Automobile : les Français préfèrent l’occasion

Automobile : les Français préfèrent l’occasion

Les voitures d’occasion gardent la cote. Les chiffres sont sans appel : avec 84 % des acquisitions automobiles des ménages et 5,2 millions de transactions en 2023, elles pèsent trois fois le marché du neuf. Le retour de l’inflation n’est pas étranger à ce succès. “Les prix toujours à la hausse des véhicules en catalogue entraînent une bascule vers la seconde main, moins onéreuse et disponible rapidement”, constate Fabien Leblanc, directeur stratégie & performance du Site de l’Auto. Sans surprise, les modèles de plus de 15 ans, les moins chers, ont enregistré en 2023 la meilleure progression par rapport à 2022 : + 22,92 %. Une tendance qui va s’amplifier : un sondage réalisé par La Centrale révèle que 62 % des répondants entendent consacrer un maximum de 15 000 euros, en 2024, à l’achat d’une occasion alors que le panier moyen avoisine les 19 490 euros pour une essence et 22 390 euros pour un diesel.

A l’effet ciseau des budgets qui diminuent et des tarifs qui grimpent s’ajoute la difficulté grandissante d’obtenir un financement. “Les taux d’intérêt ont augmenté et les banques se montrent très frileuses. Les consommateurs sont confrontés à des difficultés croissantes dans l’accès à la mobilité, avec le risque sous-jacent de casse sociale”, confirme Romain Boscher, directeur général d’Aramisauto. En corollaire, la location avec option d’achat se développe, encouragée par le partage des données interbancaires instauré en 2018 par l’Europe. Le souscripteur d’un crédit n’est pas tenu de fournir ses trois derniers bulletins de salaire, sa carte d’identité, son justificatif de domicile… Il lui suffit de cliquer sur un lien Internet afin d’autoriser sa banque à transférer les informations au créancier. Une simplification bienvenue !

Le bonus majoré de 1 000 euros, accordé aux particuliers retenant cette solution de paiement pour les voitures électriques d’occasion, va-t-il convaincre le chaland ? En attendant, les ventes font du rase-mottes, avec une progression d’à peine 1,75 %. “C’est un marché naissant dans notre secteur. Outre un prix dissuasif, ces versions ne correspondent pas à tous les usages et la mise en place des zones à faibles émissions est repoussée. De ce fait, les clients ne comprennent rien au maquis d’aides disponibles et ne savent plus sur quel pied danser. De plus, le réseau de bornes se développe, mais demeure anémique.

Enfin et surtout, la courbe de dépréciation est très importante. La technologie et l’autonomie évoluent si vite qu’après quelques années, la valeur de revente s’effondre davantage qu’avec un modèle thermique. Ces facteurs cumulés alimentent l’attentisme”, développe Romain Boscher. Tout juste note-t-on une poussée des hybrides, plus abordables et rassurantes parce qu’elles se rechargent automatiquement en roulant et sont couplées à un moteur à combustion.

De fait, les essences et diesels ont le vent en poupe et s’octroient 90 % des transactions du marché de l’occasion, la moitié revenant même au seul gazole, dont 2,64 millions d’exemplaires ont changé de main en 2023. Ces modèles conservent leur image de véhicules robustes, adaptés aux longues distances, et bénéficient encore d’un prix à la pompe inférieur à celui de l’essence. “Les habitudes d’achat des Français s’ancrent sur de longues périodes et les réflexes sont longs à évoluer. Par conséquent, la seule solution qui permettra d’accentuer significativement l’inversion du marché sur cette thématique sera l’absence systémique de diesel dans les offres proposées par les constructeurs”, diagnostique Fabien Leblanc. Autant dire que le diesel a encore de beaux jours devant lui.

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