Semaine de quatre jours, assurance chômage… Les dossiers chauds sur la table d’Attal

Semaine de quatre jours, assurance chômage… Les dossiers chauds sur la table d’Attal

“Nous allons poursuivre sur cette voie de rigueur et de responsabilité avec toujours un fil rouge […] celui du travail” : après le dérapage inédit du déficit public de la France – 5,5 % du PIB en 2023 – le chef du gouvernement Gabriel Attal entend réaliser des économies sur les dépenses sociales. “Plus nous aurons de Français qui travaillent, plus nous aurons de possibilités d’équilibrer nos finances”, a assuré le Premier ministre à la veille d’un séminaire sur le travail, ce mercredi 27 mars.

La réunion, aux allures de Conseil des ministres, portera sur l’incitation à la reprise d’emploi, dont font partie les réformes contestées du RSA (revenu de solidarité active, ndlr) et de l’assurance chômage, sur la “désmicardisation” ou les bas salaires, et sur les nouvelles formes de travail comme la semaine en quatre jours, encore au stade expérimental.

Avec 15,8 milliards d’euros de déficit public de plus que ce qu’avait prévu le gouvernement, l’exécutif cherche à faire des économies sur les dépenses publiques afin de poursuivre l’objectif de désendettement réaffirmé par le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, qui exclut d’augmenter les impôts. C’est surtout dans le budget 2025 que des efforts devront être réalisés, estimés par Bercy à “au moins 20 milliards” d’euros.

Nouvelle réforme de l’assurance chômage

Parmi les pistes envisagées par l’exécutif pour doper l’emploi et faire des économies figure une nouvelle réforme de l’assurance chômage que contestent les syndicats, après celles controversées de 2019 et de 2023. Gabriel Attal entend “rouvrir” ce chantier, en défendant “un modèle social qui incite davantage à l’activité”. Bruno Le Maire répète depuis des semaines qu’il faut réduire la durée d’indemnisation des chômeurs, arguant que les réformes de structures sont nécessaires pour atteindre le plein-emploi.

Il plaide pour une reprise en main “définitive” par l’Etat de l’assurance chômage, actuellement pilotée par les partenaires sociaux, via l’Unédic, organisme paritaire. Syndicats et patronat renégocient les règles tous les deux à trois ans pour tenir compte des évolutions du marché du travail. Les responsables des cinq grandes centrales syndicales ont appelé le 18 mars à renoncer à une nouvelle réforme et à “cesser la stigmatisation populiste des chômeurs”.

Une nouvelle réunion sur “le pacte de vie au travail”, entre organisations syndicales et patronales s’est tenue par ailleurs mardi. Ces négociations portent notamment sur l’emploi des seniors, pour permettre aux salariés de rester plus longtemps en poste, alors que l’âge légal de départ à la retraite a été porté de 62 à 64 ans. Selon un cadre de la majorité, le gouvernement cherche des “marges financières” mais sur le travail “il y en a peu” alors que plusieurs réformes structurelles ont déjà été entreprises, des retraites au RSA.

La baisse de la durée d’indemnisation prendrait au moins un an à produire ses effets sur les comptes publics, “entre le temps de la négociation et celui de la mise en œuvre”, selon lui. Mais “le signal est intéressant pour les institutions financières et les marchés”, à l’heure où la note de la France pourrait être dégradée par les grandes agences dans les prochaines semaines.

Semaine de quatre jours

Le séminaire devra également porter sur l’expérimentation de la semaine en quatre jours, qui débutera dans les ministères au printemps et durera “un an au moins”. Annoncée en janvier par le Premier ministre Gabriel Attal, cette expérimentation vise à évaluer “l’impact”, notamment “en termes d’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle”, de cette modulation du temps de travail qui consiste à concentrer ses heures sur un nombre de jours réduit.

“Elle se fera à effectifs constants” et sans réduction du temps de travail légal de 1 607 heures par an, insiste la Direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP) dans cette note datée de vendredi. “Il appartiendra à chaque chef de service de déterminer la pertinence” de mener ou pas l’expérimentation, ajoute-t-elle. La modulation du temps de travail commencera “au plus tard en septembre 2024 pour une durée d’un an au moins”, est-il précisé dans la note.

Un premier bilan sera dressé à l’été 2025 et servira à préparer “la pérennisation et/ou l’extension” de l’expérimentation. Outre la semaine en quatre jours, les administrations pourront tester la semaine en quatre jours et demi ou l’alternance de semaines de quatre puis cinq jours.

L’expérimentation se déploiera sur la base du “volontariat”, mais les fonctionnaires qui ont des “obligations réglementaires de service”, comme les enseignants, ou des cycles horaires différents de la traditionnelle semaine de cinq jours, en seront exclus. Sa “logique” est “d’évaluer en quoi le dispositif permettrait […] de faire bénéficier le plus grand nombre possible d’agents”, et en particulier ceux qui n’ont pas accès au télétravail, “d’une diminution des jours travaillés avec présence sur site”.

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