Nucléaire : pourquoi la France veut installer une usine pour “recycler” l’uranium

Nucléaire : pourquoi la France veut installer une usine pour “recycler” l’uranium

L’objectif : prendre ses distances avec Moscou. Le ministère délégué à l’Industrie et l’Energie français a affirmé, ce jeudi 28 mars, qu’il était en train d’examiner “sérieusement” l’option de construire un site de conversion et d’enrichissement de l’uranium de retraitement sur le territoire. Jusqu’à présent, la Russie est le seul pays au monde à disposer d’une usine pour convertir cet uranium de recyclage destiné à être intégré dans des centrales nucléaires.

“Les conditions associées sont encore à l’étude”, précise le ministère, confirmant ainsi des déclarations au journal Le Monde, dans un article consacré au commerce de la France avec l’industrie nucléaire russe. Un secteur qui, contrairement au pétrole, échappe encore aux sanctions internationales prononcées après l’invasion de l’Ukraine.

Pour l’heure, afin de convertir son uranium de retraitement (URT), la France n’a pas d’autres possibilités que de réaliser cette étape en Russie, via son opérateur public Rosatom. L’étape suivante d’enrichissement pouvant être réalisée en Russie ou aux Pays-Bas.

Un contrat entre EDF et la Russie

Ces derniers mois, l’ONG environnementale Greenpeace a dénoncé la poursuite des livraisons d’uranium entre la Russie et la France, notamment au profit des centrales d’EDF, malgré la guerre. L’électricien est en effet toujours lié à un contrat de 600 millions d’euros conclu en 2018 avec Tenex, filiale de Rosatom, pour recycler et enrichir de l’uranium issu du retraitement des combustibles usés du groupe français.

EDF a toujours fait valoir qu’il respectait ses “engagements contractuels” avec Tenex tout en appliquant “strictement toutes les sanctions internationales” et les restrictions commerciales vis-à-vis de la Russie. Au Monde, la filière dit également minimiser ses liens avec Rosatom et nie toute “dépendance” à Moscou, vantant au contraire sa “résilience exceptionnelle”.

Le groupe précise qu’il “maximise la diversification de ses sources géographiques et de ses fournisseurs”, sans toutefois préciser la part de ses approvisionnements en URT enrichi venus de Moscou. Le 5 février dernier, comme l’a rapporté La Tribune, l’électricien a en revanche annoncé que l’un des réacteurs de la centrale de Cruas (Ardèche) avait redémarré après avoir été chargé d’URE. Une première depuis plus de dix ans.

En France, l’option de construire un site d’enrichissement et de conversion pour l’uranium recyclé avait déjà été mentionnée par le gouvernement en novembre, dans son document de la “stratégie française pour l’énergie et le climat” (SFEC). L’exécutif évoquait alors la mise en oeuvre d'”une filière industrielle européenne”. De son côté, EDF planche sur la construction “d’une usine de conversion d’uranium de retraitement en Europe de l’Ouest à l’horizon 2030”, en discutant “avec plusieurs partenaires”.

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