Sciences Po, Judith Butler… La situation est grave ! Par Abnousse Shalmani

Sciences Po, Judith Butler… La situation est grave ! Par Abnousse Shalmani

Est-ce que le fait d’empêcher une étudiante de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) d’accéder à un amphithéâtre à Sciences Po aux cris de “Ne la laissez pas rentrer, c’est une sioniste !” – propos rapportés par l’UEJF – est un “incident dérisoire”, comme le dit Jean-Luc Mélenchon ? Est-ce que cet accident relève de l’antisémitisme ? Est-ce que l’intervention du Premier ministre, Gabriel Attal, qui s’est déplacé sur place et a fait une déclaration devant le conseil d’administration de la Fondation nationale des sciences politiques était nécessaire ? Est-ce qu’on en fait trop ou pas assez ?

Les étudiants qui participaient à l’action du Comité Palestine de Sciences Po Paris, à l’appel de Coordination universitaire contre la colonisation en Palestine pour “mettre fin à la guerre génocidaire et à la colonisation en Palestine”, ont tous anonymement et courageusement dénoncé la version de l’étudiante virée de l’amphithéâtre, affirmant que la jeune femme entrait, depuis les pogroms du 7 octobre, “quasi systématiquement dans des altercations et avait tendance à sortir son téléphone pour filmer les visages”, afin d’envoyer les images à CNews, qui en profiterait pour présenter les étudiants de Sciences Po comme pro-Hamas et antisémites, ce qui provoquerait “une vague de harcèlement”. Compte tenu de l’augmentation des actes et propos antisémites depuis le 7 octobre, nous pouvons légitimement nous demander où se situe le harcèlement.

Au vu des images de la manifestation néoféministe du 8 mars, où un groupe de féministes défilant aussi pour les victimes juives de viols et de mutilations en Israël a été violemment pris à partie par les autres manifestants aux cris de “Palestine vivra !”, ou “De la mer au Jourdain”, nous pouvons nous interroger sur le degré de harcèlement dont sont victimes tous ceux qui soutiennent des victimes autres que gazaouies.

Un goût de déjà-vu

Car l’accident de Sciences Po s’inscrit dans un contexte qui dit la gravité de l’événement. Il a un goût de déjà-vu : combien de fois les universalistes ont reculé devant des événements, des actes qui portaient atteinte à la laïcité comme au modèle républicain en considérant, tactiquement, qu’il fallait garder ses forces pour plus grave ? Et ne pas prendre en compte ce contexte, ne pas accepter la trop longue suite de micro-renoncements participe du déni, qui se transforme en peur et paralyse.

Le contexte, c’est Judith Butler invitée par le Centre Georges-Pompidou qui en profite pour faire un tour à Pantin (Seine-Saint-Denis), invitée par des indigénistes-séparatistes du collectif “Guerre permanente ou paix révolutionnaire, il faut choisir !” (tout un poème), auquel s’est associé tout ce que la France compte de gauche flirtant régulièrement avec l’antisémitisme, du NPA à Révolution permanente. Houria Bouteldja (que Butler a présentée comme une “féministe musulmane bien connue et admirée victime de persécution”) a bu du petit-lait lorsque Butler a décrit le 7 octobre comme un “soulèvement” qui ne pouvait être assimilé ni à un “acte terroriste” ni à une “attaque antisémite”. Il va de soi que des hommes armés qui crient Allahou akbar, tirent sur des civils, brûlent des familles entières, violent et s’enorgueillissent du tout en se filmant dans la joie de tuer des juifs – ce qu’ils disent à haute voix en appelant leur famille pour leur prouver leur victoire -, cela n’est ni terroriste ni antisémite (j’ironise, bien sûr). Butler attend des preuves pour dénoncer les viols, car “si ces allégations sont documentées, nous déplorons ces actes”, mais on veut des preuves ! On croirait entendre Robert Faurisson à Téhéran réclamant des preuves précises des chambres à gaz. Devant trois députés de LFI, Danièle Obono, Thomas Portes et Younous Omarjee, Butler, dont je ne suis jamais parvenu à décrypter la moindre ligne, ses essais disant surtout sa haine d’elle-même et sa honte d’être née femme et bourgeoise, prédit qu’elle sera bientôt attaquée, mais elle sait que “vous me défendrez”. Fabuleux contexte où après avoir déversé des tonnes de contre-vérités et de haine antisémite, elle compte sur une salle chauffée à blanc pour répandre la mauvaise parole et continue d’entretenir la violence de tous contre les juifs.

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