Climat : le nouvel objectif ambitieux de la Commission européenne pour 2040

Climat : le nouvel objectif ambitieux de la Commission européenne pour 2040

A quatre mois des élections européennes de juin, la Commission européenne a dévoilé, ce mardi 6 février, ses recommandations pour l’objectif climatique 2040 de l’UE, qui doit constituer la feuille de route pour la poursuite du “Pacte vert“. Bruxelles propose notamment de viser une réduction de 90 % des émissions nettes de gaz à effet de serre (GES) de l’UE en 2040 par rapport à 1990. Il s’agirait d’une étape intermédiaire entre l’objectif de réduction de 55 % des émissions de GES d’ici 2030, et celui qui prévoit la neutralité carbone en 2050.

Face aux résistances de certains secteurs, dont l’agriculture, sur les réglementations écologiques, Bruxelles souhaite une “transition équitable” et “garantissant la compétitivité de l’industrie”. Cette cible pour 2040, que la prochaine Commission devra traduire par des mesures concrètes dans un texte législatif, reviendrait à poursuivre le même rythme de baisse que sur la décennie 2020-2030.

Une “communication” générale avant les élections européennes

Sur ces manières concrètes de parvenir à cet objectif, la Commission européenne reste pour l’instant assez floue. En effet, l’exécutif européen était tenu d’actualiser ses projections dans les six mois suivant la COP28 de décembre, mais il n’a dévoilé mardi qu’une “communication” générale, contexte pré-électoral oblige. C’est surtout la prochaine Commission, issue du scrutin de juin, qui aura la lourde tâche de soumettre aux Etats et au Parlement européen renouvelé une proposition législative formelle.

Dans les grandes lignes, Bruxelles assure néanmoins que si “équité, solidarité et politiques sociales doivent permettre aux ménages à faible revenu d’effectuer une transition efficace”, d’autres conditions politiques sont nécessaires : “garantir la compétitivité” des industriels, des “conditions de concurrence équitables” à l’international, des “emplois stables et pérennes”…

La colère des agriculteurs

Bruxelles marchait sur des œufs pour présenter son projet climatique, les agriculteurs en colère à travers l’Europe ayant accusé la Commission et ses ambitions environnementales de bon nombre de leurs maux. Prônant “un dialogue ouvert avec toutes les parties prenantes”, la Commission entend notamment désamorcer les inquiétudes sur l’impact socio-économique d’un verdissement à marche forcée, tant son “Green Deal” est devenu un épouvantail pour l’opinion.

Après les transports, l’énergie et l’industrie, cet ensemble de législations environnementales s’est fracassé sur les sujets agricoles face à l’âpre opposition d’eurodéputés de droite et des agriculteurs, tandis que des dirigeants réclamaient “une pause réglementaire” pour soulager entreprises et ménages. Si le verdissement de l’agriculture (qui représente 11 % des émissions européennes) est mentionné, le texte supprime le potentiel de baisse des émissions agricoles figurant dans un document antérieur, et juge “plus efficace” de cibler l’ensemble de la chaîne agroalimentaire.

Un “Pacte vert industriel”

Pour poursuivre la décarbonation de certains secteurs encore très émetteurs, Bruxelles prévoit également un “Pacte vert industriel”, avec des réglementations, chaînes d’approvisionnement et financements adéquats. Mais surtout l’accès à une énergie décarbonée suffisante et abordable pour tous, grâce à l’essor continu des renouvelables, des réseaux d’hydrogène, mais aussi du nucléaire via les futurs petits réacteurs modulaires. La production d’électricité devrait “être quasi décarbonée dans la seconde moitié des années 2030”, tandis que la consommation de combustibles fossiles brûlés à fins énergétiques chuterait de 80 % d’ici 2040, assure la Commission.

Enfin, les projections pour 2040 reposent aussi largement sur le captage et le stockage d’importants volumes de carbone : une révolution environnementale à venir pour certains, des technologies “non prouvées” et permettant de ne pas définir de date de sortie des énergies fossiles ainsi que leurs subventions pour d’autres, en premier lieu les ONG écologistes.

Au total, selon Bruxelles, les investissements requis sur la période 2031-2050 pourraient atteindre, annuellement, 660 milliards d’euros dans l’énergie et 870 milliards dans les transports. Un coût colossal, associant investissements publics et fonds privés, mais à comparer au “coût de l’inaction” face aux dommages climatiques.

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