Déficit public : Bercy relève sa prévision à 5,1 % en 2024

Déficit public : Bercy relève sa prévision à 5,1 % en 2024

Un dérapage budgétaire qui ne devrait pas se cantonner à l’année 2023. Bercy a dévoilé sa nouvelle trajectoire des finances publiques pour les prochaines années, avec des prévisions encore une fois peu encourageantes. L’exécutif anticipe désormais un déficit public de 5,1 % du PIB pour l’année 2024, au lieu de 4,4 % prévus antérieurement, selon les données du nouveau programme de stabilité communiquées mercredi par le ministère de l’Economie et des Finances, qui table toujours sur un retour à 2,9 % en 2027.

Le chiffre élevé du déficit 2024 est la conséquence du fort dérapage enregistré en 2023, où il a atteint 5,5 % du PIB au lieu des 4,9 % prévus, en raison de recettes bien plus faibles qu’espéré, a rappelé Bercy. Le retour sous les 3 % en 2027 (après 4,1 % en 2025 et 3,6 % en 2026), exigé par Bruxelles, serait soutenu par une croissance de 1,4 % en 2025, 1,7 % en 2026 et 1,8 % en 2027, selon Bercy, qui évoque “des signes de reprise”.

Quant aux 10 milliards d’euros qu’il faudrait encore débusquer cette année, en plus des 10 milliards d’économies sur le budget de l’Etat déjà annoncés en février, ils pourraient partiellement se trouver dans “des mises en réserve assez significatives” des ministères, selon Bercy. Mais il sera également demandé aux collectivités locales, “comme aux autres acteurs et aux autres collectivités publiques”, d’être “parties prenantes de ce redressement”, a prévenu le ministère. Bercy a qualifié les nouveaux objectifs annoncés mercredi “d’ambitieux mais crédibles”.

La dette, pour sa part, varierait peu d’ici à 2027 en pourcentage du PIB, passant de 112,3 % cette année à 112 %, mais la charge elle-même s’envolerait, passant de 46,3 milliards d’euros en 2024 à 72,3 milliards en 2027.

Tensions entre Bruno Le Maire et Emmanuel Macron

Cette annonce ne surprend pas vraiment. La semaine dernière, sur La Chaîne parlementaire, le rapporteur général du budget à l’Assemblée nationale, Jean-René Cazeneuve, avait déjà jugé “très probable que l’objectif de 4,4 % en 2024 ne soit plus du tout l’objectif prévu” dans le nouveau programme.

En février, pour rétablir d’urgence la situation, le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire avait annoncé dix milliards d’euros d’économies sur le budget de l’Etat cette année : c’est le maximum qui pouvait être taillé par décret, sans avoir à passer par une loi de finances rectificative au Parlement.

Selon une information du journal Les Echos, confirmée à l’Agence France Presse, Bruno Le Maire a fait passer à plusieurs parlementaires ce week-end un message en vue de la mise en place d’une telle loi de finances rectificative. Mais cette initiative, assurent Les Echos, a fortement mécontenté Emmanuel Macron et le Premier ministre, Gabriel Attal, qui ne sont pas sur cette ligne.

Mais faute de pouvoir prendre des mesures d’économies plus drastiques que les 10 milliards, il est logique que le déficit se résorbe très peu cette année, où la croissance n’est de surcroît attendue qu’à 1 %. Pour 2025, le gouvernement a déjà annoncé 20 milliards d’économies sur l’ensemble des trois postes (Etat, sécurité sociale, collectivités).

“Plan caché”

Les collectivités semblent de leur côté largement récalcitrantes à ces nouvelles économies, et ont expliqué ce mardi à Bruno Le Maire, lors d’une réunion à Bercy, qu’elles avaient déjà “largement donné”. Il n’est par ailleurs toujours pas question d’augmenter les impôts pour combler le trou, comme Gabriel Attal et Bruno Le Maire l’ont répété en chœur mardi lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale. “Nous ne voulons pas augmenter les impôts des Français, pas pour “faire des cadeaux aux riches”, mais parce que la stabilité fiscale permet aux entreprises d’investir, de créer des emplois, de relancer la puissance économique française”, a affirmé le ministre de l’Economie et des Finances.

Gabriel Attal a cependant lancé la semaine dernière une “task-force” parlementaire chargée de faire des propositions pour taxer “les rentes”, notion encore à définir. De quoi inciter une partie de l’opposition à dénoncer un double discours du gouvernement. “On sait déjà que le gouvernement a menti […] pour le budget 2024, on a le sentiment qu’il nous ment encore sur les mesures qu’il compte proposer”, s’est agacé mercredi Olivier Marleix, président du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale, sur Franceinfo.

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