Elections européennes : pourquoi certains politiques s’inscrivent-ils en position “non-éligible” ?

Elections européennes : pourquoi certains politiques s’inscrivent-ils en position “non-éligible” ?

Il y a d’abord eu Jean-Luc Mélenchon, le 16 mars 2024. Puis l’ancien président de la Commission de la pêche au Parlement européen et membre de Renaissance, Pierre Karleskind. Alors que les élections européennes auront lieu du 6 au 9 juin sur le continent (le dimanche 9 en France), plusieurs personnalités politiques ont annoncé s’inscrire sur les listes de leur camp respectif en position “non-éligible”, c’est-à-dire sans aucune chance d’être élu. “Sur ma liste, sera présent Jean-Luc Mélenchon, qui sera en 80e position pour pousser et donner de la force à cette liste”, avait notamment annoncé Manon Aubry, la tête de liste de La France insoumise, donnée autour de 7 ou 8 % dans les sondages, bien loin du Rassemblement national (30 %).

Pour comprendre ce soutien symbolique, il faut revenir au fonctionnement des élections européennes. Les 81 eurodéputés français seront élus au suffrage universel direct à un tour pour un mandat de cinq ans, selon les règles de la représentation proportionnelle à scrutin de liste à la plus forte moyenne. Traduction : les listes qui ont obtenu plus de 5 % des suffrages remportent un nombre de sièges proportionnel à leur nombre de voix. Avec 22 listes d’environ 80 candidats en lice, impossible donc d’envisager d’être élu si son nom est inscrit en bas de la liste.

Pour Manon Aubry, le ralliement de Jean-Luc Mélenchon est donc un moyen de crédibiliser sa candidature, l’ancien candidat de gauche à la présidentielle de 2022 ayant réalisé 22 % des suffrages. Interrogée à ce sujet sur RTL le 12 avril dernier, la tête de liste qui a décroché six sièges aux élections européennes de 2019 se disait “assez fière” d’avoir “une voix qui porte” au sein de cette campagne. “Vu de ma position de députée européenne, il y a beaucoup de pays qui nous envient et qui aimeraient bien avoir un Jean-Luc Mélenchon qui fait tenir la gauche debout”, avait-elle notamment déclaré.

De possibles tractations politiques

Mais la position de non-éligibilité peut aussi cacher de possibles tractations politiques. Alors que le Brestois Pierre Karleskind, l’un des premiers à claquer la porte du PS pour rejoindre les rangs de La République en Marche, se disait “partant pour un second mandat” de député européen en janvier dernier, il figure finalement en 30e position sur la liste de Renaissance, menée par Valérie Hayer. Océanographe de profession, sa connaissance du milieu maritime et sa force de travail semblaient pourtant présenter des atouts pour porter le camp présidentiel, rappelle Ouest-France. “Il ferait en fait les frais d’une forte présence du MoDem, le parti de François Bayrou, dans les premières places de la liste”, ainsi que du parti d’Edouard Philippe, Horizons, dont la candidate Nathalie Loiseau figure à la cinquième place, précise le quotidien.

Sur X, Pierre Karleskind a toutefois sauvé la face. “Militant convaincu et fan de Valérie Hayer, j’ai souhaité pouvoir apporter mon soutien plein et entier à la liste Besoin d’Europe en y figurant à la 30e position”, a-t-il notamment commenté, après avoir évoqué une “mission nouvelle” confiée par le président lui-même pour l’après-élections européennes.

Avant son nom, la liste de la majorité comporte notamment ceux de Bernard Guetta et de Pascal Canfin, le président de la commission environnement au Parlement européen, ou encore celui de Gilles Boyer, ancien conseiller spécial d’Edouard Philippe. Avec 16,5 % des intentions de vote, la liste de Valérie Hayer a connu ces derniers jours une légère hausse.

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