Japon : l’inquiétante augmentation des infections au streptocoque A

Japon : l’inquiétante augmentation des infections au streptocoque A

Après la fin de la pandémie de Covid-19, le Japon se retrouve à nouveau confronté à la multiplication inquiétante d’infections streptococciques, comme le rapporte The Guardian, poussant 27 des 47 départements de l’archipel à se mettre en alerte rouge. La bactérie à l’origine de ces infections, le streptocoque A, est la plupart du temps (80 %) responsable de pathologies bénignes comme l’angine, l’impétigo ou la scarlatine.

Mais elle peut aussi être à l’origine d’un syndrome de choc toxique streptococcique (SCTS), dont le taux de mortalité s’élève entre 30 et 70 %, selon la chaîne nippone TBS. En 2023, le pays avait recensé un nombre record de 941 cas de SCTS. 474 cas ont déjà été enregistrés entre le 1er janvier et le 10 mars 2024, poursuit la chaîne, signe que la situation s’aggrave rapidement. Seulement deux départements du pays ne sont pas touchés.

Dans le cas des formes sévères, la bactérie va s’attaquer au muscle du patient. “Son extension peut nécessiter l’excision chirurgicale des tissus nécrosés ou même l’amputation d’un membre”, explique le Centre français de référence des streptocoques (CNR), ce qui a valu à ce streptocoque A le surnom de “bactérie mangeuse de chair”. “Ces infections invasives surviennent sur des personnes de tout âge, sans facteur prédisposant”, poursuit le CNR.

Ce pathogène a un fort potentiel épidémique et se transmet par voie aérienne, par contact direct ou indirect avec des patients atteints de lésions cutanées ou souffrant d’une angine, par exemple. “Il existe encore de nombreux facteurs inconnus concernant les mécanismes à l’origine des formes fulminantes (sévères et soudaines) de streptocoque, et nous n’en sommes pas au stade où nous pouvons les expliquer”, a déclaré l’Institut national des maladies infectieuses au Japon.

Reprise des gestes barrières

La recrudescence de cette maladie au Japon pourrait toutefois s’expliquer par la récente levée des gestes barrières anti-Covid. Le même phénomène avait été observé fin 2022 en Europe, et notamment en France. “Ces augmentations pourraient résulter, au moins en partie, d’un rebond post-mesures barrières, notamment chez des enfants dont le système immunitaire n’a pas été au contact avec les souches de SGA qui circulent habituellement”, écrivait Santé publique France en mars 2023.

D’après l’Institut Pasteur, plus globalement, ces infections invasives sont en augmentation depuis 2000, le taux d’incidence en France ayant augmenté de 1,2 à 3,3 cas pour 100 000 habitants.

Au Japon, le ministère de la Santé a appelé la population à reprendre les gestes sanitaires de base. “L’infection se transmet par le contact physique et via les gouttelettes. Il est donc important de se désinfecter les mains et de se couvrir la bouche quand on tousse [pour protéger les autres]” avance le ministère, cité par le quotidien Mainichi Shimbun.

Pour l’heure, il n’existe pas de vaccin contre les infections à streptocoques A. Les antibiotiques restent le traitement de référence. Cependant, “on assiste depuis plusieurs années à l’augmentation de la résistance à certaines familles d’antibiotiques”, déplore l’Institut Pasteur sur son site.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *