Violences en Nouvelle-Calédonie : 70 interpellations, interdiction de TikTok… Les dernières infos

Violences en Nouvelle-Calédonie : 70 interpellations, interdiction de TikTok… Les dernières infos

Quatre morts, dont un gendarme d’une vingtaine d’années touché à la tête par un tir, 64 blessés, plus de 200 interpellations depuis lundi… C’est le bilan, à ce stade, de trois nuits d’émeutes en Nouvelle-Calédonie. L’archipel est secoué par la fronde des indépendantistes contre une réforme électorale votée par le Parlement.

Le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé le déploiement de l’armée dans ce territoire ultramarin. Le déploiement militaire doit permettre de « sécuriser » les ports et l’aéroport, a indiqué mercredi Gabriel Attal, qui doit à nouveau présider une cellule de crise interministérielle ce jeudi matin.

Le haut-commissaire sur le territoire français du Pacifique, Louis Le Franc, a pour sa part « annoncé un couvre-feu et interdit TikTok », un réseau social utilisé par les émeutiers, a précisé le chef du gouvernement. L’état d’urgence a par ailleurs été décrété. Il est entré en vigueur mercredi soir à partir de 20 heures, heure de Paris (5 heures à Nouméa). Il permet à l’Etat de disposer de compétences renforcées pour assurer le maintien de l’ordre. Signe de la gravité de la situation : le président de la République Emmanuel Macron a « reporté » un déplacement prévu de longue date à Flamanville (Manche), où il devait inaugurer l’EPR, un réacteur nucléaire. En outre, les autorités ont annoncé ce jeudi un « pont aérien » entre l’hexagone et le territoire calédonien, où l’aéroport reste fermé jusqu’à nouvel ordre, notamment pour « assurer la prise en compte des besoins essentiels de la population ».

Les infos à retenir

⇒ Une nuit un peu moins violente mais des « affrontements très importants »

⇒ 70 interpellations ont eu lieu au cours des dernières 24 heures

⇒ Darmanin a assigné à résidence cinq indépendantistes radicaux

Une nuit « moins violente »

Après deux nuits d’embrasement meurtrier, celle de mercredi à jeudi « a été moins violente », a déclaré le haut-commissaire. Dans l’agglomération de Nouméa, les riverains ont commencé à organiser la protection de leurs quartiers et érigé des barricades de fortunes, faites de palettes de bois, de bidons et autres brouettes, sur lesquelles ils ont planté des drapeaux blancs.

Malgré cela, les violences se sont poursuivies sur l’archipel, qui a une nouvelle fois connu des « affrontements très importants », a déploré le haut-commissaire ce jeudi. L’agglomération de Nouméa a de nouveau été la proie des pillages et des incendies, a-t-il ajouté. « Il y a aussi des pièges tendus aux forces de l’ordre », qui ont subi des « tirs nourris de carabines de grande chasse », a-t-il déclaré. Le bâtiment du Sénat coutumier a été incendié, selon son service de communication, sans que l’on sache pour l’instant l’ampleur des dégâts.

Environ 70 nouvelles interpellations en 24 heures

Quelque 70 interpellations ont eu lieu au cours des dernières 24 heures en Nouvelle-Calédonie, a indiqué ce jeudi matin à Nouméa le Haut-commissariat de la République. Louis Le Franc, haut-commissaire de la République, a salué dans un communiqué « l’engagement et le professionnalisme des forces de l’ordre qui font l’objet d’attaques ». « 64 gendarmes et policiers ont été blessés » et « près de 200 émeutiers ont été interpellés » depuis lundi, a-t-il précisé. Il a par ailleurs annoncé qu' »un pont aérien entre l’Hexagone et le territoire (allait) permettre d’acheminer rapidement des renforts de sécurité intérieure, de sécurité civile et militaires mais aussi du matériel permettant d’assurer la prise en compte des besoins essentiels de la population ».

D’importants effectifs de policiers et de gendarmes, dont des éléments de leurs deux groupes d’élite, le GIGN et le RAID, sont déjà mobilisés. D’autres renforts étaient en cours d’acheminement dans l’archipel, selon le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. D’après le ministère, 1800 policiers et gendarmes y étaient déployés mercredi et 500 de plus y arriveront dans les heures qui viennent.

Mélenchon fustige le « néocolonialisme » en Nouvelle-Calédonie

L’opposant de gauche radicale Jean-Luc Mélenchon a vu mercredi dans les émeutes qui ont fait quatre morts en Nouvelle-Calédonie la manifestation d’un retour à un « néocolonialisme », sans issue selon lui. Jean-Luc Mélenchon, en visite jusqu’à samedi au Sénégal à l’invitation du parti panafricaniste et souverainiste Pastef vainqueur de la récente présidentielle, a rappelé les évènements de Thiaroye (Sénégal) en décembre 1944, dans une déclaration après une visite de la maison de l’ancien président Léopold Sédar Senghor à Dakar. Des troupes coloniales et des gendarmes français avaient tiré sur des tirailleurs sénégalais rapatriés qui réclamaient leurs arriérés de solde. Des dizaines de tirailleurs avaient été tués.

« Si j’évoque à cet instant cet épisode du néocolonialisme, c’est que la France, qui pensait s’en être d’abord tirée, y retourne à cet instant, et à l’heure à laquelle je vous parle nous avons à souffrir de trois morts parmi les jeunes Kanaks et d’un gendarme français, tués à Nouméa », a déclaré Jean-Luc Mélenchon. « Cent soixante-dix ans d’acharnement n’ont pas suffi à abattre la volonté kanake de redevenir souveraine de son destin et nul n’y parviendra jamais », a-t-il dit. « Il n’y a pas d'(autre) issue à une situation coloniale que la décolonisation et tout le reste est une perte de temps », a-t-il renchéri.

Cinq indépendantistes radicaux assignés à résidence

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé mercredi soir avoir assigné à résidence cinq indépendantistes radicaux dans la foulée de l’entrée en vigueur de l’état d’urgence en Nouvelle-Calédonie, en proie à de violentes émeutes. « Je viens de signer les cinq premiers arrêtés d’assignation à résidence de responsables radicaux et violents », a indiqué le ministre de l’Intérieur sur X. « Sur mon instruction, des perquisitions administratives seront menées par les forces de l’ordre immédiatement », a-t-il ajouté.

Il s’agit de cinq personnes appartenant à la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), frange la plus radicale du Front de libération Kanak socialiste (FLNKS), selon une source proche du dossier interrogée par l’AFP. Dirigée par Christian Tein, le commissaire général de l’Union calédonienne (principal parti indépendantiste de l’île), cette cellule, dont l’ancienne secrétaire d’Etat Sonia Backès a demandé la dissolution, a été créée fin 2023 et comprend des composantes politique et syndicale.

Dans un communiqué, la CCAT a souligné que son objectif était l’accession à l’indépendance « telle que prévue par l’accord de Nouméa » de 1998 et le gel du corps électoral local, contrairement à la réforme voulue par le gouvernement. Les leaders de ce mouvement, sans réagir à ces assignations, ont argué que « les exactions commises […] n’étaient pas nécessaires », mais étaient « l’expression des invisibles de la société qui subissent les inégalités de plein fouet et sont marginalisés au quotidien ».

Macron a proposé aux élus calédoniens d’avoir « un échange par visioconférence »

Emmanuel Macron a proposé aux élus calédoniens d’avoir un « échange par visioconférence » ce jeudi à l’issue d’une nouvelle réunion de crise sur les émeutes dans l’archipel ultramarin, a annoncé l’Elysée. « Le chef de l’Etat présidera un conseil de défense et de sécurité nationale sur la situation en Nouvelle-Calédonie ce jeudi à 11 heures. A l’issue, il a proposé aux élus calédoniens un échange par visioconférence », a déclaré la présidence.

Il s’agit du deuxième conseil de défense en autant de jours convoqué par Emmanuel Macron. Il avait déjà demandé à Gabriel Attal de convier, avec Gérald Darmanin, les élus indépendantistes et loyalistes à Paris prochainement pour tenter de relancer le dialogue. L’invitation n’a toutefois pas encore été formalisée.

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