Ce second quinquennat à nul autre pareil est loin d’être terminé, pourtant, 2027 et sa cohorte de candidats putatifs s’avancent déjà. Le dernier remaniement avec Gabriel Attal à sa tête – et qui remet en selle Rachida Dati – en est un nouveau tournant. En coulisses, les uns apprennent à esquiver les croche-pattes, les autres se familiarisent avec l’art du complot, bref, tout le monde prépare l’après-Emmanuel Macron avec rigueur et détermination. Le service politique de L’Express propose de vous aider à suivre, grâce à un rendez-vous hebdomadaire sur notre site Internet, les progrès de ces ambitieux qui espèrent gravir, vite et sans se blesser, les marches du pouvoir.

La motion de censure et le dilemme de Liot

Censure or not censure avec les LR ? Chez Liot, qui était à 9 voix de faire tomber le gouvernement lors de la réforme des retraites, pas si simple d’édicter cette fois-ci une position commune. “On est partagés sur le timing : seul un quart du groupe est prêt à la voter avant les européennes”, explique un parlementaire qui observe l’autre quart du groupe qui, lui, n’aurait pas du tout intérêt à faire tomber le gouvernement avant le 9 juin. “L’UDI a signé un accord avec la majorité pour ces échéances, donc quelques-uns de nos collègues voudront sûrement se mettre en rang d’oignon.” Et le même de se triturer les méninges : “Dans le fond, je ne veux vraiment pas donner le point aux LR…” Pourquoi faire simple…

L’offensive Braun-Pivet

Yaël Braun-Pivet a déjeuné ce mercredi 10 avril avec François Bayrou. Au menu, la proportionnelle bien sûr, que la présidente de l’Assemblée nationale veut introduire pour les législatives dans les départements élisant 10 députés ou plus, et dont le président du MoDem est un ardent partisan. Elle rencontre actuellement chacun des présidents de groupe – elle verra Marine Le Pen jeudi – et a prévu d’en discuter avec Gérard Larcher à la fin du mois. Yaël Braun-Pivet était aux côtés d’Emmanuel Macron dimanche dernier, pour les commémorations des 80 ans de la Libération sur le plateau des Glières. Et le président l’a encouragée à continuer d’avancer.

Après le melon Jadot, la pastèque Glucksmann ?

La dynamique sondagière du candidat socialiste n’en finit plus d’accélérer, et il se rapproche toujours plus de Valérie Hayer, la tête de liste Renaissance. Dans l’entourage de Glucksmann, on bombe le torse et on se prend à imaginer qu’il finira bien par la dépasser le 9 juin dans les urnes. Et après ? François Hollande et ses proches voient déjà le réveil de la social-démocratie, et la petite musique du retour se fait plus forte. L’entourage d’Anne Hidalgo applaudit une campagne qui ressemble à celle de la socialiste en 2022, rien que ça. “C’est le problème avec les socialistes : dès qu’on reprend un peu d’oxygène, on se voit plus beau que beau”, s’inquiète une huile socialiste. Certains ont d’ores et déjà prévenu Glucksmann : attention au 10 juin, lendemain des européennes. “Le syndrome Jadot guette”, ajoute notre source, en référence à l’écologiste, fort de ses 13 % en 2019, qui s’est vu trop tôt sur le perron de l’Élysée. “La vitesse des toboggans électoraux, on la connaît au PS”, murmure un député socialiste. Raphaël Glucksmann nous a dit que son avenir est européen mais s’il fait 18 %, il devient un candidat putatif et aussi un acteur du rassemblement de la gauche. Il aura une responsabilité.” La saison du melon, de juillet à septembre, dans vos jardins et aussi dans les couloirs de la gauche.

Bardella, son livre et la Pléiade…

Une autobiographie à moins de 30 ans. Le domaine est d’ordinaire réservé aux stars de la téléréalité. Mais on le sait depuis plusieurs mois, Jordan Bardella, le président du Rassemblement national a décidé de se lancer dans l’exercice. L’ouvrage est prévu au lendemain des élections européennes du mois de juin. La com’ bien rodée s’est pourtant heurtée à quelques fuites dans la presse. L’Obs, d’abord, a révélé qu’il serait édité par l’ancienne éditrice d’Eric Zemmour, Lise Boëll, qui a rejoint Fayard. Le Monde, ensuite, que le journaliste Jean-François Achilli aurait prodigué quelques conseils… Bref le projet prend un peu l’eau, et au RN, on s’en moque allègrement. “Ça m’a l’air bien compliqué, lâche un cadre. Il va devoir changer d’éditeur, de titre, d’écrivain même peut-être. Il ferait mieux de se concentrer sur sa campagne.” Au-delà des péripéties qui l’entourent, c’est le projet de livre en lui-même qui suscite quelques moqueries. “Il est persuadé que le livre est un passage obligé, s’amuse un lieutenant de Marine Le Pen. Mais bon… Avant que Bardella soit à la Pléiade, on a le temps.”

… Et Bardella fait le tri pour la liste des européennes

C’est le grand ménage de printemps. A un peu plus d’un mois du dépôt de la liste finale pour les élections européennes, on fait le tri au Rassemblement national. Et la liste des eurodéputés sortants non reconduits s’allonge au fil des jours. Jean-Lin Lacapelle, d’abord, proche de Jordan Bardella a été informé qu’il ne ferait pas partie du dispositif. Cette semaine, au tour d’André Rougé, spécialiste des sujets d’Outre-mer et responsable des Horaces (ce club secret de hauts fonctionnaires qui conseillent Marine Le Pen) de se faire débarquer. Justification : “Il fait ch… tout le monde et survend en permanence son réseau Outre-mer.”

Place à la nouvelle génération : au-delà des ralliements médiatisés, les élections européennes sont aussi l’occasion de réconcilier les chapelles et de récompenser les fidèles. Les cathos ont eu droit à leur signal avec l’investiture de l’avocat Alexandre Varaut, les amateurs de respectabilité ont savouré l’arrivée de l’ancien haut fonctionnaire Fabrice Leggeri, et les militants historiques comme Gilles Pennelle (par ailleurs ancien membre de la formation identitaire Terre et Peuple) auront droit à leur place au soleil. La jeune garde devrait être traitée aussi. Dans les couloirs, on chuchote des noms. Celui de Gaétan Dussaussaye, responsable de la communication et proche de Jordan Bardella, de Pierre-Romain Thionnet, fidèle du chef, controversé pour ses penchants jugés trop identitaires, d’Andréa Kotarac, collaborateur de Marine Le Pen qui a commencé par se perdre à La France insoumise. “On sent quand même que ça gave Jordan tous ces aménagements, de devoir ménager les uns et les autres”, concède un résident du Parlement européen. Plus que quelques jours de patience pour les autres, puisque les 30 premiers noms de la liste devraient être dévoilés le 1er mai, lors du traditionnel rassemblement du parti d’extrême droite, qui se déroulera à Perpignan.

Quand Hanouna tente de constituer la liste LR

Eric Ciotti a l’habitude de discuter avec Laurent Wauquiez ou Gérard Larcher. Moins avec Cyril Hanouna, même si les deux hommes se connaissent. L’animateur de C8 a récemment passé un drôle de coup de fil au président des Républicains (LR). Lors de la conversation, la star de TPMP a plaidé pour la présence de Laurence Sailliet sur la liste LR aux élections européennes. “Il l’a appelé pour un autre motif, mais en a profité pour vanter ses qualités”, souffle un cadre LR. L’eurodéputée LR a en effet été chroniqueuse de son émission “Balance ton post !” pendant deux ans, avant d’entrer en septembre au Parlement européen. Elle y a remplacé Agnès Evren, élue au Sénat. L’influence de Cyril Hanouna a été vaine. Laurence Sailliet a annoncé au JDD qu’elle ne soutiendrait finalement pas la liste de François-Xavier Bellamy, soulignant ses nombreux “points de désaccord” avec l’élu.

Tondelier a la mémoire qui flanche

“Le matin même de l’élection, où il [Yannick Jadot] termine à 13,75 %, les sondeurs le donnent à 6 %”, a fait remarquer la secrétaire nationale des Verts Marine Tondelier sur France Inter, mardi. Loupé ! La tête de liste écolo aux européennes de 2019 était donnée à plus de 9 %, et terminera à 13,4 %. Mais bon, on se rassure comme on peut…