En politique, il n’y a pas de petite victoire, quitte à grossir largement le trait. L’Insee a dévoilé mardi 30 avril sa première estimation de croissance pour le premier trimestre 2024 : le PIB a progressé de 0,2 %. Une bonne nouvelle, étant donné qu’en mars, l’institut de statistiques prévoyait dans sa dernière note de conjoncture un score nul. “A tous ceux qui veulent faire croire que notre économie est à l’arrêt : les faits sont têtus. La croissance française progresse. C’est un nouveau signe qui traduit la solidité de notre économie”, s’est rapidement félicité Bruno Le Maire.
Cette première estimation reste cependant conforme aux prévisions de la Banque de France. Surtout, elle ne change rien à l’acquis de croissance anticipé précédemment par l’Insee qui plafonnerait toujours à +0,5 % au premier semestre. Pour atteindre l’objectif de 1 % fixé par le gouvernement pour 2024, il va falloir cravacher. Cela supposerait que le PIB progresse d’au moins 0,7 % aux troisième et quatrième trimestres. Autant dire que la tâche s’annonce ardue.
Pour y parvenir, le ministre de l’Economie espère “une reprise de la consommation et des investissements des entreprises dans la dernière partie de l’année” à la faveur, notamment, du desserrement de la politique monétaire prévu en juin du côté de la Banque centrale européenne.
Mais là encore, il faudra patienter. Les hausses de taux décidées depuis 2022 ont toujours mis plusieurs mois à produire véritablement leurs effets sur l’économie. Il en va de même à la baisse. De plus, la plupart des économistes, tout comme le FMI, s’accordent à dire que l’activité ne devrait croître que de 0,7 % cette année. D’autant que le gouvernement s’est lancé dans une course à la réduction des dépenses publiques qui pourrait à terme entraver la croissance française. Et si la prévision de l’exécutif se révèle fausse, c’est une nouvelle salve d’économies qu’il faudrait aller chercher. Pas de quoi pavoiser donc.
