Présidentielle américaine : ces Républicains qui soutiennent Kamala Harris

Présidentielle américaine : ces Républicains qui soutiennent Kamala Harris

Eprouvé par plusieurs semaines de divisions internes autour de la candidature de Joe Biden, le parti de l’âne semble enfin avoir retrouvé son unité. Les cadres du Parti démocrate ont convergé ce lundi 19 août dans la troisième plus grande ville du pays, Chicago, pour célébrer l’investiture de Kamala Harris. L’ancienne candidate démocrate Hillary Clinton, les députées Alexandra Ocasio Cortes et Maxine Waters, ou encore le premier magistrat de Chicago Brandon Johnson ont défendu avec conviction la candidature de la vice-présidente sur la scène de la convention démocrate. Et d’après les informations du New York Times, le grand raout démocrate pourrait même accueillir cette semaine plusieurs membres du Grand Old Party (GOP).

Lundi soir, dans une vidéo diffusée à l’occasion de la première soirée du grand raout démocrate, l’homme d’affaires Rich Logis, ancien pro-Trump, a enjoint les sympathisants républicains à soutenir la candidature de Kamala Harris. “Vous n’avez pas besoin d’être d’accord avec tout ce que vous entendez ce soir pour faire ce qui est juste”, a-t-il fait valoir.

“Au moins” deux autres devraient intervenir cette semaine, précise le quotidien américain. Tous sont de fervents anti-Trump et n’ont toujours pas digéré la troisième candidature à l’élection présidentielle du milliardaire. Le nom de l’ancien représentant de l’Illinois Adam Kinzinger est notamment cité pour intervenir dans la semaine. De même que celui d’Ana Navarro, une républicaine, co-animatrice de l’émission “The View” sur ABC et critique de Donald Trump depuis plusieurs années.

I finally stepped out of the MAGA echo chamber, and I realized Trump had been lying about pretty much everything.

– Rich Logis, former Trump supporter, speaking to the Democratic National Convention pic.twitter.com/8Jr46Jn61y

— Keith Boykin (@keithboykin) August 19, 2024

Faire barrage à Donald Trump

Car derrière l’endorsement de ces anciens trumpistes, il s’agit avant tout d’obvier à l’élection du chantre du Maga (Make America Great Again, le slogan de Donald Trump en 2016) en novembre prochain. “Quand vous voyez les données et les choses horribles que j’ai vues – le centre de commandement et de contrôle du 6 janvier [NDLR : 2021, date de l’assaut des partisans de Trump sur le Capitole], notamment – il m’est impossible, en tant que républicain, de voter pour quelqu’un qui est anti-Constitution”, a martelé l’ancien représentant Denver Riggleman au cours d’une réunion en ligne début août, présentée comme un rassemblement des “Républicains pour Harris”. Un slogan qui se matérialise dans un programme lancé par le Parti démocrate une dizaine de jours après le retrait de Joe Biden de la course à la Maison-Blanche.

L’objectif ? Récupérer “les millions” d’électeurs républicains orphelins, “qui rejètent le chaos, la division et la violence de Donald Trump et de son programme Project 2025”, défend le site de campagne de la vice-présidente. Des fonds leur sont alloués afin d’organiser déplacements sur le terrain, campagnes médiatiques pour “atteindre, persuader et mobiliser” le plus grand nombre d’électeurs républicains. Les organisateurs ont déclaré que plus de 70 000 personnes avaient participé à l’appel en direct. Et moins de trois semaines après sa création, le groupe “Republicans for Harris” compte parmi ses rangs près d’une quarantaine de cadres du parti à l’éléphant.

There is nothing “conservative” about Donald Trump. Conservatives believe in the Constitution, not a “man’s” ego.

Endorsing American democracy and the future today, and leaving the past in the dust.

I’m endorsing @KamalaHarris pic.twitter.com/Dqnwpjen2m

— Adam Kinzinger (Slava Ukraini) 🇺🇸🇺🇦🇮🇱 (@AdamKinzinger) August 4, 2024

Parmi lesquelles deux anciennes responsables de la Maison-Blanche de Donald Trump, Stephanie Grisham et Olivia Troye, des anciens secrétaires Chuck Hagel et Ray LaHood mais également les anciens gouverneurs Jim Edgar, Bill Weld et Christine Todd Whitman. Sans compter une vingtaine d’anciens membres du Congrès. L’ancien président du parti conservateur, Chris Vance, fait également partie de la liste, de même que l’ancienne déléguée de la Convention républicaine Rina Walsh. Tous cherchent à incarner le “véritable héritage” du Parti républicain. Celui de “Ronald Reagan” ou des “Bush” face à un Donald Trump “théoricien du complot” et “menteur invétéré”, selon les formules de Denver Riggleman.

Les électeurs de Nikki Haley, un vivier pour les démocrates

Une marque de “courage”, salue le républicain Joe Walsh qui juge Donald Trump “totalement inapte à être président”. Et bien que n’ayant pas adhéré au programme “Republicans for Harris”, l’ancien congressman de l’Illinois martèle : “Je suis républicain, je suis conservateur, et je soutiens Kamala Harris”. Et il n’est pas le seul. Comme lui, d’autres membres du parti conservateur appellent à voter Kamala Harris tout en gardant leur distance avec le parti de centre gauche. C’est le cas notamment de Craig Snyder, chef de cabinet du sénateur républicain Arlen Specter qui dirige le groupe “Haley Voters for Biden”, rebaptisé “Haley Voters for Harris” cet été.

Le but étant d’inciter les quatre millions d’électeurs de la principale rivale de Donald Trump aux primaires républicaines à rallier la campagne de la vice-présidente. “Nous pouvons faire la différence, notamment dans les Etats clefs“, répète-t-il tous azimuts. Et Craig Snyder d’ajouter, comme pour rassurer l’électorat républicain anti-Trumpiste : “Lorsque l’équipe Harris gagnera et empêchera la mort soudaine de la démocratie américaine, nous pourrons joyeusement retourner à nos débats sur les taux d’imposition marginaux, le rôle du gouvernement dans les soins de santé et toutes les autres questions qui ont défini notre politique pendant des générations”.

Problème : l’initiative a suscité l’ire de celle dont le nom est utilisé : Nikki Haley. Et pour cause, après s’être écharpée pendant plusieurs mois avec Donald Trump, la gouverneure de Caroline du Sud lui a récemment apporté son soutien lors de la convention républicaine de Milwaukee mi-juillet, laissant entendre que leurs relations s’étaient réchauffées. Ainsi aurait-elle envoyé au collectif une lettre de cease and desist, soit un document juridique formel enjoignant de cesser immédiatement une activité jugée nuisible ou illégale.

Soutiens par vases communicants

Si d’aucuns peuvent trouver surprenant que des conservateurs adoubent une candidate démocrate, les soutiens croisés entre les deux parties n’ont rien de nouveau. Lors de la convention démocrate de 2020, l’ancien gouverneur républicain de l’Ohio John R. Kasich avait appelé à voter pour Joe Biden dans un discours enregistré. A l’inverse, l’ancienne députée démocrate d’Hawaï Tulsi Gabbard a fait savoir au printemps dernier qu’elle serait “honorée” d’être choisie pour le poste de vice-présidente aux côtés de Donald Trump, à qui elle a apporté son soutien.

L’équipe de campagne de Kamala Harris dispose même d’un “directeur national de l’engagement républicain”, débauché du Parti… républicain par l’ancienne équipe de Joe Biden. Un certain Austin Weatherford, désormais chargé de l’élaboration d’une stratégie visant à ouvrir les rangs de l’électorat démocrates aux Républicains modérés ou, comme lui, allergiques à Donald Trump. Car dans un scrutin aussi serré que celui du 5 novembre prochain, chaque voix compte. Et dans un pays où le bipartisme règne encore en maître, une voix gagnée est une voix perdue pour le camp adverse.

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