Covid : le confinement et les vaccins ont-ils été efficaces ? Ce que révèle une étude

Covid : le confinement et les vaccins ont-ils été efficaces ? Ce que révèle une étude

Confinements et couvre-feux pour éviter la diffusion du virus, campagne vaccinale massive… Quelle a été l’efficacité des mesures inédites prises lors de la pandémie de Covid-19 en France ? C’est la question à laquelle tentent de répondre des chercheurs de l’université et du CHU de Bordeaux, de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et de l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (Inria), dans une étude parue mardi 6 février dans la revue Epidemics.

“Effet important” du confinement

Quatre ans après le début de la pandémie, l’étude évalue l’effet de ces mesures exceptionnelles, tout en tenant compte de leurs répercussions sociétales et psychologiques, afin de se préparer à d’éventuelles futures épidémies. Associés à des chercheurs de l’université canadienne McGill, les scientifiques français ont travaillé à partir d’une modélisation mathématique des données disponibles en France entre mars 2020 et octobre 2021.

Ils en concluent que “les mesures les plus restrictives, telles que le confinement et le couvre-feu” ont eu “un effet important” sur la réduction de la transmission : jusqu’à 84 % lors du premier confinement. Les chercheurs estiment également que le couvre-feu instauré plus tôt, à 18 heures, a eu plus d’effet que celui de 20 heures, limitant respectivement 68 % et 48 % des transmissions. Les fermetures d’école ont quant à elles eu un effet plus limité, réduisant de 15 % les contagions.

159 000 décès supplémentaires sans vaccin

L’étude révèle également l’efficacité des vaccins, en simulant un scénario sans vaccination, sur une période allant jusqu’à octobre 2021. Le résultat est sans appel : les données prédisent que, sans campagne vaccinale, il y aurait eu 159 000 morts et 1,48 million d’hospitalisations supplémentaires en France. C’est deux fois plus que le nombre de victimes de la pandémie, qui a provoqué 116 000 décès et 460 000 hospitalisations.

“Bien que l’exercice soit complexe d’estimer un nombre de personnes sauvées par une intervention spécifique, toutes les études retrouvent un impact majeur du confinement et de la vaccination”, analyse Rodolphe Thiébaut, professeur en santé publique au centre de recherche Bordeaux Population Health et responsable de cette recherche. Il explique que ces données sont “cohérentes avec d’autres études déjà publiées, notamment par l’OMS”.

Des décès évitables avec des mesures plus précoces

Au-delà de valider l’efficacité des mesures de distanciation sociale, les chercheurs estiment que si celles-ci avaient été prises plus tôt, un nombre conséquent de malades aurait pu être évité. Si des vaccins avaient été disponibles au bout de cent jours, comme c’était le souhait initial de la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (la Cepi, issue du Forum de Davos), près d’un tiers des décès (soit 71 000) et trois quarts des hospitalisations (384 000) auraient pu être évitées.

“Ce résultat met l’accent sur l’importance d’un déploiement rapide et précoce des vaccins”, déclare encore le Pr Rodolphe Thiébaut, qui plaide pour une stratégie de développement vaccinal afin d’anticiper les futures pandémies. Mi-janvier, l’OMS avait estimé que les vaccins anti-Covid avaient sauvé au moins 1,4 million de vies en Europe.

L’étude estime également qu’un confinement en France une semaine plus tôt aurait pu éviter 20 000 décès supplémentaires. En septembre 2020 déjà, le président du Conseil scientifique pendant la crise Covid, Jean-François Delfraissy, avait regretté ne pas avoir insisté pour confiner la France quelques jours plus tôt. “C’est évidemment une décision lourde de confiner tout un pays”, poursuit Rodolphe Thiébaut, “mais ces résultats peuvent contribuer à la prise rapide de décisions”, indique le professeur en santé publique.

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