En Bourse, la revanche symbolique de Renault sur Nissan

En Bourse, la revanche symbolique de Renault sur Nissan

En vingt-cinq ans de tumultueuse union, Nissan a dû en faire plus d’une fois la preuve de sa position de force. La faible valorisation boursière de Renault ne plaidait-elle naturellement en faveur d’un rééquilibrage de l’Alliance ? Après la crise financière de 2008 et l’invasion russe en Ukraine en 2022, la chute de l’action a même fait dégringoler la capitalisation du groupe au losange en dessous de la valeur de sa participation dans Nissan.

Qu’importent ses 100 000 salariés dans le monde, capables de vendre 2 à 3 millions de voitures chaque année, d’innover dans l’électrique et l’économie circulaire : pour les marchés financiers, le constructeur tricolore a toujours été faiblement valorisé… Voire pas du du tout. “Outre la complexité de son alliance, Renault a longtemps été victime de la décote appliquée aux conglomérats ou aux holdings, où le tout est souvent inférieur à la somme de ses parties”, observait l’année dernière un analyste auprès de l’agence Reuters, en référence aux activités automobiles de Renault, à sa banque et à ses parts dans le constructeur japonais. Pour la rationalité des marchés financiers, on repassera.

Mais depuis peu, la vapeur s’est renversée. La capitalisation de Renault a percé son plafond de verre autour de 10 milliards d’euros et dépasse quasiment d’un milliard d’euros celle de Nissan – à 14,7 milliards d’euros le 11 avril, contre l’équivalent de 13,9 milliards d’euros côté japonais. Le quasi-divorce acté en janvier par les partenaires de l’Alliance permet manifestement aux marchés d’y voir enfin clair. Cette inversion boursière symbolique a surtout pour vertu de témoigner des efforts du constructeur tricolore en vue de sortir des temps sombres dans lesquels l’avait plongé l’arrestation de son ex-PDG Carlos Ghosn en 2018. Ce, au moment où son concurrent japonais pâtit de son exposition à la Chine et du vieillissement de ses modèles.

Après avoir frôlé la sortie de route, le groupe tricolore s’est targué de performances “historiques” pour l’année écoulée, qui tiennent beaucoup à sa montée en gamme. Ses projets dans l’électrique abordable – autour de 20 000 euros tout de même – suscitent de l’intérêt, jusqu’à ses concurrents. Son directeur général Luca de Meo a confirmé au site Automotive News être en discussions avec Volkswagen autour d’un petit modèle à batteries pour le marché européen. De quoi augurer d’un possible futur projet commun. Après sa coentreprise avec le chinois Geely il y a un an, le français s’est rapproché au début du mois d’avril de l’armateur CMA-CGM et de son concurrent suédois Volvo, lui-même propriété de Geely, pour plancher sur des utilitaires électriques. Des alliances, mais avec un petit “a”, pour se faire une place dans le marché électrique de la voiture à batteries.

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