Poutine, trop confiant, commettra les mêmes erreurs que Hitler, par François Kersaudy

Poutine, trop confiant, commettra les mêmes erreurs que Hitler, par François Kersaudy

Si, malgré l’échec de son offensive initiale, Vladimir Poutine a choisi de persévérer dans son agression, c’est parce qu’il ne croit pas en la volonté et en la capacité des démocraties occidentales de soutenir un conflit de façon conjointe, cohérente et prolongée. C’est qu’ils sont bien trop bavards, et par peur de leur opinion publique, ils persistent à proclamer ce qu’ils vont faire – et pis encore, ce qu’ils ne vont pas faire. Ils annoncent très officiellement ce qu’ils peuvent livrer à l’Ukraine et dans quels délais, ce qu’ils sont dans l’incapacité de lui livrer, et même l’état de leurs propres stocks d’armes et de munitions. Leurs désaccords stratégiques et politiques s’étalent également sur la place publique, facilitant considérablement le travail du Kremlin.

Pour un ancien officier du KGB élevé dans la culture du secret, ce n’est pas une façon sérieuse de se comporter en temps de guerre. Du reste, le mot même de guerre semble faire peur aux chefs d’Etat occidentaux, élus pour quatre ou cinq ans, sujets à toutes les foucades de leurs opinions publiques, harcelés par des opposants pressés de les remplacer, exagérément influencés par des considérations électoralistes à court terme et soumis aux diktats d’une bureaucratie bruxelloise grande ouverte aux lobbys de toutes origines – russes et chinoises comprises.

Il y a naturellement quelques autres raisons pour lesquelles Poutine ne prend pas au sérieux ces Occidentaux qui persistent à vouloir récolter les “dividendes de la paix” : ils prennent peur dès que la propagande russe évoque les lignes rouges ou brandit la menace nucléaire, ils assistent sans réagir aux sabotages dans leurs usines d’armement, ils laissent les arguties juridiques faire obstacle à l’emploi d’avoirs russes gelés pour aider l’effort de guerre ukrainien, leur effort de contre-propagande est dérisoire et ils sont hautement vulnérables aux manifestations pacifistes, islamistes, antisémites, anticapitalistes, antiracistes et antiétatiques que les agitateurs du FSB et du GRU sont en mesure de susciter ou d’encourager avec un minimum absolu d’efforts…

Mépris de la France

Si Vladimir Poutine ne craint pas l’Allemagne affligée d’un chancelier pacifiste, d’une coalition branlante, d’hommes d’affaires vénaux et d’agents russes à tous les étages, il méprise davantage encore une France dont le président semble s’empêtrer dans ses foucades et ses retournements, tout en étant paralysé par des syndicats hautement politisés, des juges inquisiteurs, des fonctionnaires récalcitrants, une cour constitutionnelle en roue libre, une cour de justice européenne hors-sol, des écologistes déjantés, des islamo-gauchistes virulents, des anarchistes décomplexés, des médias hostiles, des ONG militantes, des réseaux sociaux incontrôlés, des délinquants incontrôlables, des minorités agressives ou victimaires et un peuple chroniquement insatisfait.

Et puis, comment prendre au sérieux un pays qui peut être entièrement paralysé en 48 heures sur seule décision d’un syndicat communiste – avec l’approbation d’une partie non négligeable du peuple français ?

L’Europe comptant en outre un certain nombre de personnalités politiques ouvertement inféodées au pouvoir Russe, et les Etats-Unis étant irrémédiablement divisés entre démocrates et républicains, Noirs et Blancs, extrémistes de tous bords et opinion publique aisément manipulable – avec la perspective alléchante de voir Donald Trump revenir au pouvoir en fin d’année -, Vladimir Poutine est à peu près certain de jouer gagnant dans cette affaire ukrainienne. Il doit dire, exactement comme Hitler en 1938 : “Je n’ai devant moi que des nullités !”

Fort de cette assurance, il fera sans doute les mêmes erreurs que le Führer, en oubliant que la défaite est souvent inscrite en filigrane dans les victoires les plus éclatantes ; même si la Russie finissait par l’emporter en Ukraine, elle n’en assurerait que plus sûrement sa perte : après la Seconde Guerre mondiale, les Ukrainiens ont résisté plus de dix ans à l’occupant soviétique ; de nos jours, ils mèneraient une guérilla bien plus féroce encore, sur les ruines fumantes d’un pays que les Russes s’épuiseraient à reconstruire… Et tout cela sur toile de fond de luttes claniques au Kremlin, d’agitation croissante des trente millions de musulmans du pays et d’ambitions chinoises assez inquiétantes pour l’avenir de la Sibérie. C’est ainsi que Poutine volera de victoire en victoire jusqu’au désastre final…

*François Kersaudy est historien. Dernier livre paru : Dix faces cachées du communisme (Perrin).

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