Défense européenne : qui possède l’arme nucléaire en Europe ?

Défense européenne : qui possède l’arme nucléaire en Europe ?

“Mettons tout sur la table et regardons ce qui nous protège véritablement de manière crédible”, a déclaré Emmanuel Macron dans un entretien avec de jeunes Européens publié samedi 27 avril par les journaux du groupe Ebra. Après un discours sur l’Europe jeudi 25 avril à la Sorbonne, le président français s’est une nouvelle fois dit prêt à “ouvrir le débat” d’une défense européenne qui comprendrait “la défense antimissile, les tirs d’armes de longue portée, l’arme nucléaire pour ceux qui l’ont ou qui disposent sur leur sol de l’arme nucléaire américaine”. Mais qui sont ces pays ?

Des Etats armés et d’autres qui hébergent des armes américaines

La construction d’une Europe de la défense est depuis très longtemps une ambition de la France, mais c’est l’Organisation du traité de l’Atlantique-Nord (Otan), dont sont membres 30 États européens sur 32 (dont 23 de l’Union européenne), qui assure en grande partie cette défense collective. L’invasion de l’Ukraine par la Russie depuis 2022 et le possible retour à la Maison-Blanche de Donald Trump ont relancé le débat sur une autonomie européenne en matière de défense. “Être crédible, c’est avoir aussi des missiles de longue portée qui dissuaderaient les Russes”, a ainsi ajouté le chef de l’Etat dans son interview.

Dans l’Union européenne (UE), la France est le seul pays à disposer de l’arme nucléaire. Le Royaume-Uni, sorti de l’UE en 2020, la possède également. Ailleurs en Europe, la Russie dispose quant à elle avec les Etats-Unis de 90 % des armes nucléaires mondiales.

Plusieurs Etats européens (l’Allemagne, la Belgique, l’Italie, les Pays-Bas), ainsi que la Turquie, hébergeraient des bombes américaines en tant que membres de l’Otan, selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri). L’institut estime que l’US Airforce a déployé “une centaine de bombes B61 en dehors des Etats-Unis en vue d’une utilisation potentielle par des avions de combat” exploités par ces membres de l’Otan sur six bases aériennes, bien que les armes restent sous la garde de l’armée de l’air américaine.

Au total en 2023, la France possédait 290 ogives déployées ou stockées, et le Royaume-Uni 225. La Russie, elle, disposait de 4 489 ogives, sans compter les armes retirées en attente de démantèlement.

“Contribuer davantage à la défense du sol européen”

“La dissuasion nucléaire” est “au cœur de la stratégie de défense française. Elle est donc par essence un élément incontournable de la défense du continent européen”, avait déclaré Emmanuel Macron lors de son discours à la Sorbonne jeudi 25 avril. Dans l’entretien publié samedi, le chef de l’Etat souligne que “la doctrine française est qu’on peut l’utiliser quand nos intérêts vitaux sont menacés. J’ai déjà dit qu’il y a une dimension européenne dans ces intérêts vitaux, sans les détailler car cette dissuasion concourrait à la crédibilité de la défense européenne”.

Emmanuel Macron ajoute que la France garderait “sa spécificité mais est prête à contribuer davantage à la défense du sol européen”. Des propos qui ont été critiqués dimanche par François-Xavier Bellamy, tête de liste Les Républicains aux élections européennes du 9 juin, et par le groupe parlementaire de La France insoumise dans un communiqué estimant que le chef de l’Etat “vient de porter un nouveau coup à la crédibilité de la dissuasion nucléaire française”.

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