Livres : nos 10 recommandations de ce début d’année

Livres : nos 10 recommandations de ce début d’année

Melody

Par Martin Suter, traduit de l’allemand par Olivier Mannoni.

Phébus, 372 p., 23 €.

C’était en mars 2023, le Zurichois Martin Suter publiait son 15e roman, Melody. Immédiatement, ce dernier reçut les éloges de toute la presse en langue allemande et caracolait en tête des meilleures ventes du Spiegel. A juste titre. Publié aujourd’hui en France, chez Phébus, Melody est la preuve que l’auteur de Small World, du Cuisinier et d’un Ami parfait, grand maître du thriller acide et narquois, a la plume toujours aussi alerte malgré ses 75 ans. Avec Melody, il entraîne le lecteur dans le passé d’un ancien conseiller national, qui n’arrive pas à oublier la disparition, il y a plus de quarante ans, de sa promise d’alors, prénommée Melody. Quand s’ouvre le roman, Peter Stotz, faiseur de rois, est à la recherche d’un jeune homme « fiable et cultivé » apte à classer ses fonds. Tom Elmer, 30 ans, se présente et signe un contrat d’un an (durée de vie de Peter Stotz estimée par les médecins). Termes du contrat : 12 000 francs suisses par mois, logé et nourri. Des rangements, Tom va beaucoup en effectuer, mais il va aussi longuement écouter le vieil homme, verre de grand vin à la main, conter sa vie au coin du feu.

Un personnage haut en couleur que ce milliardaire calfeutré dans sa grande et belle demeure et entouré de quelques fidèles : Mariella, la gouvernante et cuisinière, qui concocte de savoureux plats italiens décrits par l’auteur avec gourmandise ; Roberto, le majordome, parfait de discrétion et d’efficacité ; Mme Favre, l’ex-préposée au classement ; et, bien sûr, Melody, la belle musulmane, dont le fantôme envahit la demeure et qu’on apprend à connaître au fil du récit de Peter Stotz. Ce dernier dit-il toute la vérité ? Peu importe. A l’instar de Tom, l’on est subjugués par la verve de cet énigmatique amoureux inconsolable et par l’ambiance de ce quasi-huis clos dans la haute société suisse chère à l’auteur. Marianne Payot

L’Inconnue du portrait

Par Camille de Peretti.

Calmann-Lévy, 366 p., 21,50 €.

Quand Camille de Peretti imagine la jeune femme peinte par Klimt

Il en faut du métier et du doigté pour jouer, d’un chapitre à l’autre, avec les temporalités, traitant de divers personnages et pays, sans perdre son lecteur. Camille de Peretti, qui n’aime rien tant que de passer d’un genre à l’autre, s’en sort à la perfection. Pour vous, lecteurs, nous exposerons ici les faits de façon chronologique. Tout part d’un tableau de Klimt, Portrait d’une dame, peint en 1910 et remanié (un repeint) en 1917, comme l’a mis au jour une étudiante en histoire de l’art en 1996. Dans la première mouture, une jeune et belle inconnue est coiffée d’un grand chapeau, a les épaules dénudées et porte une étole de (mauvaise) fourrure ; dans la seconde, le chapeau et l’étole ont disparu, un chignon sage apparaît. Mais l’incongruité ne s’arrête pas là : cette toile, acquise par le musée d’art moderne de Plaisance, en Italie, a été volée en 1997 avant d’être retrouvée par des jardiniers 20 ans plus tard dans… un sac-poubelle de ce même musée.

Une histoire rocambolesque à partir de laquelle Camille de Peretti a donné libre cours à son imagination en donnant une identité à la jeune portraiturée et à sa descendance. Nous sommes donc dans la Vienne du début du siècle. Pour subvenir à ses besoins, Martha se fait embaucher à 15 ans dans une riche famille et… engrosser par Franz, le fils de famille. C’est elle que Klimt a peinte. Et c’est elle, selon la romancière, qui mourra de la grippe espagnole alors que son fils, Isidore, n’a que neuf ans. Quand on retrouve Isidore, il est cireur de chaussures à Wall Street. Mais le jeune homme n’a pas les deux pieds dans le même sabot, il a l’oreille fine et l’instinct sûr. Il boursicote, noue un bon mariage et deviendra bientôt un magnat de l’industrie. Il sera aussi question de test ADN, d’une fille non désirée (ressemblant étrangement à la belle inconnue), du vol du fameux tableau, etc. Nul doute, Camille de Peretti a choisi pour son neuvième roman une voie hautement romanesque. M. P.

Premières Plumes

Par Charlie Gilmour, traduit de l’anglais par Anatole Pons-Reumaux.

Métaillié, 306 p., 22,50 €.

Saviez-vous qu’une pie se reconnaît dans le miroir ? Qu’elle possède l’intelligence d’un enfant de deux ans, parfois plus ? Charlie, le narrateur de ce roman, l’ignorait aussi jusqu’à ce que la sœur de sa compagne Yana ramène à leur domicile un oisillon tombé de son nid dans une zone industrielle de Londres. Le couple la renomme Benzene en raison de ses plumes bleu pétrole, et une étrange cohabitation commence avec ce volatile de moins en moins farouche, qui chaparde et cache tout ce qui brille et préfère la compagnie de ses hôtes bipèdes à celle de ses congénères. Ce qui va très bien à Charlie, jeune homme de 27 ans au parcours chaotique, pas totalement entré dans l’existence et se posant mille et une questions sur la paternité vu que son père déserta le nid familial à sa naissance.

Premier roman (autobiographique ?) et best-seller outre-Manche, Premières plumes est une fiction d’une grande délicatesse sans être mièvre, qui montre que les chiens chers à Cédric Sapin-Defour (Son odeur après la pluie) n’ont pas le monopole des témoignages littéraires quant aux singulières relations homme/animal. Le récit est également une quête des origines, qui verra le narrateur partir sur les traces de son excentrique poète de paternel, lequel cohabita lui aussi avec un oiseau – tout comme d’illustres écrivains, apprend-on, ainsi de Lord Byron ou de Truman Capote. Charlie réussira-t-il à vaincre le fatum familial ? Rend-on service aux êtres aimés en les laissant en cage, fussent-elles métaphoriques, ou doit-on ouvrir celles-ci au risque de les perdre à jamais ? Charlie aura 306 pages, sensibles et lumineuses, pour trancher la question. Bertrand Bouard

La Vie heureuse

Par David Foenkinos.

Gallimard, 208 p., 19 €.

Le nouveau roman de David Foenkinos

On l’avait laissé en 2022 en compagnie du Numéro Deux, soit le jeune recalé au rôle d’Harry Potter, dans l’Angleterre du début du (XXe) siècle. On le retrouve avec deux personnages qui, sur le papier, n’ont rien de loosers, professionnellement parlant : Éric a gravi tous les échelons chez Decathlon jusqu’à en devenir le directeur commercial ; et Amélie, énarque et grosse bosseuse, vient tout juste d’être nommée directrice de cabinet du secrétaire d’État au commerce extérieur (de Macron). Côté vie personnelle, c’est moins reluisant : Eric, divorcé, ne voit plus son fils et fuit sa mère ; Amélie ne semble pas passionnée par son mari, écrivain sans succès. C’est Amélie, ancienne camarade de terminal du lycée rennais, qui a contacté Eric par Facebook pour lui proposer de la rejoindre au cabinet. Surpris, il n’en accepte pas moins le défi.

Tout roule puis… Tout se détraque, à Séoul. Venu accompagner Amélie chargée de persuader le patron de Samsung d’implanter son usine en France, Eric, après un malaise, part s’aérer dans les rues sud-coréennes et tombe sur un centre improbable, organisateur de votre faux enterrement avec cercueil, épitaphe et notice biographique. La finalité du rite ? La confrontation à la mort pourrait permettre de retrouver le goût de la vie. Eric tente l’expérience. Et ça marche ! Là, on se dit que David Foenkinos en fait un peu beaucoup, mais, renseignements pris, ce type de cérémonie (pour le coup collective) existe bel et bien en Corée. On vous laisse découvrir la suite de ce conte doux-amer, somme toute optimiste et volontariste, qui laisse supposer que rien, ni la morosité, ni la mésentente, ne saurait être définitif. M. P.

Nuit torride en ville

Par Trevanian, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Fabienne Gondrand.

Gallmeister, 450 p., 25 €.

Au début de la plus longue et la plus belle des nouvelles de ce recueil, un garçon de neuf ans affairé à guerroyer contre des ennemis imaginaires dans une ruelle est interrompu par trois petits coups portés à un carreau. Ce bruit, c’est celui de la pièce de 5 cents que vient de faire tinter contre la vitre Mme McGivney, une vieille dame du quartier que personne ne connaît vraiment. Au fil des pages, le gamin sans le sou s’astreint à répondre à ses appels fréquents, pour faire ses courses, s’asseoir le temps de manger un cookie, impatient de rentrer chez lui et sidéré par la vision de son époux, immobile dans un fauteuil depuis qu’une méningite l’a foudroyée des décennies plus tôt. Le jeune garçon finira par se détourner de ces séances, « trop occupé à [s] e sauver [lui]-même », et le regrettera amèrement dans ce récit d’une sensibilité exquise sur les solitudes.

Auteur de plusieurs best-sellers (La Sanction, 1972, Shibumi, 1979), Trevanian (alias Rodney Whitaker), disparu en 2005, mettait sa prose tendre, généreuse et hyperprécise au service d’une multitude de genres. Il démontre ici une même aisance dans un mythe iroquois sur l’origine des chants des animaux, une parodie de conte médiéval désopilante ou des histoires tournant en dérision l’orgueil des habitants du Pays basque, où il résida. La nouvelle qui donne son titre au recueil est une merveille du genre, qui narre la rencontre par une nuit new-yorkaise caniculaire entre une jeune femme chaste sortie au cinéma et un habitué des asiles de nuit, qui lui fait la cour en imitant les acteurs populaires de l’époque avant de la raccompagner chez elle. Deux fins très différentes, l’une en ouverture du recueil, l’autre en conclusion, et un plaisir de lecture comme on rencontre rarement. B. B.

Taïwan, la présidente et la guerre

Par Arnaud Vaulerin.

Ed. Novice, 152 p., 18,90 €.

Le portrait de par le journaliste Arnaud Vaulerin de Tsai Ing-wen, première femme à avoir dirigé Taïwan

Son successeur, William Lai, qui a remporté l’élection présidentielle le 13 janvier, n’entrera en fonction qu’en mai. Il reste donc encore quelques mois à Tsai Ing-wen, qui fut la première femme à diriger Taïwan et demeura huit ans au pouvoir, pour soigner sa sortie. Dans son livre, le journaliste Arnaud Vaulerin raconte comment cette universitaire timide, qui n’avait jamais rêvé de devenir présidente et ne doit son ascension qu’à son travail et à sa compétence, a réussi à susciter le respect dans l’une des fonctions les plus éprouvantes de la planète. Face aux menaces de la Chine de Xi Jinping, qui s’est juré de récupérer l’île, au besoin par la force, elle a toujours contrôlé la situation avec sang-froid. « Il faut de la force et de la volonté pour tenir à ce poste, ne pas répondre aux provocations, ne pas parler ou agir trop vite, ne pas jouer avec le feu », résume une spécialiste citée par l’auteur. Et pour être élue deux fois dans une société conservatrice et patriarcale, empreinte de confucianisme.

A travers le portrait de cette femme très secrète, qui refuse les facilités du populisme et est parvenu à faire de l’avenir de son pays un enjeu international, cet ouvrage, nourri par de nombreux témoignages d’acteurs taïwanais de premier plan, permet de comprendre de l’intérieur les questions existentielles de l’île : la façon dont elle renforce son armée en prévision d’une possible attaque chinoise, protège son expertise stratégique dans les semi-conducteurs, ou soigne ses relations avec son protecteur, les Etats-Unis. Une lecture utile pour mieux décrypter les tensions qui risquent encore de s’accroître ces prochains mois entre l’ex-Formose et son puissant voisin autoritaire. Cyrille Pluyette

La Vie de ma mère

Par Magyd Cherfi.

Actes Sud, 272 p. 21,50 €.

Il est sur tous les fronts, Magyd Cherfi, le créateur, en 1985, du groupe Zebda : sur grand écran, avec l’adaptation de Ma part de Gaulois par Malik Chibane (en salles depuis le 31 janvier 2024) et dans les librairies avec son roman La Vie de ma mère (tandis que son nouvel album solo, Le Propre des ratures, sortira en mai prochain). Dans Ma part de Gaulois (2016), le Toulousain centrait son récit autour de sa mère, une femme de caractère déterminée à le pousser à passer le bac – il serait de ce fait, lui, le cadet d’une famille d’origine algérienne le premier bachelier de sa cité – alors que, parolier talentueux, il se passionne avec ses nouveaux amis pour la musique. Et le voilà, à 61 printemps, de nouveau en prise avec une mère, de papier celle-là, dans un premier roman plein de gouaille et d’autodérision.

Une mère beaucoup moins aimante, plus habituée à rabrouer sa progéniture qu’à la dorloter. Cela fait un bail d’ailleurs que le narrateur, Slimane Kaoui, roi du burger hallal, douloureusement séparé de sa femme, a coupé les ponts avec elle. Mais l’enterrement du père de son meilleur ami lui rappelle soudainement la fragilité de la vie, aussi se rapproche-t-il de l’irascible daronne. Qu’il retrouve bien affaiblie et dont il comprend petit à petit les malheurs endurés (enfants mort-nés, calculs urinaires, coups du paternel, arthrose invalidante, etc.) Et bientôt, c’est l’heure de la réconciliation et de la métamorphose de la mère, qui se défait petit à petit de ses oripeaux de vieille Kabyle acariâtre et souffreteuse. Délectable. M. P.

Naufrage

Par Vincent Delecroix.

Gallimard, 144 p., 17,50 €.

Un roman de Vincent Delecroix sur le naufrage de migrants dans la Manche

“Je ne t’ai pas demandé de partir”. C’est pour avoir prononcé insensiblement cette phrase à un homme en détresse que l’opératrice du Cross (Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage), l’anti-héroïne de Vincent Delecroix dans son roman Naufrage, est accusée de la mort de 27 migrants dans la Manche. L’auteur s’inspire de faits réels survenus en novembre 2021. Un bateau à la dérive entre les eaux françaises et britanniques appelle à l’aide de nombreuses fois. Des deux côtés de la Manche, on se renvoie la balle, aucun secours n’arrive. Sur les 34 passagers, seuls deux sont retrouvés vivants.

Vincent Delecroix imagine l’interrogatoire entre une gendarme et cette femme qui paraît sans remords. En délimitant sa vie personnelle de sa vie professionnelle comme elle le fait, l’opératrice semble en avoir perdu de son humanité. Pourtant, derrière sa froideur et son analyse purement factuelle des événements, le personnage principal est hanté par ces morts qu’il voit partout, et par la mer qu’il nomme “l’enfer”. Seule face au monde qui la juge, l’opératrice du Cross reproche à la société, qui vit bien loin de sa réalité, l’hypocrisie de lui faire porter toute la responsabilité. Si le roman dérange, c’est parce qu’il dévoile notre propre culpabilité. Celle de notre manque d’empathie à l’annonce d’embarcations de migrants naufragés et de morts noyés dans la Manche ou la Méditerranée. Ces déclarations ne nous font plus réagir. On les lit puis on les oublie. Naufrage de Vincent Delecroix nous rappelle ces visages oubliés, et réveille notre humanité. Anne-Charlotte Phan

Jusqu’à ce que mort s’ensuive. Sur une page des Misérables

Par Olivier Rolin.

Gallimard, 208 p., 19 €.

Quel boulot ! Oui, quand Olivier Rolin a décidé de s’attaquer à un sujet, il n’y va pas de main morte. Ainsi en est-il de son enquête sur deux protagonistes, à peine évoqués, au tout début de la cinquième partie des Misérables. Soit Frédéric Courmet et Emmanuel Barthélémy, les chefs de deux plus mémorables barricades de l’insurrection de juin 1848, celles du faubourg Saint-Antoine et du faubourg du Temple. Victor Hugo se contente de nous présenter le premier, un rolliniste (traduction : converti aux idéaux progressistes de Ledru-Rollin) ex-officier de marine, comme étant « intrépide, énergique, irascible, orageux », et le second, un ouvrier et ancien bagnard blanquiste (acquis au socialisme révolutionnaire de Blanqui), comme un individu « maigre, chétif, pâle, taciturne ». Pourquoi s’intéresser à ces deux personnages ? Ils s’affrontèrent en duel au pistolet, quatre ans plus tard, le 19 octobre 1852, sur un pré d’Englefield Green, dans les environs du château de Windsor – il s’agissait là du dernier duel livré en Angleterre.

Quoi de plus romanesque ? Mais ne nous méprenons pas, Jusqu’à ce que mort s’ensuive n’a rien d’un roman. L’ex-maoïste, auteur, entre autres, de Baïkal-Amour et d’Extérieur monde, a passé six mois à éplucher la presse de l’époque et s’est rendu sur la plupart des lieux évoqués dans cet ouvrage fort détaillé qui retrace le destin des deux duellistes exilés en Angleterre. Ils étaient du même côté des barricades mais ils se haïrent, l’un accusant l’autre d’être un mouchard, la pire des infamies dans le petit milieu des exilés français. C’est tout cela (procès, évasion, bagne, duel…) que nous raconte Olivier Rolin dans ce livre foisonnant d’informations. M. P.

L’Affaire Bernard Natan. Les années sombres du cinéma français

Par Dominique Missika.

Denoël, 246 p., 20 €.

Une passionnante enquête de Dominique Missika sur les années sombres du cinéma français

Connaissez-vous Bernard Natan ? Cet homme aujourd’hui oublié a pourtant transformé la firme Pathé en pilier du cinéma français dans les années 1930. Il aura fallu attendre 2015 pour que l’historienne Dominique Missika s’empare de son histoire après avoir rencontré ses deux petites-filles bien décidées, elles, à défendre la mémoire de leur aïeul. Juif roumain, Nahum Tanenzaph, s’exile en France en 1906 pour fuir les pogroms de son pays natal. Passionné par le cinéma naissant dont l’Hexagone est le berceau, il arrive à se faire une place dans ce nouveau pays qu’il aime et obtient la nationalité française après la Première Guerre mondiale grâce à son engagement dans la Légion étrangère. C’est à ce moment-là qu’il devient Bernard Natan.

Dans le faste des années 1920, ce visionnaire de l’industrie du cinéma est couronné de succès, mais rapidement tout s’écroule. D’abord avec l’arrivée de la crise économique, puis avec la montée de l’antisémitisme. Jusque-là célébré par les journalistes, il devient victime de la presse collaborationniste. On l’accuse à tort de “juif escroc” et d’”avoir pillé les comptes de Pathé”. Il est arrêté puis emprisonné. Après que le gouvernement de Vichy lui a retiré sa nationalité, il est déporté et assassiné à Auschwitz. De Bernard Natan, on ne retiendra depuis lors qu’une image erronée. Par son récit saisissant et son impressionnant travail de recherche, Dominique Missika rend sa juste place à cet homme intelligent, sensible et attaché à sa famille, dont le seul crime était d’être juif. A.-C. P.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *