Affaire du lycée Ravel : l’engrenage toxique qui hante les enseignants

Affaire du lycée Ravel : l’engrenage toxique qui hante les enseignants

“J’ai finalement pris la décision de quitter dès ce soir mes fonctions de proviseur par sécurité pour moi et pour l’établissement.” La lettre envoyée le 22 mars dernier par le proviseur du lycée Maurice-Ravel, situé dans le XXe arrondissement de Paris, a provoqué une véritable onde de choc dans le monde éducatif et bien au-delà. Le 28 février, le chef d’établissement avait rappelé à trois jeunes filles l’obligation d’ôter leurs voiles dans l’enceinte scolaire. Ce dernier avait ensuite été fustigé sur les réseaux sociaux. Depuis, la plainte de l’une des élèves à l’égard du proviseur qu’elle accusait de violence a été classée sans suite pour “infraction insuffisamment caractérisée”. Deux individus ont été identifiés comme étant à l’origine de menaces de mort et l’un d’eux sera jugé le 23 avril à Paris.

Si l’affaire suscite autant d’émotion, c’est qu’elle rappelle le terrible engrenage qui a mené à l’assassinat et à la décapitation de Samuel Paty, victime lui aussi de fausses accusations et de cet emballement infernal sur le Web où avaient circulé son nom et celui du collège du Bois-d’Aulne où il exerçait… jusqu’à ce que l’affaire ne tombe sous les yeux du terroriste islamiste Abdoullakh Anzorov. Combien d’enseignants sont-ils aujourd’hui victimes de “doxing”, pratique qui consiste à attaquer l’un d’eux sur les réseaux sociaux en révélant des informations personnelles ? Le phénomène est difficile à quantifier. Selon un sondage de la Fondation Jean-Jaurès, sorti en 2021, 13 % des enseignants interrogés disent avoir fait l’objet d’insultes ou de propos calomnieux sur Internet de la part d’élèves ou de parents d’élèves.

Si toutes ces attaques ne sont pas forcément en lien avec la laïcité, les contestations liées à l’interdiction de port de signes religieux ostensibles ou à certains enseignements sont sans nul doute les plus sensibles. Le poids grandissant des plateformes comme TikTok ou Snapchat nourrissent le phénomène et mettent les enseignants sous tension. Car tous ont en tête le risque de voir leur réputation salie, voire d’être menacés de mort pour des faits non avérés ou déformés. D’autant plus aujourd’hui, alors que l’école de la République, dont la mission est de former des citoyens libres et éclairés, est prise pour cible par les militants islamistes. Visée pour ce qu’elle est : un rempart contre l’obscurantisme.

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