Papillomavirus : pourquoi la campagne de vaccination patine

Papillomavirus : pourquoi la campagne de vaccination patine

Novembre. Un mois après le lancement de la campagne nationale de vaccination contre le papillomavirus dans les collèges, Aurélien Rousseau reconnaît : “Je pense qu’on n’y sera pas”. Celui qui est alors ministre de la Santé avait fait part de ses réserves quant à l’éventuel échec de la campagne, espérant toutefois convaincre les parents de “150 000 élèves de 5e” de sauter le pas. “C’est un début, il faudra de la ténacité”, avait-il déclaré. Six mois après le début de la campagne, la vaccination contre le virus HPV, responsable du cancer du col de l’utérus, patine.

Selon les premiers chiffres du ministère de la Santé, seul un élève de cinquième sur 10 aurait reçu une première dose de vaccin. Un résultat bien en deçà des prévisions du ministère de la santé qui tablait début septembre sur un taux de vaccination minimal de 30 %.

Lourdeurs administratives, mauvaise communication…

Au 23 décembre, un peu moins de 93 000 collégiens avaient été vaccinés, selon des remontées parcellaires des agences régionales de santé. Une couverture vaccinale jugée “décevante” et très loin des attentes par des responsables de la Société française de colposcopie et de pathologie cervico-vaginale (SFCPCV) début janvier. Pour la SFCPCV, la campagne a pâti, entre autres, d’une organisation administrative “un peu lourde et compliquée”.

“Les collèges recevaient des grosses enveloppes à distribuer aux parents avec un courrier d’information, un prospectus […] et la feuille d’autorisation à signer par les deux parents. Et le jour de la vaccination, il faut aussi le carnet de santé”, a rappelé Geoffroy Canlorbe, secrétaire général de la Société savante et praticien à l’AP-HP.

Une position qui rejoint celle de Julia Maruani, vice-présidente de la SFCPCV et gynécologue médicale à Marseille : “Le principal échec est lié au manque de communication directe et efficace” avec les parents, a-t-elle estimé auprès de nos confrères de l’AFP.

Décès d’un collégien fin octobre

D’autant qu’aux fausses notes se superpose un drame. Fin octobre, un collégien nantais décède des suites d’une chute qu’il aurait faite quinze minutes après avoir reçu sa première dose. Une enquête administrative est ouverte, mais ne révèle aucun “dysfonctionnement sur l’organisation de la campagne de vaccination”, selon l’Agence régionale de santé (ARS).

En novembre dernier, l’Agence du médicament (ANSM) recommande toutefois au personnel d’établissement scolaire de veiller à ce que les adolescents restent allongés ou assis par terre adossés à un mur dans le quart d’heure suivant l’injection.

Les résultats définitifs attendus fin juin

Pour l’heure, les chiffres communiqués restent provisoires. Une estimation plus précise du nombre total d’élèves vaccinés d’une première dose est attendue à la fin du premier trimestre 2024. Il faudra en revanche patienter jusqu’à la fin de l’année scolaire pour obtenir un bilan complet de cette première année de campagne. À savoir, le nombre d’élèves vaccinés ayant reçu deux doses de vaccins.

Sur la base des enseignements tirés de ce document, “les autorités procéderont aux adaptations éventuelles” l’année prochaine, a fait savoir le ministère de la Santé qui vise une couverture vaccinale de 80 % à horizon 2030.

Transmission par contact sexuel

Dans 10 % des cas, l’infection aux papillomavirus humains – il en existe 150 types – peut être responsable de lésions au niveau de la muqueuse du col de l’utérus. “Ces lésions peuvent évoluer vers un cancer 10 à 15 ans après l’infection par le virus”, explique Service-public.fr. La transmission se fait quasiment exclusivement par contact sexuel et le préservatif ne protège qu’imparfaitement contre l’infection, puisqu’il ne couvre pas l’intégralité des parties génitales.

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