Obligations : six bons plans pour obtenir du rendement

Obligations : six bons plans pour obtenir du rendement

Les obligations retrouvent de l’attrait ! Ces titres de dette cotés, émis par des Etats, des établissements financiers ou des entreprises, avaient beaucoup perdu de leur attrait ces dernières années en raison de la faiblesse extrême des taux d’intérêt. Mais la remontée brutale de ces derniers a permis de redécouvrir cette catégorie de placements qui procure une rémunération régulière. En effet, chaque émetteur doit, en fonction de la durée de son emprunt et de sa qualité intrinsèque, verser à ses prêteurs des intérêts. Ces derniers ont atteint l’an dernier des niveaux très satisfaisants : le rendement offert par une entreprise de bonne qualité tutoyait les 4 % quand les sociétés jugées risquées affichaient plus de 7 % en moyenne.

NEW3789CT Cinq fonds obligataires a detenir en 2024

“La période où il n’y avait aucune solution en dehors des actions est révolue, assure Sophie Monnier, spécialiste produits allocation d’actifs et investissements diversifiés chez Oddo BHF AM. Désormais, les investisseurs obligataires sont rémunérés pour le risque pris. De ce fait, dans certains de nos fonds diversifiés, nous avons multiplié par deux notre position en obligations.” Cette année, il faut toutefois composer avec un environnement en pleine mutation puisque le ralentissement économique et la fin du resserrement monétaire par les banques centrales vont affecter le marché obligataire. Voici six stratégies qui devraient tirer leur épingle du jeu.

1. Le crédit à haut rendement : un portage intéressant, à condition de se montrer sélectif

Pour émettre de la dette sur les marchés financiers, la plupart des entités doivent passer entre les fourches caudines des agences de notation. Ces dernières évaluent la qualité de l’émetteur, c’est-à-dire sa capacité à payer ses intérêts et à rembourser son emprunt en temps et en heure. Une analyse sanctionnée par une note : plus celle-ci est mauvaise, plus l’entité doit offrir un taux d’intérêt élevé pour attirer des prêteurs et inversement. Les meilleures notations sont regroupées dans la catégorie investment grade et les moins bonnes dans la catégorie “haut rendement” ou high yield. “Le surplus de rémunération offert par le high yield nous paraît toujours intéressant à l’heure actuelle, estime Guillaume Truttmann, gérant crédit coté chez Eiffel IG. Son rendement est supérieur à l’inflation et au taux des bons fonds en euros, même une fois déduits les frais du produit et ceux de l’assurance-vie. On peut en effet obtenir un gain net de 5,5 à 6 %.”

Cette catégorie va cependant devoir affronter une hausse du taux de défaut en 2024 (lorsque l’entreprise n’arrive plus à payer ce qu’elle doit), attendu autour de 3 %. “On revient simplement à la normale, estime François Rimeu, stratégiste senior à La Française AM. Et c’est plutôt sain car certaines sociétés zombies trop endettées vont disparaître.” De quoi distinguer les activités robustes des autres.

2. La dette émergente : un bon rapport rendement/risque

Malgré l’endettement massif des Etats, la rémunération offerte par ces derniers pour se financer est limitée. Par exemple, le Bund allemand à dix ans rapporte moins de 3 % ! Une exception notable concerne la dette émergente. Traditionnellement plus risquée que celle en provenance des pays développés, elle s’accompagne en effet de taux attractifs. “Au cours de la dernière décennie, les pays émergents se sont montrés vertueux dans leurs politiques monétaire et budgétaire, souligne François Collet, directeur adjoint de la gestion chez DNCA Finance. Leur ratio de dette sur PIB (produit intérieur brut) est inférieur à celui des pays développés.” Une solidité qui n’empêche pas des rendements élevés. Aussi le gérant privilégie-t-il les pays d’Europe de l’Est et d’Amérique latine. “La Roumanie, notée BBB par les agences de notation, émet des titres à cinq ans qui rémunèrent plus de 5 %, illustre-t-il. C’est mieux que n’importe quelle entreprise européenne de qualité Investment grade !”

3. Les fonds à échéance : simples et lisibles

Sans nul doute, 2024 devrait encore rester favorable aux fonds obligataires à échéance. Ces derniers ont une date de fin connue à l’avance et présentent l’avantage de se comporter peu ou prou comme une obligation. “Ils versent un coupon égal à la moyenne des coupons de toutes les obligations en portefeuille et sont remboursés à l’échéance”, indique Guillaume Truttmann. Attention toutefois à bien vérifier l’univers d’investissement et les contraintes fixées au gérant. Ce dernier peut en effet être tenté de sélectionner des titres plus longs que la maturité du fonds pour aller chercher un surplus de performance, au prix d’une prise de risque plus importante. Gardez aussi en tête cette autre règle : plus l’échéance se rapproche, plus le risque du fonds se réduit. En effet, contrairement aux véhicules classiques, “la durée de vie résiduelle des titres en portefeuille baisse au fil du temps”, souligne Guillaume Truttmann.

4. Les fonds obligataires flexibles : pour surfer sur les tendances

Moins courus ces derniers temps, les fonds obligataires flexibles pourraient revenir sur le devant de la scène car ils disposent d’un sérieux atout : ils peuvent jongler d’une stratégie à l’autre en fonction des opportunités. “Une baisse des taux des banques centrales est attendue en 2024, mais elle ne sera peut-être pas aussi forte qu’attendu, ce qui pourrait créer des mouvements sur le marché, signale François Collet. Un tel environnement volatile est propice aux offres flexibles car celles-ci peuvent tirer parti des mouvements de taux d’intérêt.” Ciblez alors des produits avec le plus grand champ d’action possible.

5. Les obligations financières : un surcroît de rendement à bon compte

Les banques paient à l’heure actuelle un supplément de rémunération de l’ordre de 2 points de pourcentage par rapport à des émetteurs de qualité équivalente non bancaire. “Les émissions ont été abondantes tout au long de l’année 2023 et la demande s’est avérée un peu moins importante du fait de la hausse des taux, explique David Benamou, associé gérant et directeur des investissements chez Axiom Alternative Investments. Beaucoup d’investisseurs ont privilégié d’autres supports comme les fonds monétaires. Ce déséquilibre entre l’offre et la demande permet un rendement brut d’environ 7 % sur de l’Investment grade.” Autre facteur justifiant cet écart : la crise vécue par le secteur en février-mars 2023 et la méfiance des investisseurs depuis la grande crise financière de 2008. Pourtant, “les règles prudentielles en zone euro sont très sévères et le secteur est très sain”, assure François Rimeu, de La Française AM. Mais il faut visiblement du temps pour modifier les représentations des investisseurs…

6 Les obligations indexées sur l’inflation : se protéger contre un retour de flamme

Il s’agit là d’un pari de long terme ! Ces titres ont la particularité d’offrir un coupon dont la valeur n’est pas figée puisqu’elle dépend du niveau de l’inflation. A l’heure actuelle, alors que le phénomène de hausse des prix semble en voie d’être jugulé, ils se négocient à bon compte. Pourtant, “les risques inflationnistes n’ont pas complètement disparu, rappelle François Collet. Il demeure des facteurs structurels qui vont soutenir l’inflation dans les prochaines années à un niveau plus élevé que par le passé. Dans ce contexte, les obligations indexées sont intéressantes car elles offrent une rémunération positive une fois l’inflation déduite.” Une protection qu’il peut être utile de détenir dans son portefeuille.

Un article du dossier spécial de L’Express “Investir en 2024 : les bonnes stratégies face un environnement incertain”, publié dans l’hebdo du 15 février.

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