Royaume-Uni : comment le Brexit a accéléré la pénurie de médicaments

Royaume-Uni : comment le Brexit a accéléré la pénurie de médicaments

Une sortie de l’Union européenne ne se fait pas sans conséquences. En témoigne l’exemple du Brexit, validé en 2016 après un référendum, et acté en 2020. Récession économique, mains d’œuvre insuffisante, et même maintenant… des pénuries de médicaments. D’après une étude menée par le Nuffield Trust, un centre de réflexion spécialisé sur la santé, le nombre de déclarations d’alertes de pénuries imminentes de médicaments aurait doublé en trois ans, passant de 648 en 2020 à 1 634 l’an dernier.

Antibiotiques, traitements de l’épilepsie, ou hormones de substitution prescrites aux femmes ménopausées… Au Royaume-Uni, les pénuries de médicaments sont devenues la “nouvelle normalité”, résume le rapport. “De plus en plus de patients […] voient leur pharmacien leur dire que leur traitement n’est pas disponible, ne sera peut-être pas disponible rapidement et ne sera probablement pas disponible dans aucune autre (pharmacie) à proximité”, explique dans un communiqué Mark Dayan, du Nuffield Trust.

Une circulation entravée

Un phénomène qu’il qualifie de “choquant”, et qui semble s’être accentué avec la sortie du pays de l’Union européenne. Ce, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, depuis l’activation du Brexit, les médicaments “ne circulent plus aussi facilement” avec les Vingt-Sept. Ensuite, les autorités britanniques mettent aussi en général plus de temps que les autorités européennes pour autoriser de nouveaux médicaments.

Conséquence : le gouvernement déclenche beaucoup plus souvent le mécanisme financier permettant de surpayer des médicaments parce que les alternatives moins chères ne sont plus disponibles. Et alors qu’avant 2016, ce mécanisme n’était pas utilisé plus de 20 fois par mois, son recours a grimpé à 199 par mois fin 2022. Et n’est jamais redescendu. Au point d’en arriver à un surcoût estimé à quelque 220 millions de livres (257 millions d’euros) par mois entre septembre 2022 et septembre 2023.

Le ministère de la Santé nuance

En outre, le Brexit a isolé le Royaume-Uni de l’effort européen en cours pour redéfinir les chaînes d’approvisionnement et l’a tenu éloigné des mesures collectives qui sont mises en place dans l’UE pour gérer les pénuries. Raisons pour lesquelles, les experts appellent le gouvernement à revoir le système d’approvisionnement, et à améliorer la communication avec les professionnels de santé sur les alternatives disponibles en cas de pénuries.

Le ministère de la Santé britannique a tenu à nuancer, précisant que “la très grande majorité” des médicaments sont facilement disponibles. “La plupart des problèmes d’approvisionnement ont été gérés sans heurt avec une perturbation minimale pour les patients”, a-t-il précisé.

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