Crise du logement : le gouvernement face à un secteur à bout de nerfs

Crise du logement : le gouvernement face à un secteur à bout de nerfs

La colère monte crescendo dans le secteur de l’immobilier. Certains seraient même tentés de rejoindre la fronde lancée par les agriculteurs mi-janvier… C’est en tout cas ce qu’a affirmé, ce mercredi 13 mars, Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) lors d’un point presse au Marché international des professionnels de l’immobilier (Mipim), premier salon mondial du secteur.

Un courroux dopé par les récentes annonces du gouvernement, contraint de raboter le budget 2024 de 10 milliards d’euros. Enkysté dans ce véritable casse-tête budgétaire, Bercy n’a pas épargné le ministère du Logement, qui se retrouve donc amputé de quelque 300 millions d’euros. Suffisant pour signer l’arrêt de mort d’un certain nombre de dispositifs de soutien à la construction.

Plongé dans une crise sans précédent depuis plus de dix ans, le secteur s’interroge. Pour le président du Medef, Patrick Martin, les arbitrages budgétaires reviennent tout simplement à “faire de mauvaises économies”.

Un gouvernement en retard

La veille, le nouveau ministre du Logement Guillaume Kasbarian est arrivé au Mipim avec un bouquet de dix mesures censées endiguer la crise de l’offre de logements. Parmi lesquelles plusieurs pistes de simplification ayant pour promesse de stimuler la construction. En plus d’apparaître aux yeux des professionnels de l’immobilier comme insuffisant, ce plan présente un autre problème, et pas des moindres : le ministre aurait, selon Pascal Boulanger, plus d’un an de retard : “Les mesures prises portent […] en grande partie sur l’offre. Or, depuis novembre 2022, notre plus gros problème est la demande.”

Début janvier déjà, le même avait tiré une première fois la sonnette d’alarme dans les colonnes de L’Express : “Avec la remontée des taux d’intérêt et les critères […] on arrive à une situation où coexistent un besoin énorme et une demande inexistante. Dans ce contexte, à quoi sert-il d’avoir de l’offre ? Le vrai enjeu, plus qu’urgent, est de retrouver des ménages qui ont envie d’acheter et qui seront financés.” Et Pascal Boulanger de résumer : “Le diagnostic est mauvais, donc le traitement ne soignera pas la maladie.”

Le Medef accentue la pression sur Bercy

En outre, l’annonce de la suppression de la niche fiscale Pinel ne passe toujours pas et est restée en travers de la gorge de bon nombre d’acteurs de l’immobilier. Plus encore, sa disparition apparaît à leurs yeux comme quasiment incompréhensible. Primo, elle risque d’occasionner un manque à gagner en TVA deux fois supérieur pour l’Etat. Secondo, “la demande des investisseurs s’est déjà effondrée”, raison pour laquelle “ce n’était absolument pas le moment” de prendre une telle décision, faisait valoir Pascal Boulanger auprès de L’Express.

De façon plus générale, Patrick Martin reproche au ministère de l’Economie d’avoir “une “lecture trop exclusivement budgétaire et assez tronquée de la situation”. Le patron de l’organisation patronale craint notamment des destructions d’emplois en cascade. Et de traduire, au cas où Bruno Le Maire n’aurait pas compris le message : “Autant de cotisants en moins et autant d’indemnités en plus.”

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