Retraites des fonctionnaires : quand allons-nous sortir du déni collectif ?

Retraites des fonctionnaires : quand allons-nous sortir du déni collectif ?

Nommer les choses, c’est déjà leur donner une vie, une substance. Tandis que le gouvernement peaufine sa feuille de route pour tenter de rétablir les finances publiques du pays, le dossier des retraites s’est presque évaporé. Comme si la réforme de l’an passé et le recul de l’âge légal de départ de 62 à 64 ans avaient définitivement réglé le problème. A l’origine de cette myopie, pour ne pas dire aveuglement, les projections à moyen terme du Conseil d’orientation des retraites sur lesquelles se base l’exécutif.

Depuis longtemps, de nombreux observateurs pointent à la fois les hypothèses très optimistes retenues par le COR pour bâtir ses fameuses projections et le mode de calcul choisi. Parmi les hypothèses, celles sur la productivité laissent songeur. Dans ses prochaines projections prévues pour juin prochain, le COR devrait présenter un scénario central retenant une croissance de la productivité de 1 % par an alors que cette dernière recule en France depuis 2017. Reconnaître cette réalité statistique aurait abouti à revoir mécaniquement à la hausse le déficit. Inacceptable pour les syndicats qui siègent au COR et pour lesquels toucher une nouvelle fois au dossier des retraites après le psychodrame du 49-3 serait une déclaration de guerre.

Second sujet de polémique : la méthode de calcul et la “convention statistique retenue” selon laquelle le système des retraites des fonctionnaires est équilibré puisque l’Etat employeur verse une “subvention” équivalente au déficit. Cette subvention prend la forme de surcotisations délirantes qui atteignent en moyenne 98 % du traitement brut des agents publics… contre 28 % en moyenne pour une entreprise privée. Un micmac comptable dénoncé au printemps dernier par François Bayrou dans une note du Haut-commissariat au Plan. Et de nouveau récemment par Edouard Philippe. Lors d’une rencontre avec les cadres de son parti Horizons à Besançon, l’ex-locataire de Matignon est sorti du bois sur le sujet : “Nous devons présenter les chiffres les plus clairs possibles, les plus sincères possibles. Si nous ne nous mettons pas d’accord sur l’état des lieux, nous ne pouvons pas débattre raisonnablement et les Français ne peuvent pas comprendre.” Nier encore aujourd’hui la persistance d’un problème structurel sur les retraites revient à cibler la rigueur budgétaire sur les seules dépenses de l’Etat, la santé ou les chômeurs. Et renvoyer à 2027, au mieux, la patate chaude.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *