Stage obligatoire de seconde : pourquoi les professeurs et les parents s’inquiètent

Stage obligatoire de seconde : pourquoi les professeurs et les parents s’inquiètent

La mesure avait été annoncée à l’automne dernier par Gabriel Attal, lorsque celui-ci était encore ministre de l’Education nationale. “Pourtant, à la fin du mois de mars, on a toujours très peu de réponses du gouvernement sur la difficulté des élèves de seconde à trouver un stage de deux semaines en quelques mois seulement”, fustige Sophie Vénétitay, enseignante de SES dans l’Essonne et secrétaire générale du syndicat de professeurs SNES-FSU. “Et cela met les professeurs et les familles dans une position compliquée”, déclare-t-elle à L’Express.

Dans le détail, les 550 000 jeunes de seconde générale et technologie de l’hexagone devront, entre 17 et le 28 juin 2024, effectuer un stage d’observation de deux semaines au sein d’une entreprise, d’une administration, collectivité ou d’une association.

Une dérogation sera néanmoins accordée à tous les élèves qui souhaiteraient, en lieu et place de ce stage, effectuer un séjour de cohésion ou un une mission d’intérêt général dans le cadre du Service National Universel (SNU) que Gabriel Attal annonçait vouloir “généraliser” en octobre dernier. “L’objectif est d’améliorer la politique d’orientation des jeunes et de rendre toujours plus dynamique le lien entre l’école et les entreprises ainsi que tous les employeurs, publics comme privés”, précise le ministère de l’Education nationale.

La galère pour trouver un stage

Une initiative à laquelle les syndicats de professeurs ne sont pas opposés sur le principe. Mais “cette mesure a encore été mise en place dans la plus grande précipitation”, dénonce Sophie Vénétitay. Pour l’heure, les modalités de notation de ce stage, qui pourrait compter dans la validation de l’année de seconde, n’ont pas été transmises aux enseignants. “Comme d’habitude, sans aucune anticipation, le chaos semble inévitable” renchérit quant à lui le Sgen-CFT de l’académie de Versailles sur son site.

“La difficulté principale, c’est surtout celle de trouver un stage, qui va exacerber une nouvelle fois les inégalités entre les élèves” souligne la secrétaire générale du SNES. Selon cette professeure, “on voit déjà une grande différence entre ceux qui peuvent s’appuyer sur le réseau de leurs parents pour trouver, et les autres”.

Même inquiétude du côté des parents d’élèves. “Face à la difficulté de trouver un stage de deux semaines (tout le monde n’a pas la chance d’avoir un réseau), les élèves seront-ils contraints de faire un “SNU” ? Est-ce cela l’école de l’égalité ?”, interroge la FCPE sur son site Internet.

Le Syndicat des enseignants-UNSA, quant à lui, a pointé dès septembre une incohérence de calendrier : ce stage d’observation aura lieu en même temps que le stage professionnel des bac pro, obligatoire à la même période. “Il va y avoir une concurrence entre deux formes de stage : les élèves de la voie générale et technologique qui seront en observation, les autres qui seront en formation”, s’était inquiété inquiété Jérôme Fournier, secrétaire national du syndicat, sur Franceinfo.

Un site Internet pour aider les jeunes à trouver un stage

Le déroulement du stage sur la même période pour tous les lycées ajoute, selon le SNES-FSU, à la difficulté pour les entreprises d’accueillir les élèves. Au mois de novembre, environ 300 entreprises avaient répondu présentes au lancement de l’opération “Mon stage de seconde” par l’ancien ministre de l’Education nationale, qui appelait alors les entreprises à se mobiliser pour accueillir les jeunes. Une quantité visiblement insuffisante, puisque la nouvelle ministre de l’Education nationale, Nicole Belloubet, appelait de nouveau dans les pages des Echos ce 22 mars les entreprises à la “mobilisation générale” pour conjurer la difficulté des élèves à dégotter une entreprise d’accueil. Se félicitant au passage de voir que “le fleuron des entreprises – Airbus, Crédit Agricole, L’Oréal et tant d’autres” répondent à l’appel.

💡Entreprises, administrations, collectivités territoriales, associations, faites découvrir votre secteur d’activité et vos métiers aux élèves de seconde générale et technologique.

Pour déposer une offre de stage -> https://t.co/aEnmbwAa9J#1jeune1solution #StageDeSeconde pic.twitter.com/BXA3VjWCzk

— Ministère du Travail (@Travail_Gouv) March 18, 2024

Dès la rentrée, le président de la FCPE, Grégoire Ensel, s’était inquiété auprès de l’AFP et avait demandé “la mise en place d’une plateforme de propositions de stage”, face à ce stage qu’il dénonçait comme “une prime à ceux qui ont du réseau et un bassin d’emploi suffisant”.

Vœu exaucé : des offres de stages seront mises à disposition à partir de lundi 25 mars, 14 heures, sur la plateforme du gouvernement “1jeune1solution”. “Même si certaines entreprises ont joué le jeu, le nombre de jeunes qui trouveront un stage grâce à cette plateforme s’annonce anecdotique”, anticipe néanmoins Sophie Vénétitay.

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