“Les chiffres sont colossaux” : les premières estimations des dégâts en Nouvelle-Calédonie

“Les chiffres sont colossaux” : les premières estimations des dégâts en Nouvelle-Calédonie

“Garantir une indemnisation rapide et juste” des dégâts causés par les violences en Nouvelle-Calédonie. C’est ce que promet le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire. Celui-ci réunira les assureurs “la semaine prochaine” dans cet objectif, a annoncé ce vendredi son cabinet. Le montant des dégâts économiques est encore en cours d’évaluation et sera communiqué lorsqu’il sera “stabilisé et fiable”, selon la même source, alors que les violences continuent, même si la nuit de jeudi vendredi a été un peu plus calme.

Une première évaluation des dommages a cependant déjà été réalisée par la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Nouvelle-Calédonie. Les trois premières nuits d’émeutes en Nouvelle-Calédonie ont causé pour 200 millions d’euros de dégâts, a annoncé à l’AFP jeudi David Guyenne, le président de la CCI de Nouvelle-Calédonie. Comme le rappelle Les Echos, cela représenterait déjà plus de 2 points du PIB annuel de la Nouvelle-Calédonie.

“La CCI a fait un travail d’évaluation des dommages basés sur le coût de construction, le stock, l’exploitation”, a précisé David Guyenne. Selon lui, 80 % à 90 % du circuit de distribution (magasins, entrepôts, grossistes) de Nouméa ont notamment été “anéantis”.

“La magnitude de l’impact sera énorme”

“Les chiffres sont colossaux, la magnitude de l’impact sera énorme. L’économie calédonienne est structurellement atteinte”, a indiqué David Guyenne, estimant que “l’Etat va devoir intervenir”. Nouméa, le chef-lieu de Nouvelle-Calédonie, est le cœur des émeutes qui touchent l’archipel de l’océan Pacifique. Avec ses 180 000 habitants, l’agglomération est de loin la plus peuplée du territoire et concentre l’essentiel de ses richesses et de son activité économique.

Mimsy Daly, la présidente du Medef de l’archipel, a pour sa part précisé que “plus d’une centaine d’entreprises sont totalement détruites”. “Cela représente entre 1500 et 2000 emplois”, a-t-elle estimé. Elle a évoqué des “perspectives très sombres” : “il va falloir remettre en marche les entreprises encore debout mais avec quel chiffre d’affaires ? Je ne sais pas”. “Il est plus que probable que les dégâts se chiffrent en centaines de millions d’euros. Et je ne parle pas des effets en cascade que cette situation va produire. C’est une situation inédite pour la Nouvelle-Calédonie et à l’échelle de notre économie, c’est une catastrophe”, a-t-elle ajouté auprès de BFM Business.

Environ 20 000 emplois menacés ?

Les inquiétudes sont également fortes du côté de Xavier Benoit. “On va avoir un décrochage de l’économie calédonienne”, a mis en garde le président de la Fédération des industries calédoniennes jeudi sur France Inter. “Quand on a plus de 150 entreprises qui ont été détruites, c’est-à-dire brûlées, pillées, cela met toute l’économie calédonienne à plat. On a un enjeu d’attractivité pour arriver à reconstruire, à rebondir, qui est essentiel”, a-t-il constaté. Le risque est désormais de voir des défaillances en série et des liquidations judiciaires pour des entreprises à court de trésorerie. Quelque 20 000 emplois pourraient ainsi disparaître, selon l’industriel.

Jeudi, la présidente de la province Sud et ex-secrétaire d’Etat, Sonia Backès, a réclamé dans un courrier à Matignon que la France accepte la mise en place d’un “fonds exceptionnel de reconstruction” pour effacer les stigmates de trois nuits de “violence inouïe”, dont elle a pour sa part chiffré le coût à 150 millions d’euros.

Une “cellule de crise économique” mise en place

Ces émeutes interviennent après des années de difficultés économiques pour la Nouvelle-Calédonie. L’archipel est déjà économiquement exsangue, selon Mimsy Daly. “L’économie en Nouvelle-Calédonie c’était essentiellement le nickel, qui représente 20 % de l’emploi privé, alors que cela fait sept ans que le nickel est en crise profonde. Ce qui fait que la Nouvelle-Calédonie, qui est extrêmement dépendante du nickel, est déjà rentrée depuis quelques années en crise économique. Elle a peu d’autres filières majeures de développement économique”, analyse auprès de France Inter la présidente du Medef Nouvelle-Calédonie. En outre, comme le rappelle Les Echos, ce territoire est confronté à une vague de départs qui grève la consommation intérieure : la Nouvelle-Calédonie a perdu 20 000 habitants en cinq ans, sur une population de 270 000.

L’annonce de Bruno Le Maire intervient à l’issue d’une réunion téléphonique qui s’est tenue ce vendredi matin (heure de Paris) entre le ministre, la ministre déléguée aux Outre-mer Marie Guévenoux ainsi que les élus et représentants du monde économique de Nouvelle-Calédonie. Cet échange a permis la mise en place d’une “cellule de crise économique” rassemblant les services de l’Etat, les acteurs économiques et les élus locaux, selon le cabinet de Bruno Le Maire. “Cette cellule aura pour objectif de faire remonter les données rapidement et de travailler sur la reconstruction et la relance économique de l’île”, a-t-il ajouté.

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