Télétravail : le malaise des managers

Télétravail : le malaise des managers

Détérioration des interactions avec leurs équipes, sentiment d’être surveillé et de contrôler ses collègues, horaires de travail plus larges… Le télétravail est devenu, en quelques années, l’enfer des managers en entreprise. Dans une étude de la Confédération française de l’encadrement et des cadres (CFE CGC), publiée ce mercredi 24 avril, les concernés citent plusieurs conséquences négatives de ce mode de travail, largement démocratisé en entreprise depuis la pandémie de Covid-19. Des conséquences parfois graves : 71 % des managers se déclarent, en partie pour ces raisons, sujets à de l’anxiété.

Si plus de la moitié d’entre eux indiquent travailler en moyenne deux jours par semaine, l’enquête souligne que les manageurs ont “plus de difficultés que leurs collaborateurs à utiliser leurs jours de télétravail”. Pour cause : ils ont tendance, notamment, à s’adapter aux jours de télétravail de leurs équipes plutôt qu’à concevoir leur propre emploi du temps, et passent davantage de temps au bureau afin de voir l’ensemble des collègues, qui ne sont pas tous là les mêmes jours.

Collaboration moins humaine

Interrogés sur les difficultés qui les feraient réduire, ou même refuser le télétravail, les managers pointent des facteurs principalement humains. Le délitement des interactions avec leurs collègues est notamment cité par 14 % d’entre eux. Ces inconvénients entraînent eux-mêmes parfois des problèmes à se faire comprendre à distance tout comme à décoller des problèmes subtils : difficultés professionnelles ou personnelles de collaborateurs, tensions…

Ainsi, plus d’un quart des répondants de l’étude considèrent que le télétravail crée des tensions dans l’entreprise, pour des motifs comme l’inégalité entre les salariés qui peuvent bénéficier du dispositif et ceux qui ne peuvent pas (34 %), les difficultés pour travailler avec ses collègues d’autres services (21 %) et entre collaborateurs d’une même équipe (19 %). Environ 4 managers sur 10 considèrent d’ailleurs ne pas avoir été formés pour animer leur équipe dans le contexte du travail à distance.

Le télétravail présente toutefois quelques avantages pour les managers interrogés : “Il ressort que les jours de télétravail permettent des temps de concentration avec une meilleure gestion et un filtrage des sollicitations externes afin de se consacrer à des tâches de fond”, note la CFE CGC. Même s’ils sont tout de même nombreux à exprimer souffrir de “sursollicitation” dans le cadre du travail à distance. Par opposition “les journées en présentiel apparaissent comme un moyen efficace de maintenir une cohésion d’équipe, d’entretenir l’émulation collective et de réaliser les actions managériales”, précise l’étude.

De la difficulté à se déconnecter

Autre facteur de pression ressenti par les équipes encadrantes : la difficulté à déconnecter réellement et à permettre à leurs équipes de se déconnecter, ce qui se traduit notamment par une amplitude plus importante des horaires de travail citée par 12 % d’entre eux. Si de leur côté “les managers tentent de se montrer exemplaires concernant ce sujet pour leurs équipes”, “l’accès constant aux e-mails et leur présence sur les outils en ligne (Teams notamment) rendent la déconnexion difficile”, note l’étude.

Même s’ils “ne rapportent aucune pratique ou stratégie de surveillance officiellement mise en place dans leurs organisations”, 14 % des managers intérrogés notent pourtant un sentiment de surveillance et de contrôle implicite, possible grâce à des outils de messagerie professionnels comme Teams, qui indiquent si les collaborateurs sont connectés ou non. Grand nombre d’entre eux rapportent par ailleurs évaluer la réussite de leur équipe par des indicateurs mesurables, comme le nombre de dossiers traités par jour par leur équipe.

D’autres critères, plus pratiques, impactent les conditions de travail des managers interrogés. Ils sont ainsi 20 % à signaler subir une mauvaise connexion Internet. Pour autant, l’accès aux bureaux de l’entreprise se fait de plus en plus difficile, et de moins en moins confortable pour certains employés, cadres ou non. Le “flex office”, traduction dans le monde physique de la généralisation du télétravail qui a poussé les entreprises à réduire le nombre de mètres carrés de bureau et à supprimer les bureaux attitrés par salarié, afin de réduire le coût du loyer, est collectivement rejeté par 78 % des managers.

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