Tarifs des hôpitaux en 2024 : la colère des établissements privés

Tarifs des hôpitaux en 2024 : la colère des établissements privés

Trois milliards d’euros en plus, quasi-exclusivement réservés au public : le gouvernement a décidé de revaloriser de 4,3 % les tarifs des hôpitaux publics et du secteur non lucratif en 2024, mais seulement de 0,3 % ceux des établissements privés, déclenchant l’ire de leurs représentants.

Ces tarifs définissent chaque année, autour du mois de mars, le montant des remboursements par l’Assurance maladie aux établissements pour les actes de soins, et représentent l’essentiel des ressources des hôpitaux. Selon le ministère de la Santé, les revalorisations consenties représentent “une augmentation de 3,2 milliards (d’euros) des ressources des établissements”, sur la base d’une croissance d’activité des hôpitaux de 2,5 %. L’exécutif dit vouloir “soutenir la reprise de l’activité des établissements” pour “répondre aux besoins de la population et poursuivre la normalisation progressive du financement post-crise sanitaire (du Covid)”.

#Communiqué 🗞️ | Financement des établissements de #santé : le Gouvernement dévoile ce jour des tarifs hospitaliers 2024 en hausse pour tous les secteurs afin d’accompagner la reprise de l’activité et la réponse aux besoins de santé des Français ⤵️

— Ministère de la Santé et de la Prévention (@Sante_Gouv) March 27, 2024

Pressurés par l’inflation très forte et des revalorisations salariales des soignants, public comme privé réclamaient depuis le début de l’année des hausses de 10 %, essentielles pour résorber des déficits “jamais vus”.

Au final, le public sort grand gagnant, même s’il obtient moins que souhaité : dans le champ principal des activités dites “MCO” (médecine, chirurgie et obstétrique) l’augmentation sera de 4,3 % dans le public et les établissements privés à but non lucratif, contre 0,3 % pour le privé lucratif. “Les arbitrages vont dans le bon sens et permettront de soutenir la reprise d’activité”, s’est félicitée la Fédération hospitalière de France (FHF), qui fédère les hôpitaux publics. Selon le ministère délégué à la Santé, les choix faits permettront de “dynamiser” particulièrement “la médecine, la pédiatrie, les maternités, la greffe et les soins palliatifs”.

L’hospitalisation à domicile sera également revalorisée, pour “favoriser son développement et tout particulièrement celui des prises en charge de soins palliatifs”. Toujours pour le public, l’exécutif accorde aussi une rallonge de 3,5 % à la psychiatrie, et de 4 % aux soins de suite et de réadaptation.

“Arrêter certains actes”

De son côté, la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) n’a pas caché sa colère après les annonces du gouvernement. “C’est incompréhensible, inique, de la folie pure”, a réagi auprès de l’AFP le représentant de la FHP, Lamine Gharbi.

“Avec 35 % de l’activité hospitalière pour 18 % de ressources allouées”, le secteur privé est “plus pertinent et efficace” mais “se retrouve’cornerisé’, sous prétexte qu’on fait du volume”, a-t-il déploré. L’hôpital privé a connu une suractivité en 2023, contrairement au public, “qui n’est pas capable de retrouver son activité de 2019, et pourtant on augmente sa dotation. Cela revient à payer plus pour travailler moins”, a-t-il tancé.

Lamine Gharbi s’est aussi dit “outré d’avoir appris ces tarifs dans la presse” après une interview du ministre délégué à la Santé, Frédéric Valletoux, dans le journal Les Echos. Contrairement aux années précédentes, “nous n’avons eu aucune réunion technique. Depuis un mois, c’était silence radio. C’est un manque de respect effroyable”, a-t-il déploré. “Geler nos tarifs avec cette inflation, c’est intenable” et dans les territoires, certains vont devoir “arrêter certains actes, comme les services d’obstétrique, d’urgences, la permanence des soins. La complémentarité avec l’hôpital public, c’est terminé”, a-t-il averti.

Les hôpitaux tous secteurs confondus ont fini par retrouver en 2023 l’activité qu’ils avaient en 2019, juste avant la pandémie qui a écarté bon nombre de patients non-Covid de l’hôpital, selon des données nationales analysées par la FHF. Mais la reprise est insuffisante pour certains types de soins particulièrement lourds et complexes, que le secteur public dit assumer majoritairement. Par rapport à 2019, l’activité 2023 était toujours inférieure de -7,5 % sur les greffes (réservées au public), -11 % sur les prises en charge digestives, -13 % en cardiologie, ou encore -11 % en neurologie. La FHF alerte sur le “retard” pris dans la prise en charge de maladies chroniques comme le diabète ou le cancer.

Le déficit des hôpitaux publics devrait atteindre 1,7 milliard d’euros en 2023, soit une hausse de 50 % sur un an. De son côté, le privé déplore “40 % d’établissements en déficit” et anticipe que plus de 50 % le soient d’ici à la fin de l’année sans financements supplémentaires.

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