Réforme des retraites : quel impact sur votre pension ?

Réforme des retraites : quel impact sur votre pension ?

C’est donc 64 ans, le nouvel âge légal minimal pour partir à la retraite, versus 62 ans précédemment. C’est l’élément clé de la loi votée au printemps, laquelle prévoit aussi – c’est moins su – une hausse du nombre de trimestres requis pour obtenir une pension à taux plein. Et son déploiement va bon train, avec la publication des décrets d’application ! “Contrairement aux réformes passées, celle-ci prévoit une application immédiate des mesures, constate Marilyn Vilardebo, présidente-fondatrice de la société Origami & Co, société experte en audit retraite. Pour les personnes nées depuis le 1er septembre 1961, qui avaient sans doute planifié leur départ, le décalage de l’âge et de la durée d’assurance rend nécessaire de revoir les stratégies mises en place.”

Tout le monde est concerné donc, sauf à être né avant septembre 1961. Si vous êtes perdu, vous pouvez vous référer au simulateur officiel : la-reforme-des-retraites-et-moi.fr. Conservez en outre les deux repères suivants en tête. Primo : la borne des 64 ans s’appliquera à toutes les générations nées à partir de 1968. Secondo : il faudra 172 trimestres validés (soit 43 annuités) pour percevoir une pension à taux plein dès la génération 1965. Pour mémoire, il en fallait 150 (37,5 annuités) en 1982…

Ces deux mesures changent la donne temporelle : on doit désormais partir plus tard et travailler plus longtemps. Elles modifient aussi le montant perçu. En travaillant plus longtemps, votre retraite sera de facto plus élevée grâce aux points supplémentaires acquis dans les régimes complémentaires. Encore faut-il percevoir un revenu soumis à cotisations, qu’il s’agisse d’une activité ou d’une inactivité indemnisée. A défaut, la pension ne sera pas meilleure, au contraire, compte tenu des malus infligés à ceux qui ne réunissent pas le nombre de trimestres requis.

Autre incidence, plus retorse : avec le recul de l’âge de départ, les pensions seront versées moins longtemps, toutes choses égales par ailleurs. Et pour cause, l’espérance de vie à partir de 65 ans marque le pas en France depuis une petite dizaine d’années. Selon l’Insee, elle était de 19,3 ans pour les hommes en 2014, contre 19,2 ans en 2022, et de 23,3 ans pour les femmes, contre 23,1 ans (données provisoires).

Quatre bornes d’âge pour les carrières longues

Levons un autre malentendu portant sur le minimum perçu. La réforme porte son montant à 85 % du smic net, soit près de 1 200 euros bruts par mois. A ceci près qu’il s’agit là d’une somme incluant les retraites complémentaires et attribué pour une carrière complète à temps plein au smic. Traduction : ce ne sera pas le cas de tout un chacun.

D’autres éléments de la loi – moins polémiques – peuvent vous concerner. Le dispositif des carrières longues, en premier lieu. Désormais, quatre bornes d’âge permettent un départ anticipé, le plus tôt étant 58 ans, à condition d’avoir commencé à travailler avant 16 ans et validé cinq trimestres avant la fin d’année civile de vos 16 ans (quatre si vous êtes né en fin d’année). Des départs sont aussi possibles à 60 ans, 62 ans et 63 ans à condition là encore d’avoir travaillé cinq trimestres avant d’avoir 18, 20 ou 21 ans. A noter que les trimestres rachetés pour des périodes d’apprentissage effectuées entre juillet 1972 et fin 2013 seront retenus pour profiter de ce dispositif.

Côté famille, la majoration de huit trimestres pour la naissance et l’éducation de l’enfant sera désormais répartie différemment, puisque six d’entre eux seront automatiquement attribués à la mère, contre quatre avant. Les deux restants pourront bénéficier au père ou à la mère selon le choix du couple. Autre évolution : les parents ayant au moins un enfant et une carrière complète à 63 ans bénéficieront d’une surcote sur leur pension de base de 1,25 % par trimestre travaillé supplémentaire jusqu’à 64 ans.

Réforme : double peine pour les quinquas !

Le cumul emploi-retraite subit aussi un toilettage. Jusqu’ici, si vous repreniez un travail après avoir quitté votre ancien emploi, vous cotisiez à fonds perdus. Désormais, vous obtiendrez de nouveaux droits. “C’est un bon dispositif à condition d’avoir liquidé sa pension à taux plein”, confirme Jean-Luc Leca, PDG d’Océa Concept. Attention : ces bonus seront plafonnés et vous ne pourrez pas reprendre une activité chez votre ancien employeur avant six mois, contrainte qui n’existait pas avant la réforme.

Inconnue sur les régimes complémentaires

Quelques inconnues demeurent. Certains décrets d’application sont en effet encore attendus, notamment sur la retraite progressive, un dispositif qui permet de réduire son temps de travail en fin de carrière tout en percevant une partie de sa pension. Seule certitude : il sera généralisé à l’ensemble des régimes et l’employeur devra justifier tout refus. Plus surprenant, la réforme n’a pas modifié l’âge automatique du taux plein, toujours fixé à 67 ans. Nombre d’experts prédisent qu’il sera rapidement reculé de deux ans, à 69 ans donc.

Surtout, “la réforme ne concerne que le régime de base”, constate Marilyn Viladerbo. Qu’en sera-t-il des régimes complémentaires, notamment celui des salariés du privé dit Agirc-Arrco ? Aux manettes, les partenaires sociaux ont validé début octobre un accord mettant fin au malus de 10 % (appelé coefficient de solidarité) en vigueur pour les personnes partant à l’âge légal avec tous les trimestres. Cette suppression prendra effet au 1er décembre pour les nouveaux départs, au 1er avril 2024 pour les pensionnés actuels. Cet élément clé va rassurer les quinquas actuels. Pour rappel, le poids de la partie “complémentaire” dans une pension est compris entre 25 à 75 % selon les situations et concerne particulièrement les cadres. A contrario, l’accord prévoit un plafonnement des points acquis en cas de cumul emploi-retraite, rendant ce dispositif moins attractif.

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