Nouvelle-Calédonie : un homme tué par un policier après la visite de Macron

Nouvelle-Calédonie : un homme tué par un policier après la visite de Macron

En visite jeudi 23 mai dans l’archipel, le président de la République Emmanuel Macron a tenu des consultations avec les différentes forces politiques. Il a promis que la réforme électorale contestée sur l’archipel ne passerait “pas en force”, mais maintenu le cap d’une sortie de crise d’ici à fin juin. Les indépendantistes doivent communiquer sur leur position, vendredi 23 mai, alors que la situation politique dans l’archipel demeure incertaine.

Les infos à retenir

⇒ Une 7e victime en Nouvelle-Calédonie

⇒ Macron : la Nouvelle-Calédonie ne doit pas devenir “le Far West”

⇒ Le Conseil d’Etat ne suspend pas le blocage de TikTok

Un homme tué par un policier

Une homme de 48 ans a été tué vendredi en Nouvelle-Calédonie par un policier, qui avait été “pris à partie physiquement” par des manifestants, a annoncé le procureur de Nouméa, ce septième mort depuis le début de la crise survenant au lendemain de la venue d’Emmanuel Macron.

Alors qu’ils circulaient à Dumbéa, au nord de Nouméa, deux policiers ont été “pris à partie physiquement par un groupe d’une quinzaine d’individus” et l’un d’eux a fait usage de son arme, a expliqué le procureur Yves Dupas. Le policier, sur lequel des traces de coups ont été relevées, a été placé en garde à vue.

La réforme électorale “ne passera pas en force”

La Nouvelle-Calédonie est dans l’incertitude vendredi, au lendemain d’une visite du président Emmanuel Macron, qui a promis que la réforme électorale contestée sur l’archipel ne passerait “pas en force”, mais maintenu le cap d’une sortie de crise d’ici à fin juin. Arrivé jeudi matin à Nouméa, le chef de l’Etat a tenu des consultations avec les loyalistes, favorables à cette réforme, et les indépendantistes, qui lui sont hostiles.

Cette réforme dite du “dégel” a mis le feu aux poudres alors qu’elle prévoit d’élargir le corps électoral pour les élections provinciales. Les indépendantistes estiment inacceptable la manière dont elle a avancé, alors qu’elle va selon eux diluer le poids des autochtones dans la vie politique. “Je me suis engagé à ce que cette réforme ne passe pas en force”, a promis Emmanuel Macron. Mais il a demandé “la reprise du dialogue en vue d’un accord global” pour accorder le droit de vote à davantage d’électeurs, d’ici à fin juin, pour qu’ensuite “cet accord puisse être soumis au vote des Calédoniens”.

Macron : la Nouvelle-Calédonie ne doit pas devenir “le Far West”

La Nouvelle-Calédonie ne doit pas devenir “le Far West”, a prévenu le président Emmanuel Macron lors d’une interview à la presse locale diffusée vendredi à la télévision. “J’ai décidé de venir parce qu’il ne faut jamais laisser la violence s’installer”, a expliqué le chef de l’Etat, dans un entretien à la chaîne publique Nouvelle-Calédonie La 1ère, enregistré pendant sa visite express jeudi.

Il a justifié les moyens importants déployés, notamment les 3 000 effectifs des forces de sécurité intérieure, par la nécessité d’un “retour au calme” car “ce n’est pas le Far West”. “La République doit reprendre l’autorité sur tous les points. En France, ce n’est pas chacun qui se défend”, a-t-il ajouté, en référence aux violentes émeutes qui ont émaillé le territoire français du Pacifique depuis la nuit du 13 mai et aux groupes de miliciens qui organisent la défense de leurs quartiers. “Il y a un ordre républicain, ce sont les forces de sécurité qui l’assurent”, a-t-il insisté, assurant vouloir ramener l’archipel vers le “chemin de l’apaisement”.

Le président de la République a fixé un objectif : “Nous allons donc reprendre pas à pas chaque quartier, chaque rond-point, chaque barrage”. “Ce que je demande de manière immédiate, c’est la levée de tous les blocages, la levée des points de violence, et qu’il y ait un appel clair à ces levées. Par le FNLKS, la CCAT et tout responsable”, a-t-il ajouté.

Le Conseil d’Etat ne suspend pas le blocage de TikTok

L’état d’urgence instauré le 16 mai continue de prévaloir, avec les mesures qui l’accompagnent : couvre-feu de 12 heures quotidiennes, interdiction de rassemblement, de transports d’armes et de vente d’alcool… Le Conseil d’Etat n’a pas suspendu jeudi le blocage du réseau social TikTok en Nouvelle-Calédonie, décidé par le gouvernement qui pointe son rôle supposé dans les violences qui touchent l’archipel depuis dix jours mais contesté pas des associations et des particuliers. La Ligue des droits de l’Homme, la Quadrature du Net et trois habitants de Nouvelle-Calédonie avaient déposé un recours en référé-liberté le 17 mai, estimant que ce blocage portait une atteinte grave aux libertés de communication et d’information.

Le Conseil d’Etat a tenu compte du “caractère limité et temporaire de la mesure” de blocage, ainsi que de “l’intérêt public qui s’attache au rétablissement de la sécurité”, selon la décision dont l’AFP a eu copie. Il note également que “les autres réseaux sociaux et médias restent accessibles”.

“Prêts à poursuivre la mobilisation”

Dans le quartier de Montravel à Nouméa, les militants sont en attente vendredi d’une communication officielle du FLNKS sur “les directives concernant la suite du mouvement”. “On doit aussi se réunir avec les anciens pour discuter. De notre côté, on se tient prêt à poursuivre la mobilisation puisque apparemment le président de la République ne veut pas nous écouter”, explique à l’AFP l’un des émeutiers, qui ne donne que son prénom, Yamel.

“On attend tous la décision du FLNKS”, a affirmé la cheffe de file des loyalistes, Sonia Backès, sur la radio RRB. “Un accord est possible si tout le monde est de bonne foi […] Si tout le monde est de bonne volonté pour montrer qu’on est prêt à vivre ensemble sur cette terre, ça fonctionnera”, a-t-elle estimé.

Les pays voisins continuent de rapatrier leurs ressortissants

Pendant ce temps, la vie reprend doucement. La Banque de Nouvelle-Calédonie a par exemple annoncé la réouverture vendredi de cinq de ses 18 agences. Trois d’entre elles ont été incendiées. L’aéroport international de La Tontouta, en revanche, restera fermé jusqu’à mardi. Les pays voisins s’activent pour trouver les moyens de faire évacuer leurs ressortissants.

Le gouvernement du Vanuatu a indiqué qu’il organisait vendredi le rapatriement de quelque 160 étudiants dans la journée, avec trois vols. La Nouvelle-Zélande a également affirmé que le rapatriement restait “une priorité urgente”.

Nickel en Nouvelle-Calédonie : “SOS” des syndicats pour une usine Eramet

L’intersyndicale de la Société Le Nickel (groupe Eramet) en Nouvelle-Calédonie a lancé un “SOS” aux salariés pour qu’ils permettent l’acheminement de minerai vers l’usine, faute de quoi l’avenir de l’entreprise serait compromis, dans ce secteur crucial de l’économie calédonienne. “Les sept organisations syndicales de la SLN lancent ce soir un SOS à tous les salariés de l’entreprise”, selon un message interne diffusé mercredi, et que l’AFP a pu consulter vendredi.

“Sans une reprise, dans les tout prochains jours, du chargement des minéraliers sur tous nos centres miniers, les fours de Doniambo, par un manque de minerai en qualité et en quantité suffisantes, vont être irrémédiablement endommagés et s’arrêter définitivement de fonctionner”, a expliqué l’intersyndicale.