RSE : l’intelligence artificielle, une aide précieuse pour les entreprises

RSE : l’intelligence artificielle, une aide précieuse pour les entreprises

Du Greenwashing à une vraie politique de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) : où en est-on vraiment ? Depuis la mise en place de la Directive européenne sur les publications des données extra-financières (CSRD), les sociétés de plus de 500 salariés doivent analyser les risques financiers auxquelles elles sont exposées mais aussi les conséquences environnementales de leurs activités (quantité de CO2 émis, atteinte aux milieux naturels, etc.). Ce rapport de durabilité rendra compte de la réalité de leur politique en matière de RSE. Or dans l’application de cette directive européenne, le France est plutôt en avance. Peu à peu, tout un mouvement se développe, avec d’un côté les contraintes de la loi, et de l’autre, le poids des salariés convaincus du rôle social et environnemental des entreprises. Même les nouvelles technologies en général et l’IA en particulier se mettent à son service. Silencieuse, la révolution RSE est inéluctable.

Elle s’appelle Barbatus, en référence au Gypaète barbu, un rapace menacé en France. Lancée par la start-up Iceberg Data Lab à l’été 2023, cette intelligence artificielle conversationnelle doit assister les analystes de la finance durable, spécialisés Environnement, social et gouvernance. Ce prototype – un dérivé de ChatGPT d’OpenAI, – est ainsi censé permettre à ces experts de trouver plus facilement les bonnes données dans le maquis des informations publiées par les entreprises, comme leurs rapports financiers. Une façon de leur faire “gagner un temps précieux en étant une boussole pour flécher les investissements vers des industries plus vertes”, souligne Pierre-Olivier Haye, le directeur technique d’Iceberg Data Lab.

A l‘image de cette pépite de la fintech, qui vient de lever dix millions d’euros, les spécialistes de la technologie voient de nombreuses applications possibles pour l’IA dans le secteur de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Ce genre de logiciels aux capacités avancées d’analyse et de gestion des données est en effet le bienvenu dans cette thématique complexe car transversale. Ils pourraient servir dans l’analyse de l’empreinte carbone, la surveillance de la chaîne d’approvisionnement ou encore pour calculer l’impact social des opérations de l’entreprise. “L’objectif consiste à progresser sur la fiabilité des données car elle crédibilise les actions de progrès”, souligne ainsi Fabrice Bonnifet, le président du Collège des directeurs du développement durable, une association qui rassemble 350 cadres du secteur essentiellement issus des grandes entreprises basées en France. Les solutions basées sur l’IA doivent aider les experts RSE à mieux “répondre aux multiples obligations hétérogènes du reporting réglementaire et volontaire”, ajoute-t-il, par exemple en publiant des indicateurs sur la consommation d’eau d’une organisation ou le volume de déchets produits. Au-delà de la RSE en tant que telle, l’IA promet enfin une meilleure optimisation de l’ensemble des ressources utilisées par une organisation.

Pas encore une priorité pour les entreprises

Si ces outils suscitent déjà des attentes importantes, nombre de spécialistes restent dans l’expectative. “Dans le quotidien des entreprises, ce n’est pas encore la priorité, prévient Fabrice Bonnifet. On commence à en parler parce que l’IA va devenir incontournable. Mais on perçoit bien également les critiques et les limites associées, il va falloir notamment adopter une réflexion éthique sur les usages.” Les intelligences artificielles génératives posent question. Elles s’entraînent sur des masses gigantesques de données. Une approche qui paraît peu vertueuse par rapport à une partie des usages qui en sont faits. ” Les modèles de langage plus petits devraient s’imposer comme les plus soutenables”, convient Pierre-Olivier Haye.

Son entreprise planche ainsi sur l’hébergement en propre de son IA conversationnelle, Barbatus, pour qu’elle soit plus frugale. Sachant que derrière la mode autour des intelligences artificielles génératives, il existe des utilisations plus classiques d’IA qui fonctionnent déjà bien. A EcoAct, une entreprise de conseil en décarbonation, filiale de Schneider Electric, les data scientists recourent à des algorithmes d’apprentissage automatique pour évaluer l’empreinte carbone d’organisations à travers des centaines de milliers de lignes d’information. “On ne cherche pas à construire des boîtes noires, mais des modèles explicables pour avoir l’approche la plus transparente possible”, résume Nadège Lespagnol, la directrice Climate Data Analytics. Une façon de montrer aussi que ces outils sont compatibles avec une démarche vertueuse.