Capture du CO2 : les forêts ne suffiront pas

Capture du CO2 : les forêts ne suffiront pas

Après avoir relâché des milliards de tonnes de CO2 dans l’atmosphère, la France peut-elle, et doit-elle, désormais le capter pour stabiliser le climat et limiter le réchauffement ? Deux fois oui, répond Carbon Gap. Alors que les informations manquaient jusqu’à présent sur la capacité des pays quant à l’élimination du dioxyde de carbone (EDC), l’ONG a réalisé une première étude du potentiel tricolore, en métropole et en outre-mer, sur le plan des émissions négatives. Car, pour atteindre nos objectifs climatiques, tous les experts, Giec en tête, s’accordent sur le caractère indispensable de ces solutions, en parallèle des politiques d’atténuation.

Point positif : la France dispose d’atouts importants. Elle pourrait même devenir, en y mettant les moyens, un “émetteur net négatif” avant 2050. Sauf que, pour l’heure, “elle reste le dernier de la classe en Europe, alors que d’autres pays, comme le Royaume-Uni, le Danemark, l’Allemagne ou la Suisse, ont lancé des travaux pour se doter d’une stratégie d’EDC, regrette Sylvain Delerce, directeur de recherche chez Carbon Gap. Les pouvoirs publics rechignent à aborder ces sujets, ou alors à la marge”.

Jusqu’à présent, la réponse française reposait essentiellement sur la capacité de nos forêts à capter le carbone. Hélas, celles-ci s’avèrent bien plus dégradées que prévu. D’où l’intérêt crucial de “diversifier la stratégie et faire appel à des méthodes aussi bien naturelles que technologiques”, pointe Sylvain Delerce.

Selon Carbon Gap, l’effort d’investissement nécessaire en matière d’EDC représenterait de 8 à 19 milliards d’euros par an jusqu’en 2050. Avec un engagement financier de cet ordre, la France pourrait compenser son volume d’émissions, avec une marge de sécurité, grâce à toutes les techniques disponibles : capture du carbone directement dans l’air puis stockage, conversion de biomasse, meilleure gestion des écosystèmes… Sans mesures supplémentaires, elle manquera la cible.

Accompagner les filières

Le chemin à parcourir est donc tracé. En matière d’élimination du dioxyde de carbone, la France doit rapidement monter en puissance. “Il faut développer une diplomatie de l’EDC et créer des soutiens pour que les filières se déploient aussi vite que celles du solaire ou du séquençage ADN en leur temps”, insiste Sylvain Delerce. Certaines méthodes, comme la reforestation, sont déjà maîtrisées, quand d’autres, souvent technologiques, n’existent pour l’instant qu’en phase pilote. Or, s’assurer de la viabilité d’une approche nécessite des moyens financiers.

En outre, ces solutions ne pourront véritablement être utiles que si le pays parvient, en amont, à réduire ses émissions, afin que le “surplus” restant à absorber par l’EDC ne soit pas trop important. La feuille de route fixant les trajectoires d’émission du pays d’ici au milieu du siècle (la SNBC, stratégie nationale bas carbone) est actuellement en révision, mais l’ambition fixée paraît immense : passer de 458 millions de tonnes en équivalent CO2 en 2015 à seulement 80 en 2050. Faute de mobilisation générale, elle risque fort de rester lettre morte.

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