Macron à la Sorbonne : défense, frontières… Ce qu’il faut retenir de son discours sur l’Europe

Macron à la Sorbonne : défense, frontières… Ce qu’il faut retenir de son discours sur l’Europe

Sept ans après son discours sur la “souveraineté européenne”, déjà à la Sorbonne, Emmanuel Macron a prononcé, ce jeudi 25 avril, une nouvelle allocution sur l’avenir de l’Union européenne. Une prise de parole qui intervient à seulement quelques semaines des élections européennes, où son camp est pour l’instant largement dépassé par le Rassemblement national dans les sondages. Défense européenne, souveraineté de l’UE, “autonomie stratégique”… Voici ce qu’il faut retenir du discours du chef de l’Etat.

Bâtir une “défense européenne crédible”

Projet européen souvent évoqué mais jamais concrétisé, Emmanuel Macron a assuré ce jeudi qu’il comptait inviter dans les prochains mois “tous nos partenaires” à bâtir “une initiative européenne de défense” qui soit “crédible” face “aux missiles russes”, incluant “peut-être” un bouclier antimissile européen.

Dans son discours à la Sorbonne, le chef de l’Etat a plaidé notamment pour “une capacité européenne de cybersécurité et de cyberdéfense”. Il défend “une préférence européenne dans l’achat de matériel militaire” et soutient l’idée d’un emprunt européen pour financer cet effort de défense. Face au désengagement américain, le président français a plaidé jeudi pour une “Europe puissance”, qui “se fait respecter”, “assure sa sécurité” et reprend “son autonomie stratégique”.

Le concept de “souveraineté européenne”, une victoire revendiquée

Le concept de souveraineté européenne, au centre du premier discours d’Emmanuel Macron à la Sorbonne en 2017, s’est “imposé en Europe” depuis 2017, s’est félicité le chef de l’Etat. Selon lui, “rarement l’Europe n’aura autant avancé” pendant cette période malgré “une conjonction de crises”, en particulier la pandémie et la guerre en Ukraine. “Plus personne n’ose tellement proposer des sorties, ni de l’Europe, ni de l’euro”, s’est également réjoui Emmanuel Macron dans son allocution.

Mais derrière ces victoires revendiquées, le chef de l’Etat s’est également voulu sévère sur le possible futur de l’UE. “Mon message d’aujourd’hui est simple […] : nous devons être lucide aujourd’hui sur le fait que notre Europe est mortelle, elle peut mourir”, a-t-il déclaré. “Cela dépend uniquement de nos choix mais ces choix sont à faire maintenant” car “à l’horizon de la prochaine décennie, […] le risque est immense d’être fragilisé voire relégué”, a ajouté Emmanuel Macron, évoquant une Europe “dans une situation d’encerclement” face aux grandes puissances régionales, et jugeant que les valeurs de la “démocratie libérale” européennes étaient “de plus en plus critiquées” et “contestées”.

“Assumer” de vouloir retrouver “la maîtrise des frontières”

Emmanuel Macron a appelé l’UE à “retrouver la maîtrise de (ses) frontières” et “à l’assumer”, et a proposé “une structure politique” au niveau européen sur les sujets de migrations, de criminalité et de terrorisme. “Si nous voulons résister à ce changement de règles, à cette escalade de la violence, à cette désinhibition des capacités sur notre continent et au-delà, nous devons nous adapter en termes de concept stratégique, de moyens et nous devons retrouver la maîtrise de nos frontières pleinement, entièrement et l’assumer”, a déclaré le président français.

Soulignant que le vote du pacte asile et immigration ces dernières semaines était une “avancée inédite”, le président a également évoqué la création d’une “structure politique” qui permettrait de prendre, entre “pays qui la partagent”, “des décisions” sur “les sujets d’immigration, de lutte contre la criminalité organisée, de terrorisme, de lutte contre le trafic de drogue ou la cybercriminalité”.

L’Europe doit devenir un leader mondial d’ici 2030 sur l’IA

Le chef de l’Etat dit souhaiter voir l’Union européenne devenir d’ici 2030 un “leader mondial”, avec des “stratégies de financement dédiées”, dans cinq “secteurs stratégiques de demain” : intelligence artificielle, informatique quantique, espace, biotechnologies et “nouvelles énergies” (hydrogène, réacteurs modulaires et fusion nucléaire).

Emmanuel Macron a également déclaré vouloir inscrire dans les traités communautaires “la préférence européenne” dans “la défense et le spatial”.

Une “Europe de la majorité numérique à 15 ans”

Le chef de l’Etat a plaidé pour que la majorité numérique dans l’Union européenne passe à 15 ans, et pour un “contrôle parental” de l’accès aux réseaux sociaux en dessous de cet âge.

“Je veux défendre une Europe de la majorité numérique à quinze ans. Avant quinze ans, il doit y avoir un contrôle parental sur l’accès à cet espace numérique. Parce que c’est un accès, si on n’en contrôle pas les contenus, qui est le fruit de tous les risques et des déformations d’esprit, qui justifient toutes les haines”, a déclaré le président français.

Macron veut réviser la politique commerciale

En pleine guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, Emmanuel Macron a appelé à une “révision” de la politique commerciale européenne “en défendant nos intérêts”.

“Ça ne peut pas marcher si on est les seuls au monde à respecter les règles du commerce telles qu’elles avaient été écrites il y a quinze ans, si les Chinois, les Américains, ne les respectent plus en subventionnant les secteurs critiques”, a déclaré le président français dans son discours sur l’Europe.

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