En Slovaquie, Peter Pellegrini remporte la présidentielle : le pays bientôt sur la “voie Orban” ?

En Slovaquie, Peter Pellegrini remporte la présidentielle : le pays bientôt sur la “voie Orban” ?

Les analystes s’attendaient à un résultat plus serré. Ça n’a pas été le cas. L’allié du gouvernement populiste, Peter Pellegrini, a remporté, ce samedi 6 avril, l’élection présidentielle en Slovaquie, devançant largement lors du second tour le diplomate pro-européen Ivan Korcok, selon des résultats quasi-définitifs. Peter Pellegrini, un économiste de formation, a obtenu 53,20 % des voix, contre 46,80 % pour Ivan Korcok, d’après les chiffres publiés par l’Office slovaque des statistiques portant la quasi-totalité (99,8 %) des suffrages.

“C’est une grande satisfaction”, a déclaré Peter Pellegrini dans un discours devant ses sympathisants. “Je veux être un président qui défendra les intérêts nationaux de la Slovaquie”, a-t-il souligné. Il a assuré vouloir tout faire “pour que la Slovaquie reste du côté de la paix et non du côté de la guerre”. L’invasion de l’Ukraine par la Russie a été un des éléments clefs de la campagne électorale dans ce pays de 5,4 millions d’habitants, notamment depuis que le Premier ministre populiste Robert Fico, allié de longue date de Peter Pellegrini, a remis en cause la souveraineté de Kiev et appelé à la paix avec Moscou. Depuis son retour au pouvoir en octobre 2023, Robert Fico a stoppé toute donation d’armes à Kiev, limitant le soutien à son voisin à l’”aide humanitaire et civile”.

Peter Pellegrini a été ministre dans les précédents gouvernements de Robert Fico. Il l’a même remplacé au poste du Premier ministre après la chute de son gouvernement en 2018, à la suite du meurtre du journaliste d’investigation Jan Kuciak et de sa fiancée, abattus à leur domicile. Le double meurtre avait déclenché une vague de protestations à travers le pays qui avait contraint Robert Fico à démissionner. Dans son dernier article, publié à titre posthume, Jan Kuciak avait révélé des liens entre la mafia italienne et le gouvernement Fico.

“Une campagne non transparente”

En place depuis octobre, l’actuel gouvernement, composé du parti Smer-SD de Robert Fico, du parti Hlas-SD de Peter Pellegrini et du petit parti d’extrême droite SNS, a également interrompu l’aide militaire à l’Ukraine voisine. “Si Pellegrini gagne, la Slovaquie pourrait suivre la’voie Orban'”, estimait avant le scrutin, auprès de l’AFP, l’analyste Tomas Koziaka, faisant référence au Premier ministre hongrois Viktor Orban, favorable au Kremlin.

Samedi soir, Ivan Korcok a reconnu sa défaite et a félicité son adversaire. “Je tiens à féliciter le vainqueur de l’élection, Peter Pellegrini”, a déclaré à la presse et à ses sympathisants cet ancien ministre des Affaires étrangères. Il a également exprimé son espoir que “Peter Pellegrini sera indépendant et qu’il agira selon ses propres convictions et sans ordres”, faisant allusion claire à la proche relation entre le futur président et le chef du gouvernement Robert Fico. Mais il a aussi reproché à son adversaire “une campagne non transparente”.

Un pouvoir limité

“Il s’avère qu’il est possible de devenir président de la République slovaque en propageant la haine”, a-t-il lancé, reprochant à Peter Pellegrini et son camp de l’avoir présenté lors de la campagne comme un “candidat de guerre”, favorable à l’engagement de la Slovaquie dans le conflit en Ukraine. Peter Pellegrini remplacera donc la présidente libérale Zuzana Caputova. Bien que ses pouvoirs soient limités, le président ratifie les traités internationaux, nomme les principaux juges et est le commandant en chef des forces armées. Il peut également mettre son veto aux lois adoptées par le Parlement.

Peter Pellegrini, qui parle également le russe, l’allemand et l’anglais, deviendra officiellement président slovaque le 15 juin. Ce célibataire a été surnommé il y a quelque temps “l’homme politique le plus sexy de Slovaquie” par des magazines féminins. Lors de l’annonce de sa candidature, il a déclaré qu’il vivait seul, ajoutant : “Si je suis élu président, je ne serai pas accompagné d’une première dame ou de quiconque.”

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