Bourse : ces mauvais réflexes qui vous font perdre de l’argent

Bourse : ces mauvais réflexes qui vous font perdre de l’argent

Sélectionner des titres, les acheter, se renforcer, encaisser des plus ou moins-values : la vie de l’investisseur en Bourse est jalonnée de décisions… pas toujours rationnelles. De nombreux biais – cognitifs, émotionnels et sociaux – viennent polluer ses choix. “Tout le monde est concerné, c’est humain”, prévient Maxime Viémont, spécialiste en finance comportementale chez Portzamparc.

Pour autant, les ressorts ne sont pas les mêmes d’un individu à l’autre. “Chacun réagit différemment selon sa culture, sa religion, son sexe, mais aussi son expérience passée”, relate Edouard Camblain, cofondateur de l’Institut français de finance et d’économie comportementales. Or, ces biais ont un impact sur la performance des investissements. “La recherche académique a démontré qu’ils entraînent un manque à gagner de 3,5 % par an. Quand vous cumulez cela sur vingt ans, c’est considérable”, souligne Maxime Viémont.

La finance comportementale liste plus de 200 biais, mais certains sont plus marquants que d’autres, à l’instar du biais de représentativité, qui conduit à extrapoler les tendances passées et à penser qu’un marché en hausse va continuer de monter. Dans la même veine, le biais de confirmation nuit au bon traitement des informations. “C’est la tendance à rechercher des éléments qui vont dans notre sens ou à interpréter favorablement les renseignements qui nous arrivent”, explique Mickaël Mangot, économiste et spécialiste de la finance comportementale.

Ne négligez pas non plus les biais liés à la perception de soi, tels que l’excès de confiance, qui vous conduit à croire que vous savez mieux que les autres, sans que rien ne le justifie. “Il pousse à faire tourner excessivement son portefeuille, sans le diversifier suffisamment, mais c’est l’un des rares biais qui peut aussi avoir des conséquences positives, pointe Mickaël Mangot. En effet, il permet de dépasser des réticences psychologiques profondément ancrées et de prendre certains risques en Bourse, ce qui se révèle payant à long terme.”

Gare au biais d’ancrage

A contrario, la perception des moins-values est souvent source de mauvaises décisions. L’aversion aux pertes – qui consiste à souffrir davantage de ces dernières qu’à prendre du plaisir aux gains – incite à rester sur des actifs sécurisés. Le biais de statu quo, à conserver des placements qui ont coûté en temps d’analyse ou en argent. “En Bourse, les actionnaires tiennent beaucoup plus longtemps leurs positions perdantes que gagnantes”, souligne Mickaël Mangot. Sans compter le biais d’ancrage, qui conduit à se référer à des valeurs non pertinentes. “C’est un phénomène fréquent dans les finances personnelles, constate Edouard Camblain. J’ai acheté un titre qui valait 20 euros et j’enregistre une moins-value latente de 10 euros mais je ne le cède pas car je veux revoir mes 20 euros, qui agissent comme une ancre.” Enfin, méfiance dans la sélection des titres : les investisseurs privilégient les valeurs qu’ils connaissent bien ou pour lesquelles ils ont une affection particulière, au détriment des bonnes règles de gestion et de diversification.

Prendre conscience de ces phénomènes est une première étape, mais elle n’est malheureusement pas suffisante. L’important est d’adopter ensuite un objectif de long terme. “En se fixant un cap, on est moins concentré sur les performances au jour le jour, qui amènent à faire des erreurs”, indique Edouard Camblain. Chez Portzamparc, les conseillers cherchent à supprimer les biais d’ancrage de leurs clients en supprimant, notamment, les objectifs de cours. Dans les relevés de portefeuille, la valeur d’achat a aussi été évacuée. “Nous avons ôté cette référence au passé car elle ne doit pas interférer dans la prise de décision, explique Maxime Viémont. Le choix de vendre doit se faire uniquement en se référant aux fondamentaux de l’entreprise et à ses perspectives.” Plus radicale, une autre solution consiste à limiter ses interférences avec le marché. “La combinaison d’un investissement programmé et d’un fonds indiciel très diversifié est un chemin beaucoup plus simple vers la richesse que le contrôle de soi”, s’amuse Mickaël Mangot.

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