Vous détenez la panoplie complète de l’épargnant avec des livrets, de l’assurance-vie, des produits retraite et vous cherchez à diversifier vos avoirs vers des placements financiers alternatifs ? Attention ! Ces produits ne doivent représenter qu’une part infime de vos capitaux et ils sont plutôt destinés à des patrimoines importants.
Pour éviter les lourdes déceptions, ou carrément les arnaques, n’investissez jamais les yeux fermés. Avant de vous lancer, revenez aux fondamentaux de la théorie financière : par nature, un placement très rentable est forcément très risqué. Or, la plupart du temps, les escrocs appâtent les épargnants avec l’assurance d’un “gain” rapide, la promesse d’un “capital garanti”, accompagnée bien évidemment d’une “fiscalité allégée”.
Ils lisent par ailleurs la presse patrimoniale pour connaître les placements sous le feu des projecteurs et adapter leur discours afin de mieux vous dépouiller. A titre d’exemple, ces dernières années, un grand nombre d’entre eux ont proposé des placements spéculatifs sur le Forex (le marché des devises convertibles), les cryptomonnaies, le vin, les places de parkings dans les aéroports ou les Ehpad…
Lisez impérativement les notices !
La plupart du temps, le produit sous-jacent n’existe même pas. Dès que vous avez versé la somme requise, l’intermédiaire disparaît purement et simplement. Même dans le cas contraire, méfiez-vous des placements trop exotiques car leur valeur est extrêmement variable. Pour espérer des plus-values, il faudra vendre au bon moment et donc surveiller son cours de façon quasi professionnelle. Vous devrez aussi vous assurer, en amont, que le marché secondaire est actif car ces placements sont rarement liquides. Et n’oubliez pas que, pour récupérer vos fonds, il faudra parfois attendre longtemps ou accepter de perdre une large part de votre capital.
Pour savoir dans quoi vous vous engagez, épluchez impérativement la notice explicative de l’investissement ciblé, celle-ci devant obligatoirement vous être fournie avant la souscription. Et si vous avez du mal à la comprendre, passez votre chemin. Evitez aussi les produits financiers dont l’émetteur ou le gestionnaire est une petite entreprise inconnue, surtout si elle affiche une domiciliation en dehors de France (Chypre, la Grande-Bretagne et les îles anglo-normandes, le Luxembourg ou Malte sont des adresses souvent utilisées). En cas de souci, un recours à l’étranger sera plus compliqué, pour ne pas dire impossible.
Prendre rendez-vous en personne
Autre conseil : si vous êtes contacté par téléphone par un “expert en placements”, après avoir laissé vos coordonnées en ligne sur un site, prenez rendez-vous physiquement avec lui avant de lui confier votre argent. Comme une grande partie des arnaqueurs agissent à distance, cette précaution vous protégera de la plupart des tentatives d’escroquerie. N’hésitez pas non plus à consulter les sites officiels, comme celui de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) et de l’Autorité des marchés financiers (AMF), qui enregistrent les professionnels agréés ou immatriculés après avoir vérifié leur qualité.
En cas de doute, vous pouvez contacter la plateforme Epargne Info Service de l’AMF. Il répond aux questions des investisseurs démarchés, par téléphone (01 53 45 62 00, du lundi au vendredi de 9h à 12h30) ou via Internet (amf-france.org, rubrique Espace épargnants). Le régulateur met aussi à jour en ligne des listes noires qui répertorient les intermédiaires non reconnus et les sites d’arnaques pures et simples.
Et si, malgré toutes vos précautions, vous avez été victime d’une escroquerie, signifiez-la rapidement à l’ACPR ou à l’AMF. Vous éviterez ainsi à d’autres épargnants d’être piégés à leur tour.
Un article du dossier spécial de L’Express “Investir en 2024 : les bonnes stratégies face un environnement incertain”, publié dans l’hebdo du 15 février.
