Départ à la retraite : nos conseils pour se dégager un complément de revenus

Départ à la retraite : nos conseils pour se dégager un complément de revenus

Il n’y a pas d’âge pour commencer à épargner dans la perspective de sa retraite. Tel est le discours que vous tiendront la plupart des conseillers. A juste titre car, en matière d’investissement, les petits ruisseaux forment les grandes rivières. De ce fait, “mettre ne serait-ce que 50 euros de côté par mois en début de carrière est déjà un bon début”, souligne Catherine Costa, directrice de l’ingénierie patrimoniale chez Milleis Banque Privée. Ce n’est toutefois pas évident car, à ce stade de sa vie, les rentrées financières sont généralement limitées et les projets, nombreux. Néanmoins, mieux vaut éviter de laisser le temps filer et se préoccuper de sa retraite dès que possible.

Combien épargner selon l’objectif visé ?

Une première étape consiste à mesurer ses besoins futurs. En fonction de la progression de sa carrière et de ses objectifs de vie, il faut essayer de comparer le niveau attendu de ses ressources avec le train de vie désiré. “Etant donné les enjeux et les réformes passées et à venir, il y a un risque important de voir les pensions se dégrader dans les prochaines années”, anticipe Bertrand Merveille, directeur général délégué de La Financière de l’Echiquier. Plus l’on se rapprochera de l’échéance et plus cette estimation pourra être affinée. Cela permettra de mieux évaluer le différentiel à combler. Surtout, ne faites pas l’impasse sur le quatrième âge. “Votre santé peut se dégrader très vite, pointe Cédric Marc, fondateur du cabinet de conseil en gestion de patrimoine Patrimonio Finance. Il faut prévoir une protection financière et juridique pour faire face à ce risque.”

Par où commencer ? La réponse diffère selon l’horizon que vous avez devant vous. Il faut donc procéder par étapes, tout en se rappelant qu’il n’est jamais trop tard pour agir !

A vingt ans de la retraite : s’endetter et prendre des risques

“Lorsque vous avez un horizon de placement long, il faut dynamiser son épargne sur les marchés actions, recommande Catherine Costa. Et si vous êtes éloigné de ces sujets, vous pouvez déléguer la gestion de votre portefeuille.” C’est alors votre banque ou votre assureur qui prendra en charge sa répartition et son pilotage quotidien, selon un profil de risque qui vous correspond. La mise en place de versements programmés est recommandée. “Investir régulièrement sur le long terme permet de se constituer un capital progressif et d’amortir les fluctuations des marchés financiers”, explique Cécile Gallizzi, conseillère en gestion de patrimoine au sein du cabinet DG Finances.

Pour cela, plusieurs enveloppes peuvent se combiner : le plan d’épargne en actions (PEA), l’assurance-vie et le plan d’épargne retraite (PER). Dédié aux actions européennes, le PEA bénéficie d’une fiscalité imbattable à la sortie puisque les gains sont seulement soumis aux prélèvements sociaux. Quant à l’assurance-vie, elle est incontournable. “De nombreux chefs d’entreprise se préoccupent tardivement de leur retraite, une fois leur activité cédée, relate Marie-Laure Decobert, ingénieure patrimoniale chez Swiss Life Banque Privée. L’assurance-vie leur permet de satisfaire un besoin de revenus complémentaires tout en optimisant leur transmission future.”

Ensuite, place au PER. Créé en 2019, ce dernier présente plusieurs caractéristiques attractives : les versements sont déductibles des revenus (mais l’impôt vous rattrape à la sortie) ; vous pourrez récupérer votre épargne en capital ou sous la forme d’une rente, et il existe plusieurs cas de déblocages anticipés pour faire face aux coups durs ou pour acheter sa résidence principale. “Le PER revêt beaucoup d’intérêt pour les personnes avec des revenus élevés qui vont pouvoir déduire leurs versements du revenu imposable”, note Guillaume Gimbal, directeur de la gestion de fortune chez Swiss Life Banque Privée.

Pour les salariés du privé, il ne faut pas oublier l’épargne salariale mise à disposition dans de nombreuses sociétés, via des plans d’épargne entreprise et des PER collectifs. “Ces dispositifs sont aussi très avantageux pour les dirigeants, indique Cécile Gallizzi. Pour un investissement de 100 euros, l’entreprise peut verser jusqu’à 300 euros déductibles des charges. En mettant en place de la participation et de l’intéressement, l’effet de levier est extraordinaire. Et il suffit d’avoir au moins un salarié.”

Enfin, à vingt ans de l’échéance, il faut profiter de sa capacité d’endettement pour miser sur l’immobilier. “L’effet de levier du crédit permet de se constituer un patrimoine sans nécessairement disposer des capitaux sur son compte courant”, rappelle Cécile Gallizzi. Si vous êtes fortement imposés, vous pouvez opter pour une acquisition en nue-propriété. “Cela permet d’acquérir un patrimoine à prix décoté, sans revenus locatifs, donc sans impôt sur le revenu, et qui n’entre pas dans l’assiette de l’impôt sur la fortune immobilière”, détaille Elise Moras, directrice des études de l’ingénierie patrimoniale de Meeschaert Gestion Privée.

Il faut toutefois savoir raison garder. “Dans le patrimoine des ménages, la part de l’immobilier est souvent trop importante, alerte Bertrand Merveille. Or, le marché de la pierre n’est pas immunisé contre le ralentissement économique.” Et en cas de besoin d’argent urgent, il n’est pas toujours aisé de revendre une maison…

A quelle vitesse s’épuise un capital ?

A dix ans de la retraite : épargner à plein

C’est normalement la période de la vie ou les revenus professionnels sont au plus haut. Avec l’horizon de la retraite qui se rapproche, il faut gonfler au maximum les enveloppes souscrites précédemment.

Si vous n’avez pas fait le plein côté pierre, vous pouvez encore miser sur les sociétés civiles de placement immobilier (SCPI). Ces dernières peuvent s’acquérir en direct ou à crédit sur des durées relativement courtes. “Ce type d’investissement était plus intéressant avant la remontée des taux d’emprunt, mais il reste intéressant car nous obtenons des taux inférieurs au rendement des SCPI financées, relate Cécile Gallizzi. De plus, les intérêts d’emprunt sont déductibles des revenus perçus.” Autre option : le démembrement, tout à fait réalisable sur une durée de dix ans.

Enfin, il est encore temps de prendre du risque. “La décennie des 50 ans est idéale pour investir en private equity [NDLR : prise de participation dans le capital de PME non cotées], estime Cédric Marc. A dix ans de la retraite, se forcer à épargner à plein pendant quatre ou cinq ans permettra d’obtenir un complément de revenus significatif grâce à la plus-value espérée.” Pour y accéder, ces véhicules nécessitent généralement 100 000 euros, mais les capitaux doivent être versés progressivement : il faut donc être en capacité d’apporter un quart de cette somme chaque année. De plus, il est recommandé de diversifier son investissement sur 3 ou 4 produits. Le montant total à immobiliser s’avère donc important. Si l’on ne dispose pas de telles sommes, il est possible de jouer la carte du private equity dans certains contrats d’assurance-vie, qui donnent accès à ce type de fonds pour quelques milliers d’euros seulement. Revers de la médaille : le potentiel de gain sera moindre.

A cinq ans de la retraite : viser le rendement et diversifier

L’échéance approchant, se pose alors la question de commencer à réduire la part de risque dans vos placements. “Il faut sécuriser la partie qui sera indispensable pour se dégager des revenus complémentaires afin d’éviter d’avoir à baisser son train de vie”, indique Elise Moras. Heureusement, le paysage actuel offre des supports intéressants. “Le marché monétaire sert 4 % de rendement actuellement et les fonds obligataires délivrent 5 à 8 % par an sous la forme de coupons réguliers”, décrit Guillaume Gimbal.

Mais il est inutile de se désensibiliser complètement. “Vous n’aurez pas besoin de récupérer la totalité de vos capitaux dès le départ à la retraite, explique Bertrand Merveille. Il faut idéalement continuer à capitaliser sur des actifs risqués tout en prévoyant de réduire ces derniers petit à petit.”

Une astuce : si vous avez des sommes à placer, il peut être pertinent de les verser sur un nouveau contrat d’assurance-vie dans lequel piocher d’ici à huit ans. En effet, lorsque vous effectuez des rachats, seule la quote-part d’intérêts incluse dans ces derniers est imposée. “Un nouveau contrat aura accumulé moins de performances, donc les gains seront faibles et le retrait sera moins taxé”, relate Catherine Costa. Un stratagème utile si le montant des retraits anticipés dépasse les plafonds d’exonération (4 600 euros par an pour un célibataire, 9 200 euros pour un couple).

Enfin, ce peut être le moment d’anticiper la sortie de son PER et de vous poser la question de la rente viagère si vous avez peu de patrimoine à côté. “Transférer son risque de survie à l’assureur peut être astucieux”, considère Cédric Marc. En effet, dans ce cas, vous abandonnez votre capital à la compagnie contre un revenu à vie.

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