Surtourisme : pour sauver leur patrimoine, des sites instaurent des restrictions

Surtourisme : pour sauver leur patrimoine, des sites instaurent des restrictions

20 000 : c’est le nombre de touristes quotidiens pouvant accéder à l’Acropole d’Athènes à partir de ce lundi 1er avril. Cette restriction annoncée par la ministre grecque de la Culture, Lina Mendoni, en août 2023, était jusqu’ici en expérimentation. Elle sera dorénavant pérenne, répondant aux risques engendrés par la hausse du nombre de visiteurs dans les musées et sites archéologiques du pays.

Entre 2022 et 2023, ces lieux ont connu une hausse de fréquentation de 36,4 % selon l’autorité statistique hellénique (Elstat). En plus de cette limitation, les visiteurs devront s’acquitter de billets d’entrée horodatés afin de mieux répartir les flux.

Dans quelques semaines ce sera au tour de Venise, elle aussi victime de surfréquentation, d’instaurer des restrictions. Déjà fragilisée par les inondations intensifiées par le changement climatique, la Sérénissime étouffe sous le poids des 120 000 touristes quotidiens – selon les estimations de l’Institut Sapiens. À partir du 25 avril et jusqu’à la mi-juillet, la ville instaurera une taxe de 5 euros pour les personnes de passage sur une journée.

L’idée de ces mesures n’est pas d’interdire les touristes, mais de créer une prise de conscience et un changement dans la manière de consommer les voyages, juge Julien Buot. Le directeur de l’association Agir pour un tourisme durable (ATD) défend le “voyager moins mais mieux”. “Il ne s’agit pas de prôner la décroissance, explique-t-il, mais de proposer un tourisme plus qualitatif en choisissant des séjours certes plus rares, mais plus longs”.

Des solutions déjà mises en place en Europe

Venise et Athènes ne sont pas les seules destinations européennes à se parer contre l’afflux de touristes. Dubrovnik en Croatie, Barcelone ou encore les îles Baléares en Espagne, toutes ces destinations limitent, dans certains espaces, le nombre de touristes autorisés. En France, l’île de Bréhat (Bretagne) ou les Calanques de Marseille demandent aux visiteurs d’anticiper leur venue en réservant des créneaux horaires. Des mesures visant à préserver le patrimoine naturel de ces sites exceptionnels.

Julien Buot rappelle que la base d’une activité culturelle est la restriction. “Ça n’a jamais choqué personne de devoir payer ou réserver pour accéder à un musée, relève-t-il. Mais cela nous interpelle lorsqu’il s’agit d’espaces urbains ou naturels, car ces lieux n’ont pas l’habitude d’être limités.”

Un frein à la liberté de voyager ?

Ces pratiques peuvent cependant poser quelques questions quant à la démocratisation du tourisme. Surtout lorsqu’un coût d’entrée est imposé comme à Venise. “Le tourisme reste un droit à conquérir. En France, une personne sur deux n’a pas les moyens de partir en vacances”, rappelle le directeur d’ATD. Selon lui, pour tendre vers un tourisme plus durable et responsable, l’ensemble des acteurs du secteur doivent mieux travailler ensemble, du consommateur au tour-opérateur, en passant par les pouvoirs publics et les offices de tourisme.

La région Normandie en est un bel exemple. Elle propose à tous les voyageurs venus en train, car ou vélo de bénéficier d’une réduction dans plusieurs sites culturels et touristiques. Ce “tarif bas-carbone Normandie” a pu être mis en place grâce à l’association des musées, offices de tourisme et autres professionnels du secteur.

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