français “d’agir jusqu’en mai 2027”.

C’est une offre politique renouvelée qui sortira des urnes. Quel que soit le cas de figure, une cohabitation s’ouvrira. Dans deux cas sur trois, elle sera de combat. En cas de victoire du centre, elle sera de pouvoir, avec un Premier ministre qui ne sera plus un simple collaborateur : sa mission, s’il veut avoir une chance de réussir, sera de renouer avec le pays. Pas uniquement par la communication. Mais par l’action et la perception. “On s’est trop concentré sur la macro, alors que pour les Français, ce qui compte, c’est la micro”, admet-on dans les couloirs de l’Elysée.

En 2017, un dirigeant politique avait pourtant bien compris ce besoin d’aller aux plus près des Français. “Nous ne retrouverons la respiration profonde de la démocratie que dans le renouement avec la variété du réel, avec la diversité de cette société française à l’écart de laquelle nos institutions se sont trop soigneusement tenues, n’admettant le changement que pour les autres mais pas pour elles.” Un constat signé Emmanuel Macron.

* Tableau des partis en France, par André Siegfried, 1930.