SUV : ce que révèle la victoire facile d’Anne Hidalgo

SUV : ce que révèle la victoire facile d’Anne Hidalgo

Une ville marquée à gauche, dont seul un tiers des ménages possède une voiture, et dotée de l’un des réseaux de transports les plus denses au monde. En demandant le 6 février aux Parisiens de se prononcer sur la place future des SUV (Sport Utility Vehicule) dans les rues de la capitale, Anne Hidalgo jouait sur du velours. Dimanche 4 février au soir, après une participation minimale, la victoire était acquise : 55 % des quelque 78 000 votants, soit 5,7 % du corps électoral, ont approuvé la hausse des tarifs de stationnement visant ces véhicules “plus lourds, encombrants et polluants“. De fait, les résultats parisiens épousent la carte politique de la capitale. Les arrondissements dirigés par la droite disent NON, quand ceux de gauche ou de la majorité, votent en faveur du OUI. On y retrouve un clivage Ouest-Est assez classique des élections dans la capitale, avec plus de 80 % d’opposition à la mesure dans le 16e arrondissement, quand 75 % l’approuvent dans le 10e.

Et maintenant ? La mairie assure que la mesure entrera en vigueur dès septembre 2024. Et s’il est difficile de donner une définition précise des SUV, dont le sigle vient de l’anglais sport utility vehicle, la mairie a tranché : elle touchera les véhicules de plus 1,6 tonne qui souhaitent se garer dans Paris. Les conducteurs devront payer 18 euros l’heure pour les arrondissements centraux, et 12 euros pour les arrondissements extérieurs, une fois la mesure mise en place après décision du Conseil de Paris.

Trajectoire croissante de leur poids

Ce parc de véhicules concerné sera en réalité limité puisqu’il ne concernera ni les détenteurs d’une carte de “résident”, ni les professionnels. L’entreprise AAA Data, spécialisée dans les données automobiles a calculé que cela pourrait représenter 16 % des véhicules tournant en Ile-de-France. Les critères définis par la mairie incluraient donc aussi bien des véhicules thermiques qu’électriques ou hybrides. Présentée comme écologique, la mesure ne devrait donc avoir qu’un effet limité sur les émissions locales de CO2.

Sur ce sujet clivant, Anne Hidalgo obtient à peu de frais une nouvelle preuve d’adhésion à sa politique anti-voiture. Mais se faisant, elle se place aussi à la pointe du combat contre ces véhicules devenus de plus en plus gros, et surtout de plus en plus nombreux. Les SUV, qui représentent la moitié des ventes dans l’Hexagone, sont de fait devenus une cible pour une partie des écologistes, dont certains en dégonflent les pneus pour dénoncer leur caractère anti-environnemental. Avec en moyenne un poids de 300 kilos supérieur aux berlines, ces modèles très en vogue ont participé à une trajectoire toujours croissante de la taille et du poids des véhicules en circulation, avec en bout de ligne une consommation d’énergie à l’avenant.

Déjà ciblée par des tarifs de stationnements plus élevés dans certaines villes d’Allemagne ou au Canada, cette initiative pourrait fleurir en France. Car après Paris, les municipalités de Lyon ou Bordeaux réfléchissent à en limiter l’accès à leurs centres-villes. Une manière, pour ces mairies écolos, de se mettre dans la roue de Paris.

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