Obligations : le réveil d’un placement endormi

Obligations : le réveil d’un placement endormi

Après des années de vaches maigres, les obligations ont le vent en poupe. La remontée des taux d’intérêt intervenue en 2022 a remis sur le devant de la scène cette catégorie de placements quelque peu oubliée. “Nous sommes revenus à des niveaux de taux normaux, ce que l’on n’avait pas vu depuis une dizaine d’années”, constate Philippe Vantrimpont, spécialiste produit obligations chez le gestionnaire d’actifs Oddo BHF Asset Management. La dette allemande à dix ans rémunère ainsi autour de 2,90 % par an, celle émise par des entreprises européennes de bonne qualité (investment grade) évolue entre 4,5 % et 5 %. Quant au segment du haut rendement, ou high yield, qui recouvre des entreprises plus risquées, il rapporte actuellement entre 7 % et 8 %. “Les obligations retrouvent leur rôle dans un portefeuille, à savoir délivrer un rendement qui permet, par ailleurs, d’absorber des chocs sur des actifs plus risqués”, poursuit Philippe Vantrimpont.

Traditionnellement, les épargnants peuvent miser sur ce marché grâce à des fonds, composés de plusieurs dizaines d’obligations différentes. Actuellement, c’est une catégorie bien particulière qui est prisée : les fonds à échéance. Leur spécificité ? Ils ont une date de fin, et donc une durée de vie limitée. La plupart des produits en circulation affichent une échéance entre 2026 et 2030. Leur fonctionnement est donc très proche de celui d’une obligation en direct, ce qui donne une meilleure lisibilité à votre investissement : vous prêtez de l’argent, vous percevez des intérêts et vous êtes remboursé après quelques années.

“En outre, le risque du fonds est décroissant puisque au fur et à mesure que l’on se rapproche de l’échéance, l’aléa se réduit”, souligne Philippe Vantrimpont. La menace de faillite de l’entreprise, notamment, est plus faible sur un horizon de temps court. Enfin, ces fonds affichent souvent un taux de rendement cible dès la souscription. “C’est valable pour les titres de qualité, moins pour les obligations spéculatives à haut rendement, car, sur ce segment, la société qui emprunte peut décider de rembourser son emprunt avant terme, donc il y a davantage de mouvement dans le portefeuille”, détaille l’expert d’Oddo BHF.

Des produits accessibles pour quelques euros

Le succès de ces produits a donné des idées à un gestionnaire d’ETF (exchange-traded funds ou fonds indiciels cotés), la société iShares, filiale de BlackRock. Celle-ci a commercialisé en septembre toute une gamme d’ETF obligataires à échéance sur les émetteurs investment grade. “Ils répliquent des indices de marché segmentés par date de maturité et permettent de s’exposer à toutes les entreprises de ces indices”, relate Bettina Mazzocchi, responsable iShares & Wealth pour la France, la Belgique et le Luxembourg chez BlackRock. Outre des frais réduits, ces produits affichent une accessibilité imbattable puisqu’ils se souscrivent avec 5 euros.

Si les véhicules collectifs sont privilégiés, c’est parce que les obligations en direct sont difficiles d’accès. Pour acquérir de la dette émise par une entreprise du CAC 40, il faut généralement débourser 100 000 euros. Et le choix proposé par les courtiers est très limité. Quelques assureurs intègrent bien des obligations dans leurs contrats, à l’image de Cardif, qui a créé au printemps dernier une unité de compte adossée à une obligation Renault. Mais cette possibilité est réservée aux assurances-vie haut de gamme.

Autre option : l’offre du courtier Trade Republic, qui propose depuis la rentrée d’accéder à 500 obligations – d’Etat et d’entreprises – à partir de 1 euro. Il s’agit, en fait, d’acquérir des fractions d’obligations, lesquelles donnent droit à une quote-part des intérêts proportionnelle à sa mise. “Nous avons défini l’univers des titres éligibles selon deux critères : la qualité de l’émetteur et la liquidité des titres”, indique Matthias Baccino, directeur des marchés européens chez Trade Republic. Vous pouvez alors créer votre propre portefeuille diversifié, “et choisir à qui vous prêtez”, pointe Matthias Baccino. Quant aux frais, ils sont limités aux frais de courtage – 1 euro par transaction chez cet acteur. Seul inconvénient : ces titres ne peuvent être logés que sur un compte titres, soumis à la flat tax de 30 %.

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