Management : les vraies raisons de la procrastination

Management : les vraies raisons de la procrastination

Travailler en dilettante : une habitude régulièrement attribuée aux seuls salariés. Près de 6 dirigeants sur 10 admettent d’ailleurs surveiller leurs collaborateurs sur leur temps de travail. Peut-être parce qu’eux-mêmes savent que l’antienne “ce qui est fait n’est plus à faire” est plus facile à dire qu’à faire. Nombre de dirigeants succomberaient ainsi régulièrement à une certaine paresse.

C’est ce que révèle une enquête réalisée par l’agence spécialisée en data FLASHS et le site d’hébergement web Hostinger.fr, publiée ce jeudi 21 mars. D’après l’étude, près de 9 dirigeants et managers sur 10 confessent procrastiner sur les heures de travail. Ils seraient même 23 % à le faire “souvent” et 10 % à le faire “toujours”.

Un phénomène qui puise sa source dans plusieurs explications. La plus commune étant la motivation, ou plutôt la démotivation. 40 % des patrons et managers admettent procrastiner par manque ou perte de motivation, à égalité avec la surcharge de travail. Plus d’un quart d’entre eux évoquent en outre la peur de l’échec, et plus d’un tiers mettent en avant leur côté perfectionniste.

L’administratif, bête noire des dirigeants

Sans surprise, l’âge semble avoir une influence sur les raisons de ces ajournements. Par exemple, le manque de motivation est avancé par plus de la moitié des managers de moins de 24 ans, contre seulement un tiers des dirigeants de plus de 64 ans. À l’inverse, les managers plus âgés vivent moins bien la surcharge de travail que les jeunes. 51 % des 55-64 ans l’invoquent comme une des causes de leur procrastination, contre 34 % des 18-24 ans.

En outre, d’après l’enquête, certaines tâches inciteraient davantage les managers à remettre à plus tard ce qui pourrait être fait au moment même. Près de 58 % des dirigeants qui procrastinent dans le cadre professionnel se disent découragés face à la lourdeur des processus administratifs. Près d’un quart d’entre eux sont également démotivés par la nécessité de prendre des décisions stratégiques. En outre, la comptabilité et la gestion des ressources humaines sont présentées par plus de 2 dirigeants sur 10 comme des corvées incitant aux atermoiements.

Entre avantages et inconvénients

Souvent assimilé à la paresse, remettre certaines tâches au lendemain pourrait toutefois présenter un certain nombre d’avantages. Près de 7 dirigeants sur 10 affirment par exemple que la procrastination les aide “à mieux gérer” leur énergie, et leur permet de se “concentrer sur les tâches qui nécessitent (une) attention immédiate”. Par ailleurs, 62 % y voient une façon d’améliorer la prise de décisions, et près de 60 % s’en servent comme un moyen de doper leur créativité et contenir leur stress. Au total, ils sont un quart à assurer que la procrastination ne les dérange pas.

Reste qu’aux bénéfices, s’ajoutent les charges. Et celles-ci ne sont pas négligeables. Sentiment de culpabilité, anxiété, mauvaise réputation… Le revers de la médaille peut s’avérer parfois lourd. Près de la moitié des dirigeants se sentent coupables en procrastinant. Et 44 % voient l’anxiété monter à mesure que l’échéance approche. Par ailleurs, 66 % d’entre eux constatent que la procrastination a déjà eu des effets négatifs sur leur vie privée, notamment en raison du temps de travail à rattraper.

Au-delà des conséquences psychologiques et émotionnelles qu’elle engage, la procrastination peut également avoir un impact sur la performance de l’entreprise. 63 % des dirigeants admettent avoir manqué une ou plusieurs opportunités de ventes en raison de leur procrastination. Près de la moitié d’entre eux ont également vu leur réputation endommagée, aussi bien vis-à-vis de clients que de fournisseurs.

L’IA pour lutter contre l’oisiveté ?

Et les conséquences sur la santé économique et le dynamisme interne de l’entreprise sont parfois telles que certains dirigeants ont choisi de prendre le problème à bras-le-corps. “Parmi celles et ceux qui procrastinent, 61 % ont mis en place des stratégies grâce à l’IA pour limiter ou éliminer leur tendance à l’oisiveté”, constate Léa Paolacci, responsable de l’étude.

Parmi eux, plus d’un tiers y ont trouvé leur compte. À l’inverse, un quart affirment que l’intégration de l’IA n’a eu aucun impact sur leur propension à procrastiner. Sans surprise, l’initiative a été mieux accueillie par les dirigeants de 18 à 24 ans : plus de la moitié ont trouvé la méthode efficace, contre seulement 21 % des managers et dirigeants de plus de 55 ans.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *