Otages à Gaza : l’incroyable combat de Rachel Goldberg-Polin pour obtenir leur libération

Otages à Gaza : l’incroyable combat de Rachel Goldberg-Polin pour obtenir leur libération

Nouvel acte de terreur psychologique. Alors que la négociation autour des otages israéliens est au point mort, la branche militaire du Hamas a publié, le 24 avril, une vidéo de propagande montrant l’otage israélo-américain Hersh Goldberg-Polin, 24 ans, kidnappé au festival Nova (plus de 364 tués, 40 personnes enlevées), au sud d’Israël, lors de l’attaque du 7 octobre. Ce clip de trois minutes, mis en ligne en pleine semaine de Pâque juive constitue sa première preuve de vie. Le jeune homme qui a eu une partie du bras gauche arraché par l’explosion d’une grenade pendant l’assaut terroriste, déclare être captif depuis “près de 200 jours”, un cap franchi le 23 avril.

The Goldberg-Polin family has given permission for the video of their son Hersh, who has been held captive by Hamas for 201 days, to be published and used after it was released by the terror organization Hamas today.

For more than 200 days, 133 hostages have been held captive by… pic.twitter.com/1pD4RcxEe0

— Bring Them Home Now (@bringhomenow) April 24, 2024

Pâle et amaigri, il s’adresse au Premier ministre Benyamin Netanyahou, qu’il accuse de négliger les otages : “Pendant que vous préparez les repas de fête avec votre famille, pensez aux personnes enlevées qui sont ici dans un enfer souterrain”. Un reproche dont est exempte sa mère, Rachel Goldberg-Polin, qui poste quasi quotidiennement une vidéo sur le compte Instagram bring.hersh.home”, suivi par plus de 100 000 personnes. Depuis plus de six mois, cette enseignante de 54 ans native de Chicago, livre bataille sur tous les fronts, revêtue d’un T-shirt indiquant le nombre de jours de captivité endurés par les otages. Sa mission : sensibiliser le monde au sort de ces captifs, dont moins de 100 sont estimés en vie, et parmi lesquels se trouve Hersh, son fils aîné.

Elle a parlé à Joe Biden et au pape

Né à Berkeley, le jeune homme avait été vu pour la dernière fois, filmé par ses ravisseurs, lors de son rapt, poussé dans une camionnette du groupe terroriste en partance pour Gaza. Le samedi matin de l’attaque, cet amoureux de foot (investi dans une ligue de joueurs juifs et arabes), de voyages et de musique trans avait envoyé deux SMS à sa famille (“Je vous aime” et “Je suis désolé”). Depuis, Rachel et son mari Jon, qui ont immigré voilà quinze ans à Jérusalem avec Hersh et ses deux sœurs, ont consacré leur temps à tenter de convaincre les grands de ce monde de tout faire pour ramener leur fils, et ses compagnons d’infortune, à la maison.

Au fil des semaines, Rachel Goldberg-Polin est devenue l’une des voix les plus vibrantes de ce combat pour la libération des otages à Gaza. Le magazine Time vient d’ailleurs de la classer parmi les “100 personnalités les plus influentes” de l’année, confirmant son statut d’ambassadrice de cette cause. Elle dit prier pour que cette reconnaissance “aide le monde à ne pas abandonner ces 133 âmes, originaires de 25 pays, de cinq religions et âgées de 15 mois à 86 ans”, retenues captives à Gaza. Et appelle à ne pas non plus fermer les yeux sur la souffrance “de tous les innocents à Gaza”. Celle qui émaille chacune de ses interventions du mantra “l’espoir est obligatoire”, à propos de Hersh, qu’aucun des 109 otages libérés lors de la trêve négociée fin novembre n’avait pu apercevoir, mais aussi de références bibliques, n’a pas ménagé sa peine.

Sept jours après le 7 octobre, Rachel Goldberg-Polin participait à une vidéoconférence avec le Président américain, Joe Biden. Le 14 novembre, elle a pris la parole, digne et altière, derrière des lunettes de soleil en verres fumés, lors d’un rassemblement à Washington réunissant des milliers de participants, à proximité du Capitole. Juive pratiquante tendance “moderne”, érudite, elle s’est rendue la semaine suivante, au Vatican, pour rencontrer le Pape François, en compagnie d’une dizaine d’autres familles d’otages. Elle a aussi prononcé un discours dans l’enceinte des Nations Unies, ainsi qu’au Forum économique de Davos.

Lors de ses interventions, Rachel Goldberg-Polin apparaît chaque fois un peu plus amaigrie (elle s’alimente à peine, en pensant aux repas composés d’une demi-pain pita pris par les captifs), les cheveux plus grisonnants, souvent épuisée, parfois au bord des larmes, mais jamais en colère. Pour ramener Hersh, qui porte le nom de son arrière-grand-père et d’un grand-oncle qui a péri pendant la Shoah, elle estime que cette émotion “n’est pas constructive”.

Contrairement à certaines familles d’otages, qui ont récemment décidé de rejoindre les rangs des manifestants contre le gouvernement Netanyahou, et qui réclame la démission du Premier ministre, Rachel et son époux Jon, connu dans le monde de la tech, canalisent leur frustration autrement. En menant campagne inlassablement, dans les allées de la Knesset et surtout celles du Congrès américain, pour raconter l’histoire de Hersh, un “citoyen du monde”, et appeler de leurs vœux l’urgence absolue d’un accord.

Lors d’une entrevue accordée à quelques médias étrangers, cette mère courage, a expliqué qu’elle évitait de suivre les nouvelles et les rumeurs, trop anxiogènes, relayées par la presse. Rachel, elle, se raccrochait à l’espoir que le soutien diplomatique conféré à son pays, dans la foulée de l’attaque iranienne aux missiles et aux drones du 13 avril sur le sol israélien, puisse aider à résoudre la crise des otages. Dans une de ses vidéos, elle a estimé que si des mères de famille participaient aux grandes décisions [tous les membres du cabinet de guerre israélien sont des hommes, NDLR], “la dynamique serait très différente”.

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