Trump et la Bible pour Pâques : le nouveau commerce juteux de l’ex-président

Trump et la Bible pour Pâques : le nouveau commerce juteux de l’ex-président

Donald Trump à la recherche de deniers. Le milliardaire américain dispose de dix jours pour s’acquitter d’une amende de 175 millions de dollars, à laquelle pourraient s’ajouter de nouvelles peines financières. Cinq autres procès, pénal et civil confondus, attendent le candidat à l’élection présidentielle dans les prochains mois. Et pour renflouer les caisses, tous les moyens sont bons. Utiliser son réseau social Truth pour faire la publicité d’une bible pour Pâques en est un. Davantage encore lorsque le livre sacré est vendu pour la modique somme de 59,99 dollars.

Dans une vidéo d’environ trois minutes, le champion des primaires républicaines joue aux influenceurs. Ou plutôt, aux missionnaires. Livre sacré en mains sur fond de drapeau américain, Donald Trump se livre à un éloge kitsch du christianisme. “Une des premières choses qu’il faut restaurer aux Etats-Unis […] et protéger de la censure des médias et des partis politiques de gauche”. Raison pour laquelle, “chaque américain devrait avoir une bible chez lui”. Et de miser sur l’argument péremptoire : “J’en ai moi-même beaucoup, il s’agit de mon livre préféré.” Personne n’en doute. Surtout lorsque celui-ci a vocation à l’aider financièrement. Car pour chaque bible vendue, l’ancien président des Etats-Unis touche une commission, dont le pourcentage n’a pas été révélé.

Happy Holy Week! Let’s Make America Pray Again. As we lead into Good Friday and Easter, I encourage you to get a copy of the God Bless The USA Bible. @TheLeeGreenwood https://t.co/1KK5QgVK85 pic.twitter.com/XoCIeGDpAg

— Donald J. Trump Posts From His Truth Social (@TrumpDailyPosts) March 26, 2024

Constitution, Bill of Wright, lyrics…

Ce petit commerce juteux découle d’un partenariat avec “son très bon ami”, Lee Greenwood, qui a immédiatement vu l’intérêt de monétiser l’influence de l’homme d’affaires. Réputé proche des milieux conservateurs, ce chanteur de country n’est autre que l’auteur de la chanson sortie en 1984, God Bless the USA, titre emprunté par la Bible proposée par les nouveaux associés. L’ouvrage n’a toutefois rien d’un livre sacré classique : le pouvoir temporel s’invite dans le spirituel. Les Evangiles s’entremêlent à la Constitution américaine, au Serment d’allégeance, ou encore à la Déclaration des droits (Bill of Rights, en anglais).

Plus farfelu encore, les paroles de la chanson du ponte de la country ont été incorporées dans la Bible “God Bless the USA”, qui ne peut s’acheter que sur “godblesstheusabible.com“. Le site Internet propose également des casquettes “Make America Pray Again”. Un clin d’oeil aux affidés “MAGA” (pour Make America Great Again, slogan de campagne utilisé par Ronald Reagan lors de la campagne présidentielle de 1980 et reprise par Donald Trump). Un curieux mélange des genres, qui pourrait laisser penser que les commissions touchées par Donald Trump sur les ventes serviraient à alimenter ses comptes de campagne. Mais le site de vente l’assure : “GodBlessTheUSABible.com n’est pas politique et n’a rien à voir avec la campagne électorale.” Dont acte.

Galvaniser son électorat

La Bible God Bless the USA ne finance donc pas la campagne électorale, mais en faisant sa promotion, Donald Trump s’assure de la fidélité de ses supporters : la frange catholique américaine, qui représente près d’un quart de l’électorat national, et constitue ainsi un vivier majeur pour les républicains. En 2020, 81 % des chrétiens évangéliques blancs auraient voté pour Donald Trump, selon l’institut de sondage AP VoteCast.

Ainsi, en s’affichant dans sa vidéo comme seul et unique défenseur de l’Amérique chrétienne, il est en campagne. Lorsqu’il revisite son mantra en le faisant transmuter en “Make America Pray Again”, il est également en campagne. De même lorsqu’il tord le cou à “l’establishment” – éternelle rengaine populiste dont il a fait sa marque de fabrique – en incitant le peuple américain à ne faire confiance qu'”à Dieu et au paradis”, jamais “aux bureaucrates et à Washington”. En somme, pour Trump, les bénéfices de ce partenariat sont doubles : le favori à la présidentielle enkysté dans pas moins de six affaires judiciaires pourrait bien voir se cumuler gain d’argent et gain d’électeurs.

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