La France plus attractive que l’Angleterre ? Pourquoi Londres n’a pas dit son dernier mot

La France plus attractive que l’Angleterre ? Pourquoi Londres n’a pas dit son dernier mot

Depuis le schisme du Brexit en 2020, la France s’efforce de tirer la couverture à elle. Avec pas loin de 1 200 implantations ou extensions d’entreprises annoncées en 2023, le pays a conforté sa place de numéro un du classement européen établi par EY, devant le Royaume-Uni et l’Allemagne, qui affichent respectivement 985 et 733 projets d’investissements étrangers (IDE). Pour autant, on aurait tort de jeter le bébé avec l’eau de la Tamise. La compétitivité anglaise a certes accusé le coup. Mais à l’échelle des villes, l’incontournable métropole londonienne demeure la plus attractive d’Europe en nombre d’IDE.

Surtout, la City sait attirer les investissements les plus stratégiques : sièges sociaux, firmes de la finance et champions de la tech y prospèrent. Ainsi, 88 projets de quartiers généraux ont été recensés au Royaume-Uni en 2023, contre 71 pour la France, localisés pour l’essentiel dans les capitales et leurs environs. “Dans le secteur financier, l’écart est encore plus saisissant”, pointent les auteurs de l’étude : 39 nouveaux projets dans l’Hexagone, en baisse de 13 % sur un an malgré de belles prises de guerre comme le fonds singapourien Temasek, contre 108 outre-Manche, un chiffre en hausse de 42 %. “Le Brexit n’a pas entamé la très forte concentration de la finance dans le Grand Londres, qui représente de l’ordre de 500 000 emplois”, constate Marc Lhermitte, associé chez EY.

Stratégie défensive

Dans le numérique aussi, la France est distancée, avec près de deux fois moins de projets dans les tuyaux. Il faut dire que les start-up du secteur savent où trouver les capitaux nécessaires à leur croissance. Le dernier baromètre EY du capital-risque avait estimé à plus de 16 milliards d’euros les fonds levés par les “pépites britanniques”. Deux fois plus que pour la French Tech.

Pas de quoi crier Cocorico, donc. Mais “Paris monte en puissance face à une stratégie de Londres plus défensive”, estime Marc Lhermitte. L’économie tricolore est plus diverse. Les cinq premiers secteurs d’activité ne rassemblent que 45 % des projets d’IDE accueillis en 2023, contre 62 % au Royaume-Uni. Avec ses lycées internationaux et un régime fiscal avantageux pour les impatriés, la région parisienne, en particulier, a su séduire les grandes banques internationales désireuses de poser un pied en Europe continentale.

Allègement des charges sociales sur les bas salaires, réformes du droit du travail : EY reconnaît les efforts réalisés ces dernières années par la France. Reste que, sur la question de la compétitivité, l’avantage demeure britannique. Le coût horaire du travail y est 1,5 fois moins élevé, pointe le cabinet de conseil, ce qui favorise des projets plus fertiles en emplois. Les investisseurs sondés ont aussi quelques griefs spécifiques. EY note que “pour attirer de plus gros projets et gagner en qualité”, notre pays serait bien avisé de progresser en matière d’automatisation et de célérité dans la délivrance des permis de construire et autres autorisations environnementales.

A quelques jours de la 7e édition de Choose France, l’Elysée se félicite d’un “engouement sans précédent” des investisseurs internationaux pour cet événement, avec un carnet de bal complet depuis plusieurs semaines. Mais si la France veut réduire l’écart avec son éternel meilleur ennemi, il n’y a pas de secret : “Il faut aller plus loin sur le volet fiscal”, confie l’associé d’EY. D’où la proposition de loi sur l’attractivité financière du député Alexandre Holroyd, en discussion au parlement. L’équation budgétaire laisse néanmoins peu de marge de manœuvre.

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