Gabriel Attal, Premier ministre ou porte-parole du gouvernement ?

Gabriel Attal, Premier ministre ou porte-parole du gouvernement ?

On l’avait pourtant crié sur tous les toits : le “show Attal”, c’était ce mercredi 3 avril, à 14 heures pétantes ! Certains l’auraient-ils oublié ? Le principal intéressé, lui, s’attendait-il à retrouver les travées de l’hémicycle si clairsemées ? Les quelques assidus applaudiront tout de même, non sans ironie, l’arrivée du Premier ministre au Palais Bourbon. Car c’est son jour, aujourd’hui : il est seul à répondre aux questions de la représentation nationale. Et Gabriel Attal, dont l’agitation nerveuse de la jambe sous le pupitre trahit l’anxiété, “est ravi de pouvoir expérimenter ce nouveau format”, lui qui “accepte toujours les propositions qui [lui] sont faites”. Au menu, côté députés, une douzaine de prises de paroles d’élus de la majorité et des oppositions. Le chef de gouvernement, pour l’occasion, a une garde-robe lourdement chargée de quinze casquettes différentes. Et cette mission : “Booster l’intérêt pour les QAG (questions au gouvernement).” Alors soit, “la parole est à Monsieur le Premier ministre”.

Temps de l’exercice : 45 minutes ; ressenti : deux heures. L’Assemblée, elle, s’est remplie au compte-goutte, sans que l’on puisse dire que l’exercice ait déchaîné les curiosités. Et Gabriel Attal, dont l’imprécision de certaines réponses a agacé les oppositions, a davantage revêtu ses anciens habits de porte-parole du gouvernement que ceux d’un Premier ministre multi-casquettes. Voilà pour le premier bilan des courses.

Les principales oppositions se sont refusées à offrir au soliste les conditions du spectacle. Exit les prises de parole des poids lourds et autres présidents de groupe. Voilà le Rassemblement national, représenté par le député du Nord, Sébastien Chenu – Marine Le Pen s’est carapatée à la mi-séance – taclant les choix budgétaires de l’exécutif, “un air de flûte qui n’a rien d’enchanté pour les Mozart de la finance”. Ou La France Insoumise, par la voix d’Adrien Quatennens, interpellant l’exécutif sur le chômage en France. Gabriel Attal seul sur scène, face aux seconds couteaux. Le Premier ministre fera avec, campagne européenne en ligne de mire. Alors il cogne. Sur le premier, dont le parti creuse l’écart avec la formation présidentielle : “Avec vous, ce serait le crépuscule des retraites et la dette enchantée !” Puis sur les Insoumis, pour la forme : “Pas la peine de hurler pour m’empêcher de parler ! Utilisez votre voix pour aller crier ailleurs ou je ne sais où, dans une manifestation !”

En descendant du perchoir, la présidente de l’Assemblée nationale, Yael Braun-Pivet, sonde ses collègues : “Alors, c’est bien ou pas bien ? Bon, on verra bien sur cinq séances.” Allez, encore quatre mercredis…

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