Des villes mal préparées face au dérèglement du climat ? L’alerte de la Cour des comptes

Des villes mal préparées face au dérèglement du climat ? L’alerte de la Cour des comptes

35,5 °C à Paris, 41 °C à Lyon, 43,2 °C à Carcassonne… De l’avis de nombreux experts, ces pics de chaleur enregistrés l’été dernier dans plusieurs villes de l’Hexagone sont un avant-goût de ce qui nous attend fréquemment dans le futur, avec une question en suspens : sommes-nous prêts à y faire face ? Pour la Cour des comptes, dont le rapport annuel est publié ce mardi 12 mars, la réponse semble évidente : nous ne le sommes pas encore.

Et pour cause, les villes françaises n’auraient adopté que “tardivement” des stratégies d’adaptation au changement climatique, prévues notamment dans les “plans climat-air-énergie territoriaux” (PCAET). Élaborée par les intercommunalités de plus de 20 000 habitants, cette planification est, par ailleurs, loin de faire l’unanimité. Dans leur rapport, les Sages de la rue Cambon étrillent des stratégies qui ne répondraient “que partiellement” aux enjeux identifiés.

Paris, ville “la plus exposée en cas de canicule”

À en croire la Cour des comptes, les plans s’appuient sur des diagnostics incomplets qui, de surcroît, ne prennent pas suffisamment en compte les effets du changement climatique. Certains manqueraient même de données scientifiques.

Dans ce rapport au vitriol, le gendarme budgétaire cible les pouvoirs publics, et appelle l’Etat à définir clairement les “étapes à franchir” et les “objectifs à atteindre” afin de faciliter l’émergence de “transformations structurelles”. “L’Etat ne joue pas correctement son rôle de stratège, qui consiste à fixer des objectifs clairs et à définir une trajectoire pour les atteindre”, estime auprès de nos confrères du Monde le président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici.

D’autant que face aux nombreuses manifestations du dérèglement climatique éprouvées ces dernières années par les Français – canicules, incendies, inondations- les solutions se font plus que jamais attendre. Davantage encore à l’heure où Paris vient d’être couronnée du titre de capitale européenne “la plus exposée en cas de canicule”.

Végétaliser, la solution ?

En revanche, la Cour des comptes salue les efforts des villes françaises en matière de végétalisation, une méthode dont l’efficacité climatique n’est plus à démontrer. Toutefois, le chemin est encore long pour atteindre l’objectif fixé par la Commission européenne en 2023 : celui d’atteindre “au moins 10 %” dans les villes d’ici à 2050.

Objectif réalisable, selon le gendarme budgétaire, qui table sur un budget total de 3,6 milliards d’euros pour planter 2,4 millions d’arbres sur l’ensemble des communautés urbaines de l’Hexagone. Le coût annuel de l’opération s’élève à quelque “360 millions d’euros”. Un effort jugé “soutenable” par l’institution de la rue Cambon qui ne perd toutefois pas de vue l’importance de mobiliser “du foncier privé”.

Parmi les autres défis majeurs pointés par la Cour des comptes : celui d’éviter la “mal adaptation” fait quasiment office de priorité. Car la multiplication d’installation de climatiseurs individuels qui rejettent de l’air chaud à l’extérieur ne ferait par exemple qu’augmenter les effets d’îlots de chaleur urbain. Raison pour laquelle, la Cour presse les pouvoirs publics à étudier entre autres, l’option du déploiement de réseaux de froid urbain.

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